Le fonds fiduciaire défini comme l’une des pièces maîtresses dans le processus d’indemnisation des victimes de Hissène Habré (HH) va peut-être bientôt être opérationnel. Cette nouvelle ravive les cœurs des victimes qui, après avoir attendu pendant plus de 5 ans, s’impatientent et organisent des manifestations.
La semaine passée, une mission de l’Union africaine a séjourné à N’Djaména. Elle a rencontré les représentants des victimes, les ministres de la Justice et des Affaires étrangères, le Premier ministre de transition. Au centre des échanges, l’accélération de l’opérationnalisation du fonds fiduciaire.
Pour la mise en place de ce fonds, un accord de siège a été signé entre le Tchad et l’Union africaine (Ua). A cet effet, le Tchad, choisi pour abriter le siège du fonds devait apprêter un local. C’est enfin chose faite. Un bâtiment de deux niveaux, situé juste aux encablures de l’hôpital de l’amitié Tchad-Chine au quartier Diguel dans le 8ème arrondissement, disponible déjà un an, selon le ministre de la Justice, Mahamat Ahmat Alhabo, a été remis officiellement le 18 septembre à l’Ua. C’est le chef de mission de l’Ua, Tordeta Ratebaye, par ailleurs Président du conseil d’administration (Pca) du fonds fiduciaire qui a réceptionné les clés des mains du ministre de la Justice en présence des représentants des victimes. Même si le local n’est pas encore équipé, c’est une avancée majeure dans le processus d’indemnisation des victimes, observe le Pca du fonds.
Le processus d’indemnisation, reconnaît le Pca a trainé, non seulement à cause de la lenteur dans le processus international mais également suite à la pandémie Covid-19. Pour des questions de transparence, les victimes de Hissène Habré ont trois places au Conseil d’administration. Le secrétaire exécutif ne sera pas un tchadien pour lui éviter de faire l’objet des influences et de ce fait, travailler en toute indépendance. Le président de la Commission de l’Ua, Moussa Facki Mahamat le nommera dans les prochains jours. Dès que le secrétaire exécutif sera nommé, le Conseil d’administration se tiendra pour adopter des recommandations. Ensuite, il s’attèlera à l’organisation de la conférence des bailleurs et des donateurs afin de recouvrer les 82 milliards de francs CFA et relire la décision de Dakar.
Selon le Président du conseil d’administration, la décision de Dakar demande au fonds de tenir compte des victimes non recensées précédemment. Ce point n’intéresse pas beaucoup les victimes déjà recensées qui l’interprètent comme une porte ouverte aux fausses victimes.
De fait, le chemin reste encore long aux victimes d’entrer en possession de leurs indemnisations. Mais elles ne désespèrent pas. La foi renaît en elles. “C’est une satisfaction même si je regrette le fait que pendant cinq ans, nous avons fait du surplace. Malheureusement, nous avons perdu plus de 200 victimes et c’est aussi ce que je regrette. Mais mieux vaut plus tard que jamais. Nous avons rencontré la délégation de l’Ua et nous avons eu une très bonne séance de travail. Cela augure dans les semaines qui suivent, des lendemains meilleurs pour les victimes”, rassure Clément Abaifouta, le président de l’Association des victimes des crimes du régime de Hissène Habré (Avcrhh).
Lanka Daba Armel et Nodjimadji Clarisse, stagiaire