Promotion et développement du sport au Tchad : les jeunes montrent-ils la voie à leurs ainés et à la république?

Le sport au Tchad est malade, et cela n’est un secret pour personne. Tous ceux qui ont connu ce secteur social jadis dynamique, applaudit les résultats obtenus par les athlètes et sportifs, en sont à regretter ce temps à jamais révolu. Contrairement à certaines idées reçues, le nom du Tchad figure toujours dans les archives des compétitions sportives en Afrique et dans le monde. Malgré les moyens modestes et très limités des années 60 à 90, les quelques résultats enregistrés dans les compétitions internationales, suffisaient au bonheur et faisaient la fierté des tchadiens.

Depuis l’accession du Tchad à la souveraineté internationale, dont on vient de célébrer le 61ème anniversaire le 11 août 2021, l’école constituait et constitue encore, la base de toutes les formations éducatives, physiques et sportives intenses, d’où sont sortis les élites et meilleurs athlètes. Les compétitions entre élèves pour les notes, et entre établissements sur les terrains de sport pour un leadership scolaire, sont motivées par l’amour de représenter l’école, le collège ou le lycée.

La situation du sport tchadien aurait pu être encore mieux améliorée avec  l’embellie du budget de l’Etat, due aux bénéfices des revenus du pétrole. Mais hélas, il n’en est rien, à part quelques rustines. Ce qui amena les jeunes à se joindre aux voix qui se sont élevées çà et là, pour déplorer l’indifférence des pouvoirs publics. Surtout que, les actes salutaires posés  par les hautes autorités pour redresser le sport en général et le football en particulier, ne donnent pas les résultats escomptés.

Devant cette absence de solution, les jeunes montent au créneau et osent montrer ainsi, la voie à suivre aux ainés. Ils prennent des initiatives inattendues et affichent une ardeur patriotique pour hisser haut le drapeau du Tchad dans les compétitions internationales, à l’exemple de :

  • l’organisation du tournoi de football des jeunes  de moins de 21 ans, dénommé Toumaï, par l’Association des Jeunes pour le Développement du Football Tchadien (AJDFT),

  • l’organisation des compétitions de football, hors cadres formels,

  • la 1ère participation des SAO basket de moins de 16 ans (filles et garçons) au championnat d’Afrique U 16, au Caire en Egypte. Les résultats obtenus individuellement et collectivement sont plus qu’honorables, puisqu’ils ont permis la détection du meilleur marqueur qui bénéficie d’une bourse de formation au Sénégal. Au-delà de toute polémique, il faut saluer la volonté d’engagement et féliciter la Fédération Tchadienne de Basketball et son staff technique.

L’accueil chaleureux réservé à la délégation à son retour au pays, par le ministre de la jeunesse en personne et des supporters de tous les sports confondus, est amplement mérité. Il reste au ministère d’appliquer son arrêté n°028 du 25 août 2020 portant statut des sportifs de haut niveau et d’élite. Celui-ci stipule en son article 1er que: est sportif de haut niveau, tout athlète tchadien ayant été sélectionné en équipe nationale, en discipline individuelle ou collective. Pour prétendre à une récompense, le sportif de haut niveau doit gagner au minimum 2 matches ou combats, ou passer 2 tours éliminatoires consécutifs, lors d’une compétition senior continentale et mondiale (jeux de la Francophonie, championnat d’Afrique, jeux Africains, championnat du monde et Jeux Olympiques…). C’est bien le cas, même si ces basketteurs et basketteuses sont en catégorie U 16.

En accueillant par acclamation les SAO basket le lundi 23 août 2021, le président du Comité Militaire de la Transition (CMT) dont c’est le 1er contact avec les sportifs, leur a adressé les félicitations de la nation et promit la “dotation d’un bus et la construction d’une arène” pour l’équipe nationale. Ainsi, la génération “Android”, comme les appelle un des animateurs de la plateforme “la voix du sport tchadien”, aura contribué à l’éveil des consciences. Malgré la perception, parfois, facile de la situation du sport au Tchad, désormais les suggestions et propositions formulées, ne sauraient plus passées sous-silence. Elles sont parfois légères et dénuées de tout fondement, voire décalées de l’histoire mouvementé du pays et de ses complexes réalités, comparables à nulle part ailleurs.

A la fin de son 5ème mandat, le défunt Maréchal a donné un signal fort à la jeunesse tchadienne,  en nommant le jeune ROUTOUANG Mohamed NDONGA Christian à la tête du ministère la concernant. Une volonté politique sans doute, pour prendre en compte ce secteur important, confronté au problème épineux de l’emploi. Mais, pour plus d’efficacité, ce domaine aux contours mal défini, aurait pu être séparé du sport. Une idée à creuser, vu que le ministère actuel, issu du gouvernement de la transition, est doté, pour la première fois de son histoire, d’un secrétariat d’Etat.

D’ailleurs, les objectifs visés et les résultats attendus de ces deux secteurs dédiés à la jeunesse sont bien différents. En mettant ensemble, jeunesse et sport, dans un même département où les objectifs politiques du 1er priment sur ceux du second qui sera handicapé, dans la répartition équitable du budget commun et dans la priorité des actions à entreprendre. La promotion et le développement du sport ne sont pas des actions négligeables à confier à des profanes de tout bord, comme c’est souvent le cas. Ils relèvent d’une politique bien définie, exécutée par des cadres techniques hautement qualifiés et expérimentés. De nos jours où la communication est partout, il est difficile de ne pas prendre en compte cet aspect de la modernité que la jeunesse a bien compris et assimilé.

Ainsi, il ne faut pas s’étonner d’entendre la voix, de plus en plus revendicative des jeunes, interpeler les plus hautes autorités du pays, sur les déboires du sport tchadien. L’ensemble du mouvement sportif doit se lever et accompagner ces initiatives de la jeunesse, pour rompre avec cette chaine de léthargie et d’absence de compétitions sportives formelles. Le défunt Maréchal DEBY ne disait-il pas qu’“il faut une jeunesse qui ose et qui a de l’audace”?

Bangali Daouda Boukar

Bureau d’Etude et Conseils en Sport

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