Madjitobaye Mankomra, nanti d’un master en infectiologie tropicale, n’a pu trouver mieux à faire que d’être enseignant contractuel de la biologie. Agé d’une trentaine d’années, le natif de Békamba dans la province du Mandoul, a décroché respectivement en 2013 et 2014, la licence puis la maîtrise en sciences biologiques à la Faculté des sciences exactes et appliquées de l’université de N’Djaména. En 2015, il obtient une bourse de l’Agence universitaire de la Francophonie qui l’a conduit à l’Ecole doctorale régionale en infectiologie tropicale, à Franceville au Gabon. Il en sort avec un Master en infectiologie tropicale, dont le thème de mémoire est: “Diversité génétique et épidémiologique des coronavirus hébergés par les animaux sauvages au Gabon”. Madjitobaye Mankomra conclut à l’issue de ses recherches que “les chauves-souris hébergent les coronavirus. Les consommer constitue un risque de transmission des coronavirus à l’homme”.
Après avoir soutenu, il rentre au bercail dans l’espoir de mettre son savoir au service de ses compatriotes. Il effectue plusieurs stages, notamment à l’Institut de recherche en élevage pour le développement (Ired) dans les unités virologie, bactériologie, biochimie, parasitologie, biotechnologie et épidémiologie, au laboratoire d’analyses biomédicales de l’Hôpital de l’amitié Tchad-Chine dans les unités hépatologie, biochimie, virologie, immunologie, etc. Des stages qui ne lui ont pas ouvert les portes de l’emploi.
Sans se décourager, le jeune infectiologue vire dans l’enseignement, comme la plupart des diplômés sans emploi du Tchad. Il fait partie des contractuels scientifiques recrutés en 2018 pour l’enseignement au secondaire. Sa spécialité aurait pu aider le pays dans le contexte actuel de la lutte contre la pandémie du coronavirus. Mais il n’a pas été sollicité, son dossier moisit, comme tant d’autres, dans les tiroirs de la Fonction publique.
Il espérait pouvoir approfondir ses recherches, s’il était impliqué d’une façon ou d’une autre, dans la gestion de la pandémie de la Covid-19.
Malheureusement, son thème de recherche en master sur les coronavirus n’a pas frappé dans l’œil des autorités sanitaires du pays, surtout celles qui gèrent l’actuelle coordination de gestion de crise sanitaire.
Madjitobaye Mankomra déplore le fait que le Tchad ne travaille pas suffisamment en réseau avec d’autres pays de la sous-région, en matière de surveillance épidémiologique. Il suggère, par ailleurs, que le ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation s’y intéresse le plus tôt possible. Actuellement, l’infectiologue en chômage, réduit à l’oisiveté, continue de chercher ardemment un emploi tout en espérant une hypothétique intégration à la Fonction publique. Ce, afin de lui permettre d’avoir les moyens en vue d’approfondir ses recherches.
Lanka Daba Armel