Fauché par balles le 20 octobre 2022 à l’occasion de la marche pacifique organisée par quelques partis de l’opposition et la coalition Wakhit Tamma, le journaliste Oredjé Narcisse est désormais inhumé à Kournari le 28 octobre.
Dans la matinée du vendredi, 28 octobre 2022, la morgue de l’hôpital référence nationale de N’Djaména a été emplie de personnes en majorité de noir vêtues avec une forte présence remarquée des lauréats de l’Institut national des sciences techniques d’Abéché (Insta), option : multimédia et audiovisuel ; des professionnels des médias, de l’Union des journalistes tchadiens (Ujt), de la radio Céfod, de Saï production, de l’association Libre Afrique et la famille biologique du regretté. De la morgue à Kournari en passant par Walia, l’émotion qui traduit la tristesse est à son paroxysme. Très peu de courageux ont réussi à retenir les larmes suite à cette réalité insupportable qu’est l’inimaginable et subite disparition du journaliste Oredjé Narcisse.
La cérémonie des obsèques a eu lieu à Walia dans le 9ème arrondissement où les témoignages de toutes les corporations représentées ont reconnu en Oredjé Narcisse son rôle de professionnel de la communication. Sa disparition est un coup dur porté aux différentes institutions et organes dans lesquels il travaillait avec dévouement et abnégation.
“Narcisse est un journaliste complet, un tout en un. Toujours flexible et prompt à exécuter les tâches qui lui sont confiées”, lui reconnaît Banat Mamoud, le secrétaire général du Céfod.Il condamne énergiquement cette flagrante violation des droits de l’homme et le caractère sacré de la vie humaine. Il joint sa voix à celles des autres organisations de défense de droits de l’homme pour exiger que le responsable qui a ôté la vie de Oredjé Narcisse soit traduit devant les juridictions et que justice soit faite.
Le vice-président de Libre Afrique-Tchad, Nékoura Koumnobeye Josué, témoigne de la loyauté, de l’intégrité, de la compétence et du sens de professionnalisme de l’illustre disparu. ‟Ayant tout le sens de responsabilité, Oredjé Narcisse est présent dans tout le genre et style journalistique”.
Le représentant de la coordination des lauréats de Insta/multimédia, Masrabeye Blaise, joint la voix de ses condisciples très choqués à celle de tous les professionnels des médias du Tchad. “Dans un pays démocratique, le droit de manifester est inéluctable. Lorsque cette liberté est restreinte et que les manifestants sont fusillés, il s’agit d’un double crime. Oredjé Narcisse est victime d’un crime commis par le gouvernement liberticide et c’est totalement inadmissible”. Masrabeye Blaise dénonce l’impunité des crimes commis sur les journalistes tchadiens qui a assez duré et révèle que ce sont les militaires qui frappent, intimident, humilient et tuent les hommes des médias. Il rappelle aux gouvernants que “ces innombrables crimes placent le Tchad démocratique dans une situation déshonorante”. La coordination réclame du gouvernement dont le chef est d’ailleurs journaliste, justice pour Oredjé Narcisse. Sinon les moyens légaux à sa disposition seront utilisés pour obtenir justice.
Leubnoudji Tah Nathan, secrétaire général de l’Ujt situe le contexte tragique de la mort de Narcisse. “C’est pour aller observer la manifestation et d’en rendre compte que Oredjé Narcisse a été cruellement atteint au cœur, l’organe le plus vital, par une balle. Nous pleurons une fois de plus un professionnel des médias qui vient de tomber la plume en main”. Faisant l’état de situation de la précarité que vivent les journalistes tchadiens, il rappelle que deux journalistes à Sarh sont entrain de vivre les séquelles des exactions que leur ont infligées les forces de l’ordre lors de la manif du 20 octobre. Et certains journalistes demeurent disparus. “C’est trop précis pour être une simple coïncidence ou une balle perdue. Nous le disons ainsi avec le cœur serré parce qu’il nous ait commun de comprendre qu’à chaque occasion à des moindres manifestations, un journaliste tombe toujours”, fait-il remarquer. Pour lui, les journalistes sont les soldats de la vérité au service de la population. Car, ils ne cherchent qu’à rendre compte et informer simplement la population. “Nous ne demandons pas mieux que d’être libres à renseigner à être au service de notre population. Alors un journaliste qui tombe, c’en est toujours de trop et nous demandons que justice soit faite”.
Oredjé Narcisse est tombé à la fleur de l’âge, plume à la main. Il repose désormais à Kournari et laisse derrière lui une veuve et un enfant d’à peine un an.
Ballo Refané Ben’s man, stagiaire