Le premier concert de restitution de l’atelier issu du projet “Au nom de l’art, de l’essentiel et de la terre” a eu lieu le vendredi 16 octobre à l’Institut français du Tchad.
Maoundoé Célestin et les 20 enfants de 7 à 15 ans ont été accompagnés par un public de fans anonymes.
Le spectacle s’est ouvert sur les propos du parrain du projet, Asalfo du groupe ivoirien Magic System. Dans une brève vidéo projetée, il dit être de cœur avec Maoundoé et les enfants, et a surtout remercié le public présent et les parents qui ont permis aux enfants de prendre part à l’atelier de deux mois. Asalfo s’est excusé par rapport à la Covid-19 qui limite en ce moment les déplacements, mais promet être à N’Djaména lors de la 2e édition de 2021. Selon l’artiste musicien ivoirien, le projet ne doit pas se limiter au Tchad mais plutôt être dupliqué dans les pays africains. Par la suite, un extrait d’un clip produit lors de l’atelier a été projeté et met en valeur la localité de Gaoui, cité ancienne et historique pour avoir abrité les Sao, ascendants des Tchadiens.
Une fois l’écran remonté, la scène s’ouvre sur le spectacle du concert. Maoundoé drapé de son tablier de sculpteur est debout face à un micro et derrière les 20 enfants assis sur deux rangées en escalier. Tous en pantalons jean’s et tee-shirts blancs, ils portent des tabliers en tissu pagne, aux couleurs bigarrées à dominance jaune. A leurs pieds est assis un instrumentiste devant une grosse calebasse renversée. Des côtés de la scène, se tiennent deux autres instrumentistes; l’un avec sa vièle et l’autre assis devant son clavier. Une pièce de batterie inoccupée complète la mise en scène. Une douche lumineuse aux couleurs chaudes enveloppe tout le décor, pendant que la première note monocorde de la vièle parcourt la salle, rattrapée par les notes du clavier.
Le concert démarre pour une heure et vingt minutes, avec Maoundoé qui enchaîne les chansons, dans un répertoire qui revisite quelques titres de ses albums. Les enfants se retrouvent par moment dans un chœur avec des gestuels antagoniques. L’on comprend aisément que la suspension pendant près de six mois des activités due à la Covid-19, a certainement eu des incidences sur la création. L’automatisme dans les gestes, a par moment semblé ne pas être bien huilé. Mais l’essentiel comme le répète Maoundoé, c’est le partage d’un moment de bonheur avec les enfants. Dans une parfaite complicité entre lui et eux à travers une mise en scène modeste, ensuite avec les parents et le public qui ont joué le jeu jusqu’au bout. Les mots sculptés qui composent ses chansons semblent avoir un autre sens quand il est question d’être avec les enfants. La batterie n’a pas été un décor. Par moment, Robinho de Souza, avec ses baguettes, est intervenu dans certaines chansons, en duo avec les notes de bass proposées par Dicko. Ce qui a contribué à apporter de l’harmonie et créer l’ambiance dans un univers au décor luminescent et inhabituel. Le parrain Asalfo a eu droit à un remake d’un titre de Magic Systèm, repris par trois des vingt jeunes, et dont le refrain a donné lieu à un moment d’extase collective entre le public et la scène. La particularité de ce concert est que le public a eu droit à un avant goût du prochain album qui naîtra à l’issue de ce travail. Des extraits de trois titres dont “Djakobi” (on verra, en Ngambaye) ont été proposés par Maoundoé. “Quand j’ai commencé le projet avec les enfants, je croyais leur apprendre des choses, mais c’est plutôt eux qui m’ont beaucoup appris” dit Maoundoé tout ému.
Il s’est aussi réjoui que l’ambassade de France au Tchad ait validé une autre activité du projet qui consiste à travailler avec 50 femmes potières de Gaoui, dans l’alphabétisation et la transformation de la poterie vers la céramique. La présence de l’ambassadeur de France au Tchad dans la salle, en dit long.
Pour lui, c’est un projet de vie puisque c’est à travers ce premier projet, qu’il a rencontré les femmes potières de Gaoui, qu’il qualifie de véritables reines du savoir. Pour rappel, ce concert était prévu les 20 et 21 mars dernier, mais a été reporté à cause de la fermeture des frontières aérienne et terrestre le 19 mars, mesure de riposte contre la pandémie Covid-19 oblige.
Roy Moussa
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.