Meou continue à vivre le calvaire

L’affrontement entre éleveurs et agriculteurs survenu le 16 novembre 2019, dans le village Meou (Cf. NDJH N° 1808), canton Komé Ndolébé, province du Logone oriental, est loin de connaître son épilogue. Les villageois ne savent plus à quel saint se vouer.

Le gouverneur de la province du Logone oriental, accompagné du sous-préfet de Bébedjia Mahamat Zakaria Ogouni, est descendu sur les lieux afin de constater les dégâts et de réconcilier les familles éplorées. Coup de théâtre. C’est une amende de 100.000 francs CFA qui est imposée aux deux parties (agriculteurs et éleveurs).

En outre, après le séjour des autorités civiles et militaires à Meou, alors que les belligérants s’acheminent vers une issue heureuse, le sous-préfet de Bébedjia, Mahamat Zakaria Ogouni, ordonne l’arrestation du chef de village Samafou Nadjimbaye, du chef de terre Maïngar Janvier, du président des jeunes Alladoum Ferdinand,  et deux autres personnes (Allah Théodore, Roganguem Souleymane). Ceux-ci sont transférés à la maison d’arrêt de Doba, le 17 novembre 2019, sans être entendus par un juge d’instruction. Nodjitoloum Radouba, Madjitoloum Bédoum, deux chefs de carré de Meou et Ngarhibi Bédoum écroués à Bébedjia seront provisoirement libérés le dimanche 1er décembre. A Doba, le chef de terre, Mongar Bédoum et Nodjitoloum Théodore sont libérés le 25 novembre. Depuis plus de trois semaines, Samafou Nadjimbaye chef du village, Alladoum Ferdinand, président des jeunes et Roganguem Souleymane croupissent à la maison d’arrêt de Doba.

A Meou, le chef de village et ses collaborateurs continuent à payer un lourd tribut. Leurs biens matériels et leurs finances sont pillés par un certain Abdoulaye Ndolebé, conseiller cantonal qui s’illustre dans une barbarie parfaite. Lui et ceux qu’il emploie pour mettre le village en émoi, mettent le pacifique village de Meou en coupe réglée. Ils y paradent et se comportent comme en territoire conquis pendant que leurs parents croupissent à la maison d’arrêt de Doba. Abdoulaye Ndolebé et les goumiers du chef de canton de Komé qu’il utilise défoncent les portes des pauvres villageois. Plusieurs sacs de vivres stockés (haricot, sésame, arachide, …) sont pillés. Les animaux à quatre pattes et la volaille n’échappent pas à la boulimie de ces pillards. Une partie est consommée sur place, le reste emporté ou vendu sur le marché local. Pendant ce temps, une accalmie parfaite se constate dans le camp des éleveurs. Et sans être inquiétés, les éleveurs narguent les paysans. Ils incendient leurs champs sans que l’administration ne pipe mot. Obligés d’aller pêcher pour nourrir leurs rejetons, ce sont là encore, des tirs de flèches des éleveurs que les villageois essuient dans leurs pirogues. Il est pratiquement impossible de se promener autour du village seul sans être agressé par les éleveurs toujours prêts à faire couler du sang. Une insécurité totale règne sur le village.

Après son bref séjour à la maison d’arrêt de Bébedjia, le chef de canton Naniasngar Ndolebé, lui aussi, trône en maître sur Meou. Dans la foulée, il impose 2000 francs CFA à tout homme du village et 1000 francs par femme qu’il prétend remettre aux autorités de Doba. Et comme si cela ne suffisait pas, il envisage saisir les bœufs d’attelage de Meou pour les conduire à Komé, dans le chef-lieu de canton. Naniasngar Ndolebé dit à qui veut l’entendre qu’il est en train d’exécuter la mission que lui a assignée le gouverneur, celle de racketter les paysans! L’argent imposé et les bœufs d’attelage saisis, serviront à “boucher le trou”, répète-t-il. Mais de quel trou s’agit-il?

Ni paix ni guerre, mais une psychose générale plane sur le village. Depuis le 16 novembre, c’est dans cette atmosphère délétère que vivent les habitants de Meou qui ne savent à quel saint se vouer.

Dadnadji Bétoudji