L’Undr conteste le processus électoral en cours

Le président national de l’Union nationale pour le développement et le renouveau (Undr) a reçu les vœux de nouvel an des militants de son parti ce week-end à son domicile.

L’occasion est servie au leader de l’Undr. Saleh Kebzabo en a profité pour décrypter, rétroviseur à l’appui, la situation politique, socioéconomique et sécuritaire du Tchad, tout en se projetant sur l’avenir.

Parlant du futur proche, les élections législatives sans cesse repoussées depuis 2015, ont occupé une grande partie du discours de Saleh Kebzabo. Pour lui, ce report à répétition des élections n’est qu’un moyen pour le Mouvement patriotique du salut (Mps) au pouvoir d’endormir les autres. Aussi, parce que “la machine à fraude scientifique du Mps n’est pas encore prête”. Le changement de l’opérateur biométrique Morpho explique bien l’obsession du parti au pouvoir et de son président de frauder aux élections, selon Kebzabo. Pour le président de l’Undr, la mécanique classique de fraude est déjà en place. Ce mécanisme bien huilée se traduit par la mise sur pied de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), du Cadre national de dialogue politique (Cndp), de la Cour suprême, de la Haute autorité des médias et de l’audiovisuel (Hama), du découpage administratif, du code électoral, etc. Saleh Kebzabo “invite le Cndp à cesser d’être l’appendice du pouvoir en avalisant automatiquement tout ce que Déby demande”. Il poursuit que “l’exemple patent est celui du code électoral modifié à peine trois mois après son adoption, sous prétexte d’aller vite aux élections! Or, ne voilà pas que le code électoral est modifié alors que les élections sont reportés à un an?”. Kebzabo persiste: “le président de la Commission électorale nationale indépendante doit cesser d’aller voir le président de la République afin de garder son indépendance”.  Il réaffirme que son parti est prêt à aller aux élections mais pas à n’importe quelle condition. “Nous avons consigné avec 25 autres partis politiques une déclaration qui énumère nos conditions, dont la principale est l’organisation d’un dialogue consacré aux élections. Nous agirons sur le terrain avec une panoplie d’actions légales pour amener Déby à accepter le dialogue”, insiste-t-il, tout en qualifiant “d’injustice flagrante” la répartition des députés. Kebzabo “entend protester et refuser de se soumettre”.

Sur le plan économique, le président de l’Undr décrie la gabegie et les détournements des deniers publics qui continuent à croître, même si le gouvernement “amuse la galerie en procédant à des simulacres d’arrestations”. “Visitez les prisons du Tchad, vous n’y trouverez pas de prisonniers régulièrement condamnés pour des crimes économiques. C’est un record mondial”, s’exclame-t-il. Sur le franc CFA, Kebzabo marque son accord sur son remplacement par une monnaie africaine.

Enfin, sur la situation sécuritaire, le président de l’Union nationale pour le renouveau et le développement fustige l’incapacité du gouvernement à assurer la sécurité à l’intérieur de ses frontières, alors qu’il s’illustre dans l’envoie des troupes tchadiennes dans les théâtres d’autres pays. Le président de l’Undr tient pour exemple, les incessantes attaques meurtrières de Boko haram dans la province du Lac. Les bandes criminelles continuent à opérer en toute tranquillité dans l’ensemble du Mayo-Kebbi. Dans la capitale, l’insécurité ne cesse de faire des victimes. Et l’état d’urgence instauré dans certaines provinces n’a pas produit de bons résultats, selon le président de l’Undr. A propos des troupes envoyées hors du Tchad, Kebzabo se demande si les soldats sont payés? “Combien d’hommes avons-nous envoyés au Nigeria et pourquoi leur séjour a-t-il été écourté? Est-il exact que nos soldats à l’étranger y vivent des injustices graves et que les salaires versés par l’Onu ne leur parviennent pas?” Autant de questions auxquelles le président de l’Undr aimerait avoir de réponses.

Lanka Daba Armel, stagiaire