Vaccin anti Covid-19, la mayonnaise prend doucement

Après une longue période de réticence de la population, les sites retenus pour la vaccination sont progressivement en train d’être débordés.

Dans les différents sites de vaccination, les journées de travail deviennent de plus en plus chargées, contrairement au début de la campagne de vaccination. Depuis le lancement de campagne le 4 juin, plus de 13912 doses de vaccin sont administrées à la population de N’Djamena. Jeudi 25 août, à l’hôpital général de référence,  derrière le bâtiment de cardiologie, le site de vaccination est bondé de monde. Dès l’entrée dans le hall principal, un agent de santé prend la température corporelle et donne le gel hydro-alcoolique puis, oriente en fonction de la dose à prendre. Les personnes qui se pointent pour la première fois sont orientées à droite où elles sont assises sur des blancs afin de se rendre dans la salle d’enregistrement. Là, la personne décline son profil, ses pathologies antérieures et ses coordonnées puis choisi entre le vaccin Pfizer ou Sinopharm. Ensuite, elle prend la fiche pour s’introduire dans la salle d’injection. Aux alentours de la salle d’injection, se trouvent deux grandes salles de repos. Il faut se reposer 15 minutes après injection dans ces salles afin de voir si le virus risque de déclencher une maladie enfuie. Et deux salles contenant cinq lits médicalisés disposés pour des personnes diabétiques ou ayant de la tension. Celles-ci se reposent dans ces salles et sont suivies de près par les agents de santé.

Celles qui sont venues pour prendre la deuxième dose sont orientées dans une salle à gauche ou sont arrangées des centaines de fiches.  Elles récupèrent leurs fiches puis partent prendre leurs doses. Ce jour, une délégation de la chambre de commerce et celle de Uba sont venues prendre leurs doses. Ce qui a davantage augmenté le nombre de personnes. Certaines sont obligées de quitter le centre pour chercher un autre à force d’attendre dans le hall. 24 h plus tôt, dans ce même site, il y’a eu une rupture de stock de seringues. Il a fallu attendre plus de 30 minutes avant que les injections ne reprennent. A ce jour, le site de l’Hgrn a administré plus de 2583 doses de vaccins (les deux types  de vaccins cumulés) pour une moyenne variant entre 30 à 80 personnes vaccinées par jour.

A quelque mètre de là, sur le site de l’hôpital de la mère et de l’enfant (Hme), Dr Yaya Saka, gestionnaire du site, fait un tour de routine. Il supervise et assiste de temps en temps les 12 agents déployés au dit centre. Contrairement au  site de l’Hgrn, celui de l’Hme est divisé en deux bâtiments. Le premier est dédié aux injections et enregistrements, le second est pour le repos, le retrait des fiches et des orientations sur le vaccin. Le site de l’Hme a vacciné à ce jour, 26 août  plus 3309 personnes.

Aux services des grandes endémies, le site a fait d’une pierre deux coups. Il a cumulé les vaccins de la fièvre jaune et de la covid-19 dans la même salle. Une stratégie récente qui a porté ses fruits car, selon le gestionnaire, le nombre a doublé ce qui fait plus de 1700 vaccinés.

Selon certaines personnes venues se faire vacciner, c’est un devoir civique afin de lutter contre la propagation du virus. D’autres évoquent des raisons de voyage à l’international ou bien un geste simple de suivisme. Mais pour le Dr Yaya Saka, la population a brisé la peur : “il y a eu des spéculations sur le vaccin au début,  entre autres la faiblesse sexuelle, des marques sectaires,…. Mais quand les premières personnes ont témoignés que toutes ces théories ne sont pas avérées, la réticence et la peur ont disparu”, explique-t-il.

Comme tout vaccin, il y a des effets secondaires. “Les deux premiers jours, mon bras gauche était complètement paralysé s’en est suivi des maux de tête et le palu”, témoigne une personne vaccinée. Pour Dr Yaya Saka, c’est simplement le stress. Toutefois, il évoque que certaines personnes reviennent exposer des problèmes de maux de tête ou fièvre que le site traite aussitôt.

Il faut noter que le Tchad compte en tout 22 sites de vaccination et 5 cliniques mobiles.

Les vaccins sont conservés dans les locaux du Programme élargi de vaccination. Ils sont déployés chaque matin dans les différents sites de vaccination. Le restant est repris tous les soirs également. En tout, 200 000 doses du vaccin sinopharm sont offertes par la Chine le 2 juin et 100 620 doses du vaccin Pfizer reçues le 23 juin.

 

L’urgence de fédérer les forces

Dans le souci de faire vacciner la majorité de la population, le Ministère de Santé publique a lancé une campagne de communication et de sensibilisation pour le changement de comportement face à la covid-19 dans la ville de N’Djamena, le vendredi dernier. Dans cette guerre contre les réticents, plusieurs actions sont prévues après les échanges avec les médias. Une caravane dans la ville de N’Djaména avec des artistes comédiens et musiciens, une campagne d’affichage des messages significatifs et interpellateurs, une campagne de proximité dans les ménages. Pour Hanana Douga, 1ere maire adjointe de la commune de N’Djamena, “vaincre la Covid-19 est possible mais cela nécessite l’engagement de toutes les couches”. Dans le même sciage, Dr Ismael Barh Bachar, Dg du Ministère de la Santé publique évoque l’urgence d’unir les forces contre le virus. “Dans un contexte aussi complexe que le nôtre actuellement, nous devons tout mettre en œuvre pour que les populations se déplacent dans la quiétude. Il est urgent de fédérer nos efforts pour le changement de comportement”, exhorte Dr Ismael Barh avant d’appeler les tchadiens à “aller se faire vacciner pour une sécurité et une mobilité fluide”.

Selon le rapport de la situation épidémiologique du 25 août, depuis le début de la pandémie, 174 décès sont enregistrés sur  4987 cas recensés. Il y a eu 68954 personnes mises en quarantaine.

Nadjindo Alex