L’Ong Achdr souffle ses dix bougies

Le président du Conseil d’administration (Pca) de l’Organisation non gouvernementale (Ong) “Association pour l’action humanitaire et le développement durable” (Achdr), Idriss Abdelkérim Foundoussia, a animé une conférence de presse le 23 mars 2024, en prélude à la célébration des 10 ans d’activités de son institution d’ici avril.

Avant de se prêter aux questions des journalistes, le Pca a fait l’historique de l’Ong, créée le 23 mars 2014 à Goz-Beida (chef-lieu de la province du Sila), par un groupe de cadres tchadiens, convaincus que rien de durable ne peut se faire sans les tchadiens eux-mêmes. C’est ainsi que l’Ong a participé activement en réponse à la crise soudanaise des années 2003, à l’issue de laquelle les cadres ont décidé de porter les actions de développement du pays, en vue d’apporter leur expertise au gouvernement tchadien et ses Partenaires techniques et financiers (Ptfs). Les raisons de sa création, dit-il, s’observent au niveau de la vision de l’Achdr, dans un pays où les différents conflits qui sont nés dans le temps, ont dangereusement affectés le vivre-ensemble et n’ont pas milité en faveur de la consolidation de la paix. D’où l’idée d’asseoir l’Achdr dans le seul objectif de travailler dans le sens de pousser les tchadiens à s’accepter indépendamment de leur région, religion ou ethnie. L’Achdr se propose de travailler aux côtés du gouvernement et de ses partenaires, en vue d’apporter des réponses appropriées aux populations affectées par les différentes formes de crises que sont les conflits armés, les catastrophes naturelles (inondations et sècheresses).

 

L’apport déterminant des partenaires techniques et financiers

C’est à partir de 2017 que l’Achdr est devenue très active sur le terrain. Elle a élaboré à ce jour près de 80 projets bien ficelés, dont 44 ont été financé par les différents Ptf. Ce qui représente environ 55% des projets financés et mis en œuvre. Pour un montant total de quelque 2,449 milliards francs CFA en six ans. Ces activités réalisées ont permis de générer des réponses pour alléger les souffrances des populations, au nombre de plus de 30 000 ménages vulnérables, parmi les populations déplacées, retournées et autochtones, soit plus de 20 000 individus. Sur la même période, l’Achdr a créé plus de 800 emplois aux jeunes diplômés sans emplois. A raison de 100 à 110 emplois par an. Ce qui est une contribution considérable pour le développement socioéconomique, s’est-il auto félicité. “Non seulement nous apportons une réponse pour alléger les souffrances des populations, mais nous prêtons main forte aux jeunes qui se cherchent. A ce niveau, nous remercions nos différents partenaires, notamment l’Ambassade de France, le premier partenaire avec une enveloppe d’appui de 469,330 millions francs CFA”, a dit le Pca en reconnaissance. Suivent dans l’ordre l’Oim, Diakonie, Fida/RePER, Pam, Fao, Solidarité international, Oxfam, Giz, Unesco, Pnud, Fondation Neem, Maecd/Canada, Okapi, Padl/Rn. Les actions menées concernent le vivre-ensemble, la consolidation de la paix entre les communautés tchadiennes, la problématique de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, la protection des populations, le renforcement des capacités de façon générale pour les acteurs en relation avec le processus de communalisation/décentralisation, ainsi que la prévention de la Covid-19 en son temps.

14 provinces du Tchad ont été couvertes sur les 23. Ce sont les provinces du Sila, Salamat, Hadjer-Lamis, Chari-Baguirmi, Barh-el Ghazal, Kanem, Lac, Logone oriental, Logone occidental, Mandoul, N’Djaména, Mayo-Kebbi Est, Mayo-Kebbi Ouest, Batha, Guéra. “Aujourd’hui, nous sommes plus actifs dans les provinces du Lac et du Ouaddaï, avec les nouveaux réfugiés soudanais depuis avril 2023. Jusque-là, nous sommes très satisfaits de l’apport que les Ptfs nous ont accordé comme appui, et sommes reconnaissants à l’attention que le gouvernement du Tchad nous accorde à travers les différents services dans les provinces concernées. Ainsi que de la collaboration avec les bénéficiaires et notre équipe de terrain qui travaille dans des conditions très difficile”, exulte le Pca.

 

Le difficile accès à certain financement direct demeure un obstacle

A la question de savoir les difficultés majeures rencontrées par son Ong pendant ses 10 années d’activités, et les perspectives qui s’offrent à elle, le Pca reconnaît qu’il y a trop de difficultés, parmi lesquelles le difficile accès au financement direct de certains partenaires techniques et financiers. “Si vous ne vous démarquez pas par votre performance ou la qualité de votre prestation, il sera difficile d’accéder à certains financements directs”. A cela, s’ajoute l’accès difficile dans certaines zones, comme le Lac où il faut se rendre sur les îles, avec des risques que cela comporte, par rapport à l’existence de Boko Haram dans cette partie du Tchad. “Mais il y a aussi des résistances rencontrées dans certaines provinces qui ne facilitent pas le travail. Malgré que localement, il n’y a pas une expertise avérée mais les autorités locales cautionnent cela. Nous travaillons dans un environnement très concurrentiel. En termes de perspectives, comme toute organisation ambitieuse, nous rêvons de travailler au-delà du Tchad. Pour cela, nous travaillons à améliorer notre gouvernance interne”, projette Idriss Abdelkérim Foundoussia.

Roy Moussa