Mme Priscille Lopiamadji Mbaiwodji a présenté le samedi 14 janvier, ses deux livres dédiés à l’art culinaire tchadien et invite à la gastronomie locale.
Le premier est titré « les saveurs de chez nous » paru aux éditions Sao, tandis que le second : « Tchad, enquête d’une identité culinaire » est publié par les éditions Toumaï.
Le premier livre recense la collection des petits plats qui passent souvent inaperçus et qui font l’objet de sa créativité. Il présente 35 plats, avec des entrées froides et chaudes. Le 2ème s’est appuyé sur les résolutions de l’atelier de sensibilisation des restaurateurs et hôteliers, tenu en 2016 à N’Djaména, pour vulgariser les cuisines tchadiennes. Dans ce document de dissémination, il est question de répertorier les plats prisés par les tchadiens, pour les valoriser sur le plan national et international. Deux livres complémentaires en somme, que Mme Priscille a rendus publics, afin d’amorcer la sensibilisation des cuisines tchadiennes et leur promotion. Elle a relevé que les valeurs nutritives des six plats identifiés et retenus pour leur promotion sont attestées par la Direction de la nutrition et de la technologie alimentaire du ministère de la Santé publique. Le lien entre la nutrition et la santé est une évidence tant il est reconnu que l’alimentation équilibrée est un réel facteur de prévention des maladies cardiovasculaires, du cancer, du diabète, de l’obésité, des maladies carencielles, etc. Les valeurs nutritives d’un aliment dépendent de son origine animale ou végétale, de sa technique de production et de sa préparation. En résumé, dit-elle, les principaux plats tchadiens apportent les macronutriments tels que les protéines, lipides et glucides dont l’organisme a besoin, mais ils sont faibles en sels minéraux et en vitamines.
Elle considère ce travail accompli par les restaurateurs et hôteliers comme un petit pas, tout en sachant que l’identité culinaire du Tchad doit s’imposer d’elle-même, grâce à la multiplication des activités de valorisation et de synergie. « Vous trouverez ce livre en version française et arabe, afin de toucher et sensibiliser un grand public sur les cuisines tchadiennes », soutient-elle.
Après avoir édité le premier livre en 2015, Mme Priscille informe entamer ce 2ème livre avec les particularités de la cuisine tchadienne. A cet effet, elle dit mener également des recherches sur la sauce longue qu’on appelle « Tankoul » ou Tk, qui fera l’objet d’un prochain livre.
Une démarche prometteuse dans la difficulté
Mme Priscille n’a pas manqué d’évoquer les difficultés financières rencontrées dans la réalisation de ce projet de production des livres dédiés à l’art culinaire tchadien et à la gastronomie locale. « Ces deux livres ont bénéficié du soutien financier du ministère de la Formation professionnelle, mais malgré toutes les démarches, adressées depuis 2020 au secrétariat général de la présidence et au ministère des Finances, les requêtes pour entrer en possession du montant alloué sont restées vaines à ce jour. Il en est de même pour le financement du « Festival des mets traditionnels du Tchad (Festamet) » que j’ai initié, accordé par la primature en 2015 et sans suite à ce jour. Malgré cela, nous nous battons au quotidien pour faire aboutir nos projets qui nous tiennent tant à cœur ».
Elle a saisi l’occasion pour lancer un cri de cœur à l’endroit des autorités, afin de faciliter l’obtention des financements des projets d’entreprenariat, ainsi que rendre accessibles et disponibles les fonds alloués à cet effet. Elle demeure convaincue qu’une fois ces projets réalisés, ils contribueront au développement de la nation tchadienne.
La valorisation de l’art culinaire, une opportunité
La gastronomie tchadienne a besoin d’être valorisée et cela passe par la sortie des mets vers les consommateurs locaux et étrangers. Ceci ne sera effectif qu’avec sa consommation dans les restaurants et hôtels, soutient-elle. Elle ajoute que cette valorisation se fera à deux niveaux : «encourager les restaurateurs et hôteliers à les intégrer dans les mets quotidiens ainsi que les promoteurs culturels à insérer les plats tchadiens dans toutes les activités artistiques et culturelles ». Lorsque les plats tchadiens sont valorisés de manière naturelle sur le plan national, leur promotion sur le plan international se fera facilement, estime-t-elle. « Maximiser sa valorisation nous a amenée à produire des émissions radiotélévisées, et à lancer l’organisation du Festimet du 25 au 30 avril 2023 à N’Djaména », conclut-elle.
Pour Mbeurnodji Sosthène, critique littéraire, à qui est revenu l’honneur de décrypter les deux livres : « Ce sont des livres de littérature culinaire, gourmande ou gastronomique peu écrite chez nous. Car la gastronomie est une composante importante du voyage, et les produits qui s’y rapportent ont le potentiel d’attirer les voyageurs internationaux ». Pour devenir une destination culinaire, il nécessite que le gouvernement et les différents acteurs de l’industrie touristique comme du secteur alimentaire collaborent, afin de mener des actions de promotions conjointes, conseille-t-il.
Une dégustation de 17 différents mets tchadiens a été proposé au public composé des parents, collaborateurs, connaissances et promoteurs culturels de l’auteure.
Roy Moussa