Bras de fer entre le ministère de la Sécurité et les organisateurs de la marche du 06 février. Une marche inspirée de l’Hymne national: “Ta liberté naitra de ton courage’’. Elle est donc maintenue malgré son interdiction.
Ce 6 février 2021, pendant que le Mps serait en train d’investir son candidat pour la présidentielle d’avril prochain, en même temps le “Consensus d’actions républicaines de progrès’’ entend belle et bien marcher contre l’investiture du président Idriss Déby Itno pour briguer un 6ème mandat. Cette marche est dénommée “Marche et action du peuple pour la justice, l’inclusion et l’alternance en 2021’’. A l’origine de cette initiative, des organisations de la société civile et des partis politiques. Parmi les principaux acteurs, on peut citer, Mahamat-Nour Ibedou, Clément Abaïfouta (Association des victimes de Hissein Habré), Hissa Hissein (Prn-Ppl), Mahamat Oumar Brahim (Conajepdt), Jean-Michel Djerané (Ctpd), Max Loalngar (Ltdh), Masra Succès (Les Transformateurs). Ils disent ne représenter qu’une minorité des initiateurs de la marche du samedi 06 février à 9h sur l’ensemble du territoire national et dans la diaspora. Leur porte-parole, Masra Succès a indiqué qu’il y a “10+1 raisons de marcher. Nous allons marcher d’abord pour revendiquer le droit de marcher, contre un pouvoir qui n’a aucun résultat, qui ne respecte pas ses engagements vis-à-vis de l’Union africaine, qui confisque l’alternance depuis 31 ans, qui exclut la majorité de son peuple en établissant un apartheid dans la Constitution, qui ne respecte pas son engagement vis-à-vis des syndicats, qui fait des promesses non tenues aux jeunes, chômeurs, étudiants boursiers, qui ne respecte pas sa signature et ne paye pas les commerçants et entrepreneurs ( 4000 milliards de dette intérieur), qui n’exécute pas les décisions des milliers de décision de justice, qui n’assure pas la sécurité de son peuple’’. C’est pourquoi il invite tous les tchadiens à sortir massivement le 6 février pour exprimer leur colère. “Si vous ne pouvez pas marcher, chantez, si ne vous pouvez pas chanter, criez. Si vous ne pouvez pas crier, faites une opération tintamarre, sifflez, bref faites quelque chose pour exprimer pacifiquement votre colère’’. Pour les organisateurs de la marche, le pouvoir en place a un résultat indéfendable. En 30 années, le Tchad bat les mauvais records et sur tous les plans : 157e/157 en terme d’indice de capital humain, 140e/140 en compétitivité et dernier sur les plans sanitaire éducatif, infrastructurel, etc. C’est ainsi que Clément Abaïfouta, en parabole appelle tous tchadiens à marcher. “ En tant qu’un fils de pêcheur, on m’a appris que le sel empêche le pourrissement du poisson. Notre marche joue le rôle du sel. Ceux qui ne s’associent pas à nous pour cette marche sont complices du pourrissement’’ argue-t-il.
Sitack se paye Orozi
Le 1er février, le ministre de la Sécurité publique et de l’migration, Mahamat Tahir Orozi a par un arrêté, interdit les marches prévues les 04, 05, 06 et 07 janvier estimant qu’elles sont susceptibles d’engendrer des troubles à l’ordre public. Dans cet arrêté, le ministre a cité l’ordonnance no046 du 28 octobre 1962 relative aux attroupements. Mais pour Dr Sitack Yombatina Beni, juriste, par ailleurs vice-président des Transformateurs, cet arrêté signé des “autorités voyous d’après les textes juridiques est de nul effet. Quand il n’y a pas de droit, il ne reste qu’un régime de voyous avec des dérives intellectuelles et morales, de la misère et d’immense souffrance. Nous sommes exactement aujourd’hui au Tchad dans ce régime. Le ministre a pris cet arrêté en écoutant les rumeurs du quartier, il fonctionne avec la trouille. Il cite un texte complètement illégal. Il n’y a pas une ordonnance du 28 octobre 1962 mais du 27 octobre 1962. Le ministre et son staff sont incapables de citer même un texte qui existe ! Cela est suffisant pour qu’on ne considère plus ce papier. Ce texte (ordonnance) est tombé en désuétude depuis longtemps parce que la constitution du 16 avril 1962 à la suite de la laquelle on a pris cette ordonnance n’existe plus. Parmi ceux qui doivent assurer la sécurité, il y a le chef de poste administratif qui n’existe plus, un officier de police judiciaire non militaire, les condamnations se rapportent au code pénal de 1662 alors que M. Déby a signé le dernier code pénal le 08 mai 2017. D’où vient-il qu’on le cite à chaque fois que les tchadiens veulent manifester pacifiquement ?’’, interroge Sitack. Il faut noter que le ministre a refusé de faire décharger la demande d‘autorisation de marche du “Consensus d’actions républicaines de progrès’’. La marche du 06 février est donc maintenue car “désobéir à une loi injuste est un devoir civique’’, souligne Masra Succès avant d’adresser un message spécial aux forces de l’ordre. “Entre deux camps, soyez du côté de la République, travaillez avec votre conscience. Même dans l’armée, il est dit qu’il faut désobéir à une décision injuste’’. Tout de même, les marcheurs sont réalistes “ même si nous faisons que 10 mètres de marche, il aura d’impact’’, encourage Mahamat-Nour Ibedou.
Lanka Daba Armel
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