Malick Ibet Ibrahim, le chargé de mobilisation adjoint de la Convention tchadienne pour la défense de droits de l’homme (Ctdh), médite sur son sort dans les locaux de la police judiciaire depuis le 15 novembre 2019, pour une affaire de meurtre qui remonte à 2014.
Son arrestation est rendue publique par un point de presse conjoint du porte-parole de la police, le commissaire Paul Manga, et du procureur de la République près le tribunal de grande instance de N’Djaména, Youssouf Tom, le 22 novembre 2019 à la direction générale de la police nationale. Les deux hommes se sont relayés devant les micros et caméras pour expliquer les faits reprochés au mis en cause et la procédure ayant abouti à son arrestation.
En effet, en date du 7 avril 2014, mademoiselle Fatimé Hamza Moussa, mineure de 17 ans et élève en classe de Terminale au lycée Arabe Goni Dorodoumé, a été enlevée puis abattue avec une arme à feu au domicile du suspect, Malick Ibet Ibrahim, qui a lui-même fait des aveux sur les détails de cette scène macabre.
Dans ses déclarations lors de l’interrogatoire, le suspect reconnait avoir éliminé la jeune Fatimé Hamza Moussa, mais par incandescence. Selon lui, c’est en manipulant simplement l’arme que la balle mortelle a été tirée de manière involontaire. Pris de panique, il a emballé le corps de sa victime dans une housse de matelas pour le déposer dans un véhicule et ensuite l’abandonner au pied du mur de l’aéroport international Hassan Djamous de N’Djaména. L’arme de crime, un calibre 12, enfouie au domicile du suspect a été déterrée et présentée comme pièce à conviction.
“Curieusement, l’arrestation de ce bourreau bien identifié fait l’objet de tapages médiatiques depuis quelques jours par certaines organisations de la société civile et des syndicats qui se font passer pour des avocats du diable sans vérification des faits. Nonobstant la reconnaissance des faits qui lui sont reprochés, ces organisations signent et persistent en innocentant l’auteur de cet acte criminel et odieux”, fustige le porte-parole de la police nationale, Paul Manga.
Apportant de l’eau au moulin du porte-parole de la police nationale, le procureur de la République près le tribunal de grande instance de N’Djaména, Youssouf Tom, prévient que l’arrestation d’un militant d’une association des droits de l’homme, va faire beaucoup de spéculations et faire couler sans doute beaucoup d’encre et de salive. “Mais du moment ou l’auteur lui-même reconnait les faits, il ne reste qu’à le déférer à la justice pour que le droit soit appliqué. Nous attendons que la police judiciaire boucle son enquête, et à la lumière des preuves dont elle dispose, nous pourrons qualifier les fait”, ajoute-t-il.
La Ctdh se désolidarise
Du coté de Ctdh, l’on brandit le caractère individuel de l’acte commis par Malick Ibet Ibrahim. “Nous sommes surpris de la teneur du point de presse conjoint du procureur de la République et du porte-parole de la police nationale. Parce que l’essentiel de cet exercice consiste à marteler sur la Ctdh, alors que notre alerte au jour de l’arrestation de notre camarade est une procédure habituelle d’urgence que notre organisation lance le plus rapidement possible afin de prévenir d’éventuelle atteinte à son intégrité physique. Cette alerte n’a fait mention ni de la police ni de l’Agence nationale de sécurité (Ans), mais des individus qui l’ont menotté et l’ont mis dans un véhicule de marque Corrola. Ensuite, nous nous sommes rapprochés de la police qui nous a expliqué les motifs de son arrestation. Le suspect également nous a raconté sa version des faits. Au regard de ses explications, nous lui avions dit qu’il s’agit d’un acte grave qui nous oblige à nous désolidariser. Nous lui avons simplement demandé d’être courageux dans cette épreuve dont les faits établis sont contre lui, donc la police n’a aucune raison de traiter la Ctdh comme un nid de criminels”, rétorque Mahamat Nour Ibédou, secrétaire général de la Ctdh.
ANG