A l’évaluation de la lutte pour l’éradication du ver de Guinée au Tchad

Le programme national d’éradication du ver de Guinée (Pnevg) tient depuis le 2 février dans un hôtel de la place, la 9ème revue annuelle de ses activités en collaboration avec ses différents partenaires de mise en œuvre.

“La ville de N’Djaména a enregistré, de 2014 au 31 décembre 2021, 14 infections animales dont 11 chiens et 3 chats, dans les 7ème et 9ème arrondissements”, déclare le secrétaire général adjoint de la commune de N’Djaména, Hassan Ali Oumar, pour justifier le choix de la capitale qui n’est pas fortuit en termes de l’importance des cas enregistrés, pour abriter la 9ème revue annuelle des activités du Pnevg.  N’Djaména n’est donc pas à l’abri de la maladie du ver de Guinée, à plus fortes raisons les campagnes et villages.

“Il nous faut être agressif car, nous connaissons ce que nous voulons et devons faire. Mais pour y parvenir, nous avons l’obligation de veiller à ce que tous les villages atteints par le ver de Guinée aient accès à l’eau potable. Ce qui est une voie sûre pour éradiquer cette maladie”, emboîte le pas au secrétaire général adjoint de la ville de N’Djaména, le vice-président du Centre Carter, Dr KashefIjaz. Pour lui, le Tchad reste l’épicentre de la maladie avec 88% des cas rapportés au niveau mondial.

Le représentant de l’Organisation mondiale de la santé au Tchad, Dr Jean-Bosco Ndihokubwaya rappelle pour sa part que la maladie du ver de Guinée continue à sévir dans 5 pays africains. Il s’agit de l’Angola avec une infection et un cas, l’Ethiopie avec 8 infestions, le Mali : 9 infections, le Soudan du Sud 4 : cas et le Tchad : 47 cas et 1973 infections. Il ajoute que 99% des infections et 88% pour les cas mondiaux sont rapportés au Tchad. “L’année 2021, marque une année d’espoir pour le Tchad et l’Afrique entière. En effet, le Tchad qui, en 2019 rapportait 47 cas et 2000 infections (chiens et chats confondus) a noté une réduction significative des cas et infections au courant de l’an 2021 qui n’en a enregistré, selon les données provisoires du Pnevg que 7 cas et 832 infections (soit 767 chiens et 65 chats infectés)”, précise Dr Jean-Bosco Ndihokubwaya. “Il est possible de franchir la dernière ligne droite de l’éradication de la dracunculose. Mais pour y parvenir, nous devons tous capitaliser nos efforts, renforcer la surveillance et la riposte de la maladie sur l’étendue du territoire national”, prévient-il.

Dans son discours d’ouverture, le secrétaire général du ministère de la Santé publique et de la solidarité nationale, Dr Ismaël Barh Bachar, fait remarquer que les résultats enregistrés par le Tchad en ces dernières années (2020 et 2021) sont satisfaisants. Toutefois, pour renforcer et maintenir les efforts en cours, il faut intensifier la surveillance transfrontalière, notamment avec le Cameroun qui, depuis 2018, notifie des cas et des infections animales et la République centrafricaine. Ismaël Barh Bachar estime que la situation épidémiologique de la maladie du ver de Guinée interpelle tous les acteurs intervenants dans la lutte contre cette maladie. “L’arrêt de la transmission de cette maladie nécessite une mobilisation de ressources additionnelles et un partenariat multiple et varié”, tend-il la main. Il demande aux autres ministères, surtout à celui de l’Eau et de l’environnement, celui de la Communication et de l’élevage pour une synergie d’actions afin de redynamiser les stratégies nationales en cours pour l’arrêt de transmission de la dracunculose. Aux ménages propriétaires de chiens et chats, Dr Ismaël Barh Bachar demande d’adhérer à la stratégie d’Attachement prolongé des chiens et chats (Apcc) pour circonscrire leur errance afin d’éviter la contamination des sources d’eau. Au personnel de santé, relais communautaires et agents de santé villageois de vulgariser auprès de la population la connaissance de la maladie du ver de Guinée et le système de récompense.

Maladie parasitaire causée par un ver appelé dracunculus, le ver de Guinée ressemble à un long fil blanc qui n’a à ce jour ni traitement ni vaccin, expliquent les supports de communication du Programme national.  Celle-ci se transmet principalement par le fait de boire de l’eau de mare et du fleuve non filtrée ou non bouillie, manger des animaux aquatiques (poissons, grenouilles, etc.,) mal-cuits ou leurs boyaux contaminés par les larves du parasite. Toutefois, on peut l’éviter. En buvant de l’eau de forage, de l’eau de mare et de fleuve filtrée ou bouillie, bien cuire les aliments. En outre, il faut enterrer les boyaux de poisson ou les brûler quelle que soit la quantité pour que les chiens et chats ne s’infectent pas en les mangeant.

Minnamou Djobsou Ezéchiel