La Convention relative aux droits de l’enfant (Cde) été adoptée, il y a 30 ans. L’Unicef et le gouvernement ont fait le bilan cette année en commémorant la journée consacrée à l’enfance à travers diverses activités sur plusieurs sites de la capitale.
N’Djaména, à l’instar des autres villes du Tchad et d’ailleurs a arboré la couleur bleue. Etre en bleu est un concept propagé par l’Unicef pour témoigner la solidarité et l’engagement de la population à respecter les droits de l’enfant à travers des lumières bleus et le port de tee-shirts de même couleur.
La semaine de l’enfance a débuté le 17 novembre par un match de football dont les équipes ne sont constituées que d’enfants. Cette activité revêt un caractère réjouissant et favorise le brassage entre les jeunes. Elle brise le complexe fille-garçon. Le chargé de communication de l’Unicef, Christophe Verhellen estime que “le sport est un excellent moyen pour unifier les enfants. Grâce au sport, ils se font confiance et renforcent leurs liens en se regroupant autour d’un objectif commun”.
Le centre Don Bosco a abrité le village de la Cde 30. Durant quatre jours, des activités socio-éducatives et culturelles pour les enfants s’y sont déroulées dans les après-midi. “Une fête du Tchad, une fête des enfants du Tchad, une fête à nous tous”, se réconforte Tchindoksou Tera, représentant de la ministre de la Femme lors de l’atelier d’information sur la Cde.
20 novembre, journée mondiale commémorative de l’enfance. Une cérémonie officielle organisée à la Maison de la femme donne un autre ton aux festivités qui prennent fin dans l’après-midi.
La représentante de l’Unicef au Tchad, Dr Viviane Van Steirteghem, a trouvé que “la célébration du 30ème anniversaire est spéciale. C’est l’occasion, dit-elle, pour le gouvernement du Tchad et ses partenaires de renouveler leurs engagements à agir en faveur des droits de l’enfant”.
La directrice de l’enfance a renchérit à son tour: “c’est l’occasion de mener des actions stratégiques de plaidoyer en suscitant l’intérêt des enfants, des adolescents et des jeunes en incitant le gouvernement à agir pour l’application intégrale des instruments relatifs aux droits de l’enfant”.
30 ans après, le Tchad renouvèle son engagement à la promotion des droits de l’enfant et à les faire respecter.
“Le progrès social, économique et environnemental est l’affaire de tous et les enfants y jouent un rôle non négligeable… Ils sont notre plus précieux atout si nous voulons bâtir un monde pacifique, juste, inclusif et prospère, pour aujourd’hui et pour demain”, a ajouté la représentante pays de l’Unicef.
Quel bilan 30 ans après?
A la Maison des médias du Tchad, les responsables de l’Unicef en collaboration avec la Haute autorité des média et de l’audiovisuel (Hama), font le point sur la situation des droits de l’enfant au Tchad. Un bilan pas fameux du tout, 30 ans après l’existence de cet instrument juridique.
“Au Tchad, malgré le travail effectué, il reste des efforts à fournir. Prenons le droit à la survie et à la santé, la mortalité chez les enfants de moins de 5 ans a baissé de manière significative entre 2005-2017. En 2005, 17 enfants sur 100 n’atteignaient pas leur cinquième anniversaire; en 2017, ce chiffre est tombé à 12 enfants sur 100 grâce aux efforts accomplis, mais c’est toujours 12 enfants de trop”, a déploré la représentante de l’Unicef au Tchad.
Les rapports enfoncent le clou. Un enfant sur deux en âge scolaire n’est toujours pas à l’école. Et ces enfants se voient confiés un travail contre-indiqué par rapport à leur jeune âge. Malgré l’interdiction formelle du mariage des enfants, la pratique persiste sous le poids de certaines traditions. Par ailleurs, seulement 9% des enfants de moins de 5 ans possèdent un acte de naissance. Déplorant ces statistiques plutôt alarmantes, la représentante de l’Unicef estime qu’elles connaîtront d’ici peu une amélioration, grâce aux nouvelles possibilités qu’offre le 21e siècle en matière de technologies et de l’innovation. Toutefois, des défis à relever demeurent. Il s’agit notamment de la mortalité infantile, du mariage précoce, de l’urbanisation rapide, des conflits prolongés, des déplacements, des crises humanitaires, etc.
Face à ce tableau sombre et teinté d’insuffisances, les organisateurs des festivités notent quelques efforts fournis par le gouvernement qui sont l’institutionnalisation du parlement des enfants, l’engagement du Tchad dans la lutte contre l’enrôlement des enfants dans les forces armées, soutenue par une interdiction présidentielle du 10 octobre 2015, la loi N°029 interdisant le mariage d’enfants, etc.
La journée mondiale de l’enfance est une journée d’action annuelle organisée par les Etats du monde de concert avec l’Unicef, pour les enfants et par les enfants. La convention relative aux droits de l’enfant est un accord signé par des pays qui se sont engagés à protéger les droits de l’enfant. Elle explique qui sont les enfants, quels sont leurs droits et quelles sont les responsabilités des gouvernements en ce qui les concerne. Ces différents droits sont liés entre eux et ne peuvent être retirés aux enfants. Le Tchad figure parmi les premiers pays à signer la convention, le 30 septembre 1990, et l’a ratifiée le 2 octobre de la même année.
La Cde se décline en 54 articles résumés en 10 points: santé, identité, protection contre la guerre et la privation des libertés, éducation, famille, loisirs, protection contre le travail des enfants, protection contre l’exploitation sexuelle et le mauvais traitement, protection contre le racisme et toute autre forme de discrimination, liberté d’opinion et d’expression.
Benodji Joachim, stagiaire