De janvier à mars, il y a de la tomate fraiche en abondance dans les différents marchés de la capitale. Mais une grande partie de ces légumes très prisées dans les plats atterrit à la poubelle faute de conservation ou de transformation.
A l’entrée du marché “Dombolo”, dans le 3ème arrondissement municipal, on observe des minibus remplis de caisses de tomates fraiches tout au bord de la voie. Des caisses bien bourrées sont laissées sous le soleil. Dans certains endroits, ces légumes sont étalés à même le sol. C’est dans toutes ces intempéries que cette denrée alimentaire est exposée. Une odeur nauséabonde se dégage tout au tour de ce marché.
Alors que les grossistes parcourent des kilomètres dans des villages et villes lointains, pour s’approvisionner.
Mais à cette période, l’abondance dicte le prix. La tomate qu’on achetait 3 à 100 FCFA se vend maintenant entre 5 ou 6 à 100 FCFA.
“En cette période, la tomate est moins chère, avec 200 FCFA tu peux avoir une grande quantité”, confirme une femme rencontrée à la sortie du marché Dombolo. Pour les grossistes, cette abondance entraine un manque à gagner. “La vente de tomate cette année nous décourage. Une caisse de tomate qui se vendait à 10 000 voire 11 000 FCFA dans les années passées a chuté jusqu’à 8000 voire 7000 FCFA. Même avec ça, nous n’arrivons pas à vendre la quantité amenée sur le marché”, se lamente un grossiste.
Pas de moyens pour conserver
A cause de la mévente de ce produit sur les différents marchés, une grande quantité est abandonnée partout sur les poubelles de la capitale.“C’est par découragement que nous abandonnons les invendus dans les poubelles, on souffre pour cultiver et encore pour vendre il faut te tracasser. Donc quand il y a mévente, nous sommes obligés de déposer le reste sur les ordures”, se plaint Mahamat Issa, un des producteurs.
Pour d’autres, il leur manque des techniques et moyens de conservation. “Je ne connais pas les moyens et techniques de conservation, sinon je ne veux pas jeter mes tomates à la poubelle”, souligne Ngassisou Issa, un autre producteur.
Passée cette période de production, l’on va constater la rareté des tomates fraiches sur les marchés de N’Djaména. Même si un adage dit que “l’abondance ne nuit pas’’, le Tchad importe beaucoup plus la tomate concentrée et en poudre. Ne serait-il pas mieux d’enseigner aux producteurs et vendeurs des techniques de conservation?
Selon Achta Abakar, formatrice des femmes en transformation des produits locaux et produits cosmétiques, il faut former et outiller les femmes dans la transformation de ce fruit, bien que les femmes tchadiennes et le gouvernement ne s’adonnent pas à la transformation des produits locaux. “Les femmes tchadiennes ne veulent pas s’adonner à la transformation des produits locaux et même le gouvernement ne songe pas à ça. Jusqu’à là, il n’y a pas une usine de transformation des produits locaux au Tchad, à ma connaissance”, renseigne-t-elle.
Pour elle, même si l’Association des femmes “Said-al-awine”, qu’elle a dirigée, œuvre dans ce secteur, le résultat est insignifiant puisque cette Association ne dispose pas des machines. Elle n’utilise que des moyens artisanaux pour transformer certains produits locaux.
L’occasion pour Achta Abakar d’expliquer les techniques et moyens de conservation qui consistent à sécher la tomate et la rendre en poudre ou la faire concentrer dans une boite. Selon elle, cette conservation peut durer 3 ans.
Même s’il existe des groupements féminins qui œuvrent dans la transformation ou la conservation de ce fruit au Tchad, beaucoup reste à faire pour éviter une abondance qui nuit. L’Etat doit penser à l’industrialisation de cette denrée alimentaire.
Mitan Maxime, stagiaire