Dans son “One man show” qu’il commence par habituer l’opinion, à travers les médias publics, Patalet Géo le ministre en charge de la Culture, a fait une descente le 24 septembre à l’espace culturel Talino Manu. Il reconnaît que l’espace et ses occupants (orchestre, ballet et théâtre nationaux) ne sont que des structures virtuelles. Alors qu’il a été créé par le ministère, sans textes de base.
Après une visite des lieux en compagnie de son staff, le ministre a écouté tour à tour les quatre mousquetaires en charge des différentes structures citées ci-haut. Youssouf Djaoro, nommé responsable de l’Espace Talino Manu par arrêté ministériel n° 05 du 14 août 2017, fait figure de doyen, comparativement aux trois autres nommés il y a un mois et qui ont pris service le lundi dernier seulement. Youssouf dit avoir géré trois ans l’espace sans une rétribution ni subvention quelconque, jusqu’à ce que la Fondation grand cœur vienne à la rescousse pour réhabiliter cet espace en décrépitude. Aujourd’hui, admet-il, l’espace dispose du matériel de spectacle et de sonorisation haut de gamme, des techniciens et régisseurs expérimentés pour assurer l’entretien et la maintenance du matériel, de deux scènes aux normes internationales et d’un restaurant-bar qui porte la structure avec l’affluence des clients. Mais des défis majeurs restent à relever, notamment l’acquisition d’un groupe électrogène de grande capacité pour se départir de la dépendance de la Société nationale d’électricité (Sne), avec ses délestages intempestifs, l’équipement du cybercafé et du studio d’enregistrement, afin de fixer les artistes et donner plus de vie à l’espace.
L’école de l’expérience à la dure épreuve
Pour Mbaïnaïndoh John Innocent, directeur du ballet national, une mauvaise habitude caractérise sa structure. A chaque fois qu’un directeur est relevé, il emporte tout depuis les matériels jusqu’aux équipements de bureau. Il se retrouve aujourd’hui dans un bureau avec un magasin vide. Or le coût d’acquisition de ces équipements avoisine les huit millions de nos francs. Alors qu’un ballet sans équipement n’existe pas. Il plaide pour une évaluation périodique dans le suivi des activités du ballet, afin de maintenir une dynamique d’activités pour ne pas contribuer au désintéressement qui s’est déjà installé.
Matibeye Geneviève, la directrice de l’orchestre national a aussi hérité d’un bureau vide sans mobilier ni équipement de travail. “Même si notre métier est beaucoup plus technique et nécessite qu’on soit plus au studio, à la répétition ou sur scène, nous avons besoin du matériel bureautique pour le montage, l’impression ou la photocopie des dossiers”, avance-t-elle. Heureusement, se réjouit-elle, il y a déjà du matériel disponible qui permet de démarrer le travail, mais elle insiste qu’un inventaire des matériels soit fait afin d’avoir une idée claire de ce qui existe réellement. Elle informe aussi qu’un casting pour le recrutement des musiciens de l’orchestre national sera lancé, mais se soucie déjà de la prise en charge des résidences de créations à l’issue.
Vangdar Dorsouma, le directeur du théâtre national, a été on ne peut plus clair. “En prenant fonction il y a quatre jours, nous nous sommes aperçu que le théâtre national n’a pas d’archives. On ne peut pas avoir une entité d’une telle envergure sans un historique. Un théâtre national sous-entend un travail de création, de production et de diffusion. Ce qui suppose des conditions requises de travail dès le départ, afin de pouvoir mieux réfléchir pour bien produire”.
Ces trois entités sont créées en 2008 par deux arrêtés. Le théâtre national a attendu sept ans (du 21 janvier 2008 au 5 février 2015) pour organiser une formation à l’intention de ses vingt membres (dont quatre femmes) sélectionnés. Depuis lors plus rien !
L’orchestre national et le ballet national sont des abonnés de la célébration de la fête de l’indépendance du 11 août à la présidence de la République, suivant toujours le même mode opératoire. Les montants des cachets perçus ne sont connus que des responsables et de quelques cadres du ministère qui facilitent l’introduction à la fête. La répartition occasionne de manière récurrente des prises de bec et frictions à la limite du pugilat. Les trois nouveaux responsables sont unanimes quant à l’existence des ressources humaines disponibles, mais font de la question de la prise en charge des artistes membres une question prioritaire à résoudre.
Dans les réponses proposées par le ministre certaines ont retenu l’attention. “Il n’y a pas des textes régissant le centre, ni les trois entités nationales. Pensez à l’élaboration des textes qui vont régir le fonctionnement de ces différentes entités. Sans cela, il nous sera difficile de nous engager. Tout à l’heure, vous avez soulevé la question de la prise en charge des artistes, mais il faut que cela soit contenu dans un texte ou un cahier de charge. Avec le ministère, vous allez vous asseoir pour élaborer ces textes. C’est très important”. A bon entendeur, ….
Roy Moussa