En dépit du “nettoyage” consécutif à l’opération “Colère de Bohoma”, censée sonner le glas des activités des groupes armés non étatiques, la situation sécuritaire demeure volatile et préoccupante dans la province du Lac.
L’opération “Colère de Bohoma”, menée par l’Armée tchadienne et à coups de tapage médiatique entre fin mars et début avril de l’année en cours avait deux objectifs principaux : venger la centaine de soldats tués par les éléments de la secte Boko haram sur l’île de Bohoma au petit matin du 23 mars et nettoyer les îles de la partie tchadienne du Lac Tchad, des groupes armés non étatiques. Si le premier objectif est atteint au regard du nombre de morts des illuminés de Boko haram communiqués par l’état-major général de l’armée tchadienne, le deuxième est loin d’obtenir des résultats escomptés. A cause de “la recrudescence des attaques armées, parfois suivies d’exactions et enlèvements de civils”, informe une source au Lac. Une information qui corrobore celle donnée par le bureau de coordination de la réponse humanitaire Ocha/Tchad dans son rapport de situation rendue publique à la fin du mois de septembre. Cette fois-ci, les groupes armés recourent à une autre méthode : la pose des engins explosifs improvisés. “Deux incidents liés à l’explosion des mines artisanales ont fait quatre blessés et deux morts. Ces incidents sécuritaires ont été enregistrés au niveau des sous-préfectures de Ngouboua, Kaiga Kindina et au sud de Bol”, renseigne le même rapport de situation. Cette source rapporte aussi que “des rumeurs d’infiltration de sites de déplacés se multiplient, de même que les attaques ciblées … En outre, plusieurs cas d’incursions avec extorsion des biens, enlèvements (surtout des femmes) et tueries aux groupes armés non étatiques”. Le document mentionne “par ailleurs que tout comme la région de l’extrême nord du Cameroun et dans les zones limitrophes du Tchad, à N’Djaména et à Kousséri, la province du Lac a été la cible de fortes menaces d’enlèvements des acteurs humanitaires à la fin du mois d’août”. Ces différents incidents ont eu un impact sur l’accès humanitaire, essentiellement dans la partie ouest, considérée comme une zone d’opérations militaires et qui est frontalière avec le Niger, le Nigeria et le Cameroun. Du coup, ce sont les populations qui en font les frais et vivent de plus en plus dans la précarité la plus totale.
Au finish, l’opération “Colère de Bohoma” n’aura permis qu’à venger les soldats tués par les éléments de Boko haram. Mais quant au nettoyage de la secte de la province du Lac, il n’a duré que le temps d’un feu de paille. Et le problème de Boko haram demeure comme un caillou dans la chaussure du président Déby.
Togmal David