Le geste est unanimement apprécié. Le gouvernement tchadien qui non seulement facilite le retour des étudiants tchadiens au Cameroun où ils étudient, en leur accordant une autorisation collective de circuler, mais bien plus, finance leur transport jusqu’à la frontière en déboursant plus de 60 millions. C’est bien la première fois qu’on voit le gouvernement réagir aussi promptement, pour s’occuper de ses citoyens en difficulté. La république en est honorée. Mais ce fait si encourageant en soi, ne doit pas occulter les problèmes inextricables de l’éducation de nos enfants.
Il y a dans les universités camerounaises, plus d’étudiants tchadiens, que dans leur propre pays. C’est une anomalie inédite que le Tchad est le seul pays au monde à entretenir. La plupart des pays mettent un point d’honneur à créer des structures et des cadres appropriés pour assurer la formation de leurs jeunes. Les Tchadiens doivent courir l’Afrique pour avoir des formations de qualité, que leur pays ne peut leur offrir. Rien que cette négligence coupable explique pourquoi nous sommes l’un des pays les plus arriérés de la terre.
Que la gymnastique faite pour ramener les étudiants au Cameroun, nous interpelle sur la déliquescence de notre système éducatif. Un pays ne se définit pas uniquement par un drapeau et une armée, mais, entre autres, par sa capacité à former ses enfants et à leur offrir un emploi. Le Tchad est non seulement incapable d’offrir un cadre convenable de formation à ses jeunes, mais ceux qui ont été formés à l’extérieur grâce aux sacrifices de leurs parents, n’ont d’autres perspectives à leur retour, que le chômage. Cette situation intolérable mérite une nouvelle conférence nationale. Le Tchad doit non seulement se réapproprier l’éducation de ses enfants, mais surtout concevoir une véritable politique d’emploi pour les jeunes, qui passe forcément par une révolution économique et une révision en profondeur de nos schémas de développement. Ce qui est totalement hors de portée du gouvernement présidé par Idriss Déby.
Gata Nder