Maoundoé annonce une tournée nationale

L’association “Au nom de l’art” a organisé une conférence de presse au siège de sa structure Takoun productions, au quartier Sabangali, le vendredi 20 août, pour lancer sa saison artistique 2021-2022. L’artiste musicien Maoundoé Célestin qui l’a animée a fait le bilan du projet “Au nom de l’art” qu’il mène actuellement.

En termes de perspectives, il y a la tournée nationale qui se pointe à l’horizon et également le lancement du clip relatif au projet prévu pour début septembre 2021.

Maoundoé explique qu’en ce qui concerne le bilan, le projet “Au nom de l’art” devait être mis en œuvre en 2020 avec 15 enfants. Mais la Covid-19 est venue interrompre tout son processus. Malgré cela, la vie a été prise du bon côté et l’espoir permis. Ce temps mort a plutôt inspiré d’autres activités qui ont été conçues et développées à l’intérieur du projet. Notamment “Les Reines de Gaoui”, qui est une activité autour de la poterie avec une cinquantaine de potières de la localité. A Gaoui, un espace a été attribué au projet et aménagé en village artisanal, avec des stands qui portent les noms de quelques femmes tchadiennes de référence. “Aujourd’hui en termes de résultats, nous sommes à dix stands construits, dédiés au nom des femmes tchadiennes, pour valoriser la femme en général qui est au centre de notre économie et de notre développement. Un espace dédié à la chefferie locale, qui sert d’espace de débats et également une galerie construite et baptisée au nom de la regrettée Maman El-Djima, la cantatrice baguirmienne, pour lui rendre hommage”, cite l’artiste.

Une rencontre autour de la poterie a débouché sur une exposition annuelle de la poterie. La première édition a eu lieu à l’Institut français du Tchad (Ift). Il est prévu également la mise en place d’une biennale de la poterie et des randonnées artistiques, parce que le projet va s’ouvrir à d’autres activités dans l’avenir. Le projet “Les Reines de Gaoui” était axé au départ sur la volonté de développer la poterie au Tchad. Les potières, l’argile tout comme le savoir-faire, sont à Gaoui. Pour cela, il fallait chercher des financements pour soutenir et développer le projet. L’association a postulé en ligne auprès des différents bailleurs internationaux. Le projet a été lauréat et a bénéficié d’un financement de 15 000 euros. Ce qui a permis de le mettre en œuvre. Mais comme le travail fait a été pertinent et remarquable lors de la première étape, le projet est encore lauréat cette année, et va continuer par se développer davantage.

A côté de cela, il y a un autre projet intitulé “Au nom de l’art académique” avec les enfants. Maoundoé espère trouver des moyens nécessaires pour créer un centre de formation des arts à cet effet. Pour le moment, sa prétention est de créer un cadre permettant aux enfants tchadiens de se dire, qu’ils sont tchadiens, et comment ils veulent se présenter au monde. Pour lui,  il n’y a que l’art qui puisse permettre à un peuple de se développer. A l’exemple de la Jamaïque, qui est aujourd’hui mondialement connu à cause de Bob Marley qui y a développé le reggae. Au Tchad également, il y a cette opportunité avec l’artiste Afrotronix qui vend l’image positive du pays des Sao. Et passer par les enfants pour asseoir une telle base est possible. Pourvu qu’on leur inculque des notions telles qu’“être tchadien c’est le plus beau cadeau et que notre diversité culturelle fait notre beauté”. C’est pourquoi ce projet a commencé avec 15 enfants au départ, puis le nombre est passé à 30 aujourd’hui. Le but visé par l’artiste, c’est d’aller dans tout le Tchad et proposer ce projet. “Au nom de l’art académique se porte bien avec un nombre d’enfants en augmentation. Ce sont ces deux projet qui vont se retrouver dans la tournée nationale”, conclut-il.

 

Développer des modèles économiques

Pour revenir au projet de la tournée nationale, Maoundoé Célestin avait retenu au départ dix villes. En présentant le volet artistique de la tournée à l’Ift, il s’est justifié par le fait qu’on peut développer des modèles économiques autour des tournées, et que c’est une expérience à partager dans les autres villes. Il ne suffit pas d’aller juste monter sur scène et revenir à N’Djaména. En s’inspirant du modèle économique burkinabé de l’art et notamment la musique, l’on peut créer également de l’économie dans ce pays. “Quand on ramène cette même expérience au niveau de l’art, sur les 14 millions de Tchadiens, si tu peux réunir 5 000 personnes qui déboursent chacune 1000 francs, tu te retrouves avec 5 millions de francs. Il suffit juste d’aller du nord au sud, créer et développer ce business, ensuite fidéliser sa clientèle”, espère-t-il. Maoundoé réagit aux dires selon lesquels les artistes tchadiens ne sont pas internationaux. Pour lui, “quand on peine à convaincre même le public local, est-ce qu’on est d’abord artiste national ? Les Tchadiens sont d’abord portés sur les produits étrangers et si on a notre propre culture, on doit d’abord la valoriser. C’est pourquoi, cette tournée va essayer de convaincre les jeunes à l’intérieur du pays. On va aller vers eux pour leur faire comprendre cela. L’idée, c’est de créer des déclics de business autour de la musique et l’art en général”.

Après la tournée nationale, Maoundoé espère profiter du regard de ceux qui seront au concert du 13 novembre 2021 au stade Idriss Mahamat Ouya, pour lancer automatiquement, le 14 novembre, la première randonnée artistique à Gaoui. Elle consistera à organiser chaque fin de mois, la venue à Gaoui, des familles qui vont s’adonner à la peinture murale, à la poterie, etc. L’essentiel, souligne-t-il, est de créer une activité pas seulement artistique et touristique, mais également économique. Il estime que s’il arrive à réunir chaque mois 200 personnes, qui peuvent acheter pour 10 et 15 000 francs CFA, les recettes tourneront autour de 3 millions de francs CFA. Cet argent profitera à toute une chaîne d’activités dont la cuisine, et fera vivre le village Gaoui. L’artiste espère également que cela fera vivre l’art tchadien, en particulier le tourisme et contribuera surtout à développer un autre Tchad où, les gens peuvent sortir et trouver des espaces de divertissement autres que ces endroits constitués des bars, par exemple. “Il faut proposer autre chose aux jeunes, afin qu’ils connaissent autrement leur pays à travers son histoire. C’est vraiment pour cela que le projet Au nom de l’art est né”.

 

Créer le rêve tchadien avec les jeunes

Maoundoé raconte qu’il a beaucoup voyagé. Il a eu la chance de côtoyer d’autres peuples ; de croiser les regards qu’ils ont sur leur propre vie et leur propre culture. Cela l’a inspiré et lui a donné l’envie de partager une telle expérience dans son propre pays. Les enfants ne sont pas certes des artistes, mais il veut et espère créer dans leurs têtes, de bons souvenirs afin qu’ils grandissent avec. Ce qui fera plaisir aux parents. Et derrière tout cela, il est question de casser des timidités, leur permettre d’avoir confiance et de croire en eux et à la culture de leur pays. Une manière de dire qu’il y a des artistes tchadiens qui ont la capacité de faire rêver. Le tout s’inscrit dans la notion du rêve tchadien que Maoundoé Célestin entend partager avec les jeunes, pendant la tournée. C’est pourquoi, U-Report intervient comme partenaire et travaille déjà avec les jeunes, parce qu’il a cru au projet.

Roy Moussa