Roi est mort, vive le Roi

Le Mandoul est en deuil. Le président de la Ligue provinciale de football du Mandoul, Ndinga-Adal Yamidjimte Roi, est décédé des suites de maladie le 29 août 2021 à N’Djaména. Il a été inhumé le vendredi 3 septembre à Koumra, chef-lieu de la province. Roi était par ailleurs un grand acteur de développement de la province, car il était au cœur de plusieurs activités socioéconomiques et éducatives.

De nombreux témoignages attestent les bienfaits de l’homme et de son ardeur au travail. Le défunt est né le 22 décembre 1968 à Koumra, marié et père de 9 enfants. L’on retiendra du témoignage de Modobé Kari, le coordonateur du football des zones 4 (Chari-Baguirmi, Mayo-Kebbi Est et Ouest, Tandjilé) et 5 (deux Logone, Mandoul et Moyen-Chari) qu’il a découvert le regretté en 2004, lorsqu’il faisait partie d’un club de Koumra, qui était qualifié pour la première édition du championnat national à Sarh. “C’était un monsieur qui se donnait entièrement au football. Il ne faisait jamais les choses à moitié. Il a réussi avec l’appui du regretté Ali Besso, chef de canton de Sarh, à hisser l’équipe de la zone 5 à la première place, à l’issue du championnat”, rappelle-t-il. Pour lui, l’engagement de Ndinga-Adal Yamidjimte Roi à cette période était remarquable. A l’exemple des va-et-vient qu’il faisait au volant de sa pick-up pour transporter les joueurs à ses propres frais, et également les prendre en charge, jusqu’à l’encadrement. Il avait progressivement gravi les marches pour devenir dirigeant de l’équipe, puis président de la Ligue régionale du football, reconduit deux fois au poste et a représenté la zone 5 au championnat à N’Djaména. “Avant d’accéder au comité exécutif de la Fédération tchadienne de football en 2016 et a été reconduit avec l’équipe pour son 2ème  mandat qui vient de commencer. Et voilà qu’il est fauché par la mort”, regrette Modobé Kari. Le défunt entreprenait tout avec détermination et réussissait toujours, poursuit-il. C’est ainsi qu’en tant que coordonnateur de la région, il commence à craindre l’avenir du football dans le Mandoul. Parce que Roi s’investissait personnellement dans le football et n’attendait pas forcément les moyens de la ligue. “Comme on a coutume de le dire, le vrai bonheur on le regrette quand on l’a perdu. Je suis très inquiet à ce sujet. On dit souvent après la mort, on laisse un vide difficile à combler. C’est le lieu de dire que Roi laisse un vide difficile à combler et je le confirme”, dit-il. La force et les moyens que ce garçon utilisait pour développer le football dans le Mandoul est remarquable. “Nous sommes devenus presque des frères, au lieu d’être des collaborateurs dans le domaine du football. Le football du Mandoul a perdu un homme. Dieu qui agit dans sa parfaite souveraineté, donnera certainement un autre Roi à la famille du Mandoul, pour continuer son œuvre. La disparition de Roi est une grande perte pour nous, qui œuvrons dans cette discipline. C’est un cadre du développement du Mandoul qui a tiré sa révérence, parce qu’il n’investissait pas seulement dans le football. Roi est parti au moment où on a tous besoin de lui, malgré la suspension des activités de la fédération, nous pensons à lui. J’ai perdu un ami de lutte et de combat”.

Pour Monique Ngaralbaye Mayallah, ancienne ministre, l’avait connu quand elle travaillait dans le système des nations unies (Pnud), et quand le défunt avait lancé son centre agro sylvo pastorale dénommé Gael avec un groupement. “J’avais découvert en lui un jeune dynamique qui était déterminé à faire quelque chose dans sa région. Depuis lors, nous avons gardé le contact. Et comme je m’intéressais également à l’agriculture, il a été d’un grand appui pour moi, dans la production du sésame et du choix des semences. Nous avons beaucoup travaillé ensemble et le summum, c’est notre association dénommée “Notre Mandoul” qui se regroupait ici à N’Djaména. Quand nous avons décidé de mettre sur pied une cellule locale à Koumra, il avait été intéressé et s’est impliqué. Son engagement s’expliquait par le fait qu’il avait fondé une école primaire mais aussi un centre de formation en santé. Pendant des mois intenses, nous avons ensemble préparé le forum sur le système éducatif au Mandoul. Grâce à son dynamisme, il a été au centre de l’organisation de ce forum tenu du 23 au 25 mai 2019, qui a réuni plus de 200 personnes à Koumra et a pris en charge, malgré les moyens dérisoires réunis, une bonne partie des rubriques. Pendant trois jours, nous avons été nourris, logés et cela s’est très bien passé. Il avait par la suite, organisé des missions de terrain pour le suivi des recommandations du forum. Il remontait régulièrement au comité, les informations malgré les difficultés de connexions Internet. C’était un monsieur hors pair et pluridisciplinaire dans le Mandoul. C’est avec beaucoup de peine que je parle de lui, parce que je ne veux pas parler de Roi au passé. Difficile d’imaginer qu’il puisse mourir comme ça. J’étais à Koumra il y a deux semaines et comme je n’arrivais pas à le joindre, je me suis rendu à Gael et on m’a dit qu’il était à N’Djaména. De retour, on m’a informé qu’il était malade, de l’hôpital la Renaissance, on l’a transféré à la clinique Providence. Quand je suis allé le voir, c’était une autre personne et non ce monsieur dynamique, plein d’entrain et d’énergie que je connaissais. Toute la région perd un fils, un opérateur économique, un initiateur et incubateur de pleins de projets  pour la région, également un créateur d’emploi qui lutte contre l’exode rural. C’est une grande perte pour nous”.

La rédaction du journal N’Djaména Hebdo adresse ses sincères condoléances à la famille, aux parents et connaissances du disparu.                  

Roy Moussa

 

Parcours de Roi

Le regretté était fondateur du groupement arboriculture et éleveur, président des apiculteurs du Mandoul et chargé de communication dans la sous-région Afrique centrale des apiculteurs. Membre du comité exécutif de la Fédération tchadienne de football, il était président de la Ligue provinciale de football du Mandoul. Roi est également un élu de la Chambre de commerce, d’industrie, d’agriculture et de l’artisanat de la province du Mandoul. Fondateur d’une école de Santé (Epfsk), d’une école primaire et d’un collège “La Référence”, il était pharmacien au centre de santé de Bédaya et du district sanitaire de Médecin sans frontières, ainsi que gestionnaire de la pharmacie régionale d’approvisionnement.                         RM