En prélude à la campagne prochaine de riposte contre la poliomyélite, la direction de la vaccination a fait un briefing avec les médias, hier dimanche 7 novembre, dans les locaux du ministère de la Santé publique.
“Nous sommes ici pour vous faire un briefing par rapport à la situation de la poliomyélite. La polio est une maladie due à un virus sauvage qui, malheureusement, circule encore dans nos villages et quartiers. Cela est dû au fait que la couverture vaccinale au Tchad est très faible. C’est pourquoi son virus continue de circuler. A cet effet, nous devons organiser des campagnes de riposte dont le premier round se déroulera du 13 au 15 novembre et le second aura lieu quinze jours après. Si un seul enfant est atteint de la polio, il peut contaminer plusieurs autres autour de lui, d’où l’importance de la vaccination”, spécifie l’objet du briefing, la directrice de la vaccination Kadidja Attimer à l’entame de la rencontre. “Actuellement, 16 provinces sont atteintes. Nous sommes obligés d’aller vacciner nos enfants, les chercher dans tous les coins. C’est une campagne porte-à-porte destinée aux enfants âgés de moins de cinq ans.”
D’autres spécialistes ont tour à tour pris le relais pour sensibiliser les journalistes de l’importance de cette riposte vaccinale contre la polio à travers cinq présentations et justifié le bien-fondé de mener ensemble cette campagne. Le contexte épidémiologique, la mobilisation sociale, la gestion des rumeurs, le rôle des médias dans la campagne et les messages essentiels à véhiculer ont constitué les axes essentiels des échanges.
Bien curieux que cela puisse paraître, il y a trois ans, le Tchad a eu à éradiquer la polio sauvage. Cela lui a permis de figurer sur la liste des pays d’Afrique libre de polio pendant ce laps de temps. Mais les autres formes de polio ont ressurgi en 2019 avec 9 cas confirmés dans les localités de Mandélia et Mongo. Il est justifié cette résurgence par le fait que les épidémies arrivent toujours chez les enfants jamais ou mal vaccinés ou encore partiellement (sans finir les doses). Dr Claude Kacil de l’Unicef le confirme : “aujourd’hui, ce sont les autres formes de polio qui ont resurgi, parce que le statut vaccinal de certains enfants est incomplet”.
Une autre cause de la recrudescence : l’avènement de la pandémie de la Covid-19. Il a rendu difficile les campagnes de vaccination. Ainsi, des 9 cas confirmés en 2019, les tableaux et graphiques (2020) présentés montrent l’évolution des cas de polio S1 à S33 de manière suivante : mars 8 cas, juin 31 cas puis 33 jusqu’à 81 cas aujourd’hui. Ces cas sont localisés dans 14 régions et 36 districts sanitaires. D’où la nécessité de faire front commun et mettre ensemble les moyens de lutte en organisant une campagne de qualité et très rapidement.
Le lancement officiel de la campagne est prévu le 12 novembre 2020, dans la localité de Karal qui concentre en cette période de l’année un grand nombre d’éleveurs nomades et mobiles avec leurs enfants chez qui la plupart des cas de polio sont détectés. De fait, 4000 doses de vaccin à administrer sont prévues pour le premier round. Environ 8000 doses pour le deuxième qui s’étalera du 27 au 29 novembre 2020.
Roy Moussa
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