Lors du café de presse organisé le 22 juillet 2025, par le ministère de la Communication en partenariat avec l’Unicef, l’Union des journalistes tchadiens (Ujt) et la Maison de la presse du Tchad (Mpt), l’on a appris que près de 329 enfants croupissent dans des prisons au Tchad. “Les enfants en conflit avec la loi : Données, Prévention et Réponse” a été le thème autour duquel ont réfléchi les journalistes points focaux de l’Unicef.
L’importance de la prévention et de la réinsertion des enfants en conflit avec la loi a été au cœur des échanges entre les journalistes points focaux de l’Unicef, et le bâtonnier de l’Ordre des avocats, Me Djérandi Dionro Laguerre. “Les enfants en conflit avec la loi existent au Tchad. Une couverture médiatique responsable peut contribuer à la prévention, l’éducation et la sensibilisation pour éradiquer le phénomène. Il est question d’aider les journalistes à assumer ce rôle de prévention de la délinquance juvénile”, a introduit à l’entame des échanges, Mme Néloumta Mélodie, représentant la Maison de la presse du Tchad (Mpt), qui a accueilli le café de presse.
Hyacinthe Sigui, spécialiste Protection de l’enfant à l’Unicef, présent au côté du bâtonnier, a rappelé qu’il est question de prendre conscience de la protection, de la défense et de la promotion du droit de l’enfant. “La question est d’une grande préoccupation pour l’Unicef. A titre d’information, il y a près de 329 enfants dans les prisons au Tchad, or la Convention internationale demande qu’il y ait des quartiers pour enfant dans les prisons, ce qui n’est pas le cas. L’emprisonnement de l’enfant doit être en dernier ressort, parce que la place de l’enfant n’est pas en prison. C’est la dernière alternative après la rééducation et la réinsertion”, a-t-il précisé. Il illustre ses propos par “une fille de 14 ans qui s’est bagarrée avec la femme de son père et qui se retrouve dans une prison non conventionnée” qu’il a trouvée pendant une visite effectuée à la prison de Klessoum.
Des améliorations dans le traitement des dossiers pour enfant observées
Des données préoccupantes sont disponibles à la chambre pour enfants, confirme le bâtonnier Me Djérandi. Il définit un enfant en conflit avec la loi comme un mineur de moins de 18 ans, accusé, poursuivi et emprisonné pour infraction à la loi pénale. Mais quels que soient les motifs, dit-il, un minimum de garantie doit exister. “L’intérêt supérieur de l’enfant doit être au-dessus de l’intérêt général, parce que le Tchad a ratifié des conventions nationales et internationales, en matière de législation”. Le bâtonnier poursuit qu’au niveau du barreau, existe une Commission Droits de l’homme, en ce qui concerne les violations des droits de l’homme. Il se réjouit que le barreau du Tchad et l’Unicef ont signé une convention qui permet aujourd’hui de renseigner et défendre beaucoup d’enfants, surtout vulnérables. “C’est le projet d’assistance judiciaire et juridique gratuite du barreau pour les violences diverses. Dans le cadre de cette convention, l’avocat reçoit une indemnité. Aujourd’hui, le barreau intervient avec célérité sur le traitement des dossiers, quand les juges sont en face d’un enfant en conflit avec la loi. Parce que nous avons une bonne collaboration avec les acteurs judiciaires. Avant, beaucoup d’enfants sont en détention parce que la Chambre d’enfants n’évacue pas vite les dossiers, ce qui n’est plus le cas”, rassure-t-il.
Mais en dehors de cette assistance judiciaire et juridique, Me Djérandi renseigne qu’il est organisé des audiences foraines à la prison de Klessoum. La seconde se tient en ce moment, tandis que la première s’est tenue du 11 au 25 novembre 2024. Lors de cette première audience foraine, plus de 150 enfants ont comparu, dont 85 ont été placés au Centre national de réinsertion et de rééducation des enfants en conflit avec la Loi (Cnarrev) de Koundoul, pour leur éducation et réinsertion, et 50 confiés à leurs parents. “Dans le cadre de cette convention, nous avons effectué plus de 324 visites dans les commissariats pour assister juridiquement les enfants ainsi que10 visites dans les lieux de détention de la juridiction de N’Djaména. Plus de 76 enfants en dehors des audiences foraines ont bénéficié de l’assistance judiciaire. Actuellement, il y a une audience foraine qui se tient à Klessoum. Ce travail est très important mais n’est pas connu du public”, relève le bâtonnier. Au sujet de la prévention, Me Djérandi relève que c’est de la responsabilité de toute la société tchadienne, depuis les institutions diverses jusqu’aux parents. Certes, reconnaît-il, cette convention ne couvre que N’Djaména. Hyacinthe de l’Unicef relève à son tour que N’Djaména regorge plus d’enfants en conflit avec la loi, mais au Lac-Tchad également, 11 enfants en lien avec Boko haram emprisonnés ont été gérés par le barreau.
Pour Me Djérandi Dionro Laguerre, “c’est une fierté pour le barreau d’accompagner l’Etat et ses partenaires pour améliorer les conditions de vie des enfants en conflit avec la loi. La descente sur le terrain des hommes des médias peut contribuer à interpeller les pouvoirs publics sur la promotion et la protection des droits de l’enfant”.
Roy Moussa
