Ainsi va le sport au Tchad

Le Tchad compte à ce jour 24 fédérations nationales sportives reconnues (dont deux non olympiques) qui regroupent 158 ligues, 9 associations sportives et 289 centres de formations issues des différentes fédérations. Ce qui laisse penser que la dynamique sportive est véritablement impulsée. Mais dans la pratique, que nenni !

Sur les 24 fédérations, on dénombre 7 qui n’ont pas de ligues (baseball et softball, natation, triathlon, sports scolaires, haltérophilie, gymnastique, pentathlon moderne). Les 17 restantes se repartissent les 158 ligues de la manière suivante: athlétisme (15), basketball (9), boxe (5), comité national paralympique (6), cyclisme (6), football (23), handball (15), judo (6), karaté (9), luttes associées (7), rugby (4), taekwondo (8), tennis (2), tennis de table (7), tir à l’arc (7), volleyball (11) et pétanque (9). Pour le même nombre de fédérations, 14 n’ont pas de centres de formation qui relèvent de leurs disciplines, dont les 6 précitées auxquelles il faut ajouter la boxe, le comité national paralympique, cyclisme, natation, rugby, tennis, tennis de table et pétanque. Les 14 se répartissent les 289 centres de la manière suivante: athlétisme (23 centres mixtes et un centre des filles), basketball (18 centres mixtes et un centre des filles), football (132 centres des garçons et 7 centres des filles), handball (13 centres mixtes), judo (9 centres mixtes et un centre des filles), karaté (4 centres mixtes), luttes associées (3 centres mixtes), taekwondo (70 centres mixtes), tir à l’arc (3 centres mixtes) et volleyball (4 centres mixtes). Les 9 associations sportives concernent les vétérans, les olympiens, les directeurs techniques nationaux, la médecine du sport, les sports militaires interarmées, femme et sport, les supporters des équipes nationales, le développement du sport féminin et la Fondation Ahmed Issa.

Au regard de tels tableaux, les questions qui viennent automatiquement aux lèvres sont les suivantes: comment peut-on disposer d’une fédération sans une ou des ligues? Lorsqu’on ne dispose pas à la base des structures de formation dans une discipline donnée, comment peut-on opérer la détection des talents pour assurer la relève dans cette discipline? Quel est l’apport réel des associations sportives créées dans le développement des sports, du moment où on ne sent pas leur visibilité dans les activités sportives? Faut-il créer des structures sportives tous azimuts par mimétisme ou pour bénéficier des éventuels prébendes? Doit-on continuer dans certains cas à s’accommoder du “paraître sans être?” Alors qu’on sait que la pratique des sports selon les règles de l’art, est universelle.

Le deuxième niveau d’interrogations et de questionnements est relatif aux infrastructures. Le tableau présente un état des lieux suivants: 8 stades fonctionnels dont trois à N’Djaména plus le palais des sports de Diguel, un à Abéché, un à Mongo, deux stades omnisports à Sarh et Doba. Trois stades omnisports construits et non fonctionnels (Am-timan, Kyabé et Biltine) et  neuf sont des chantiers en cours dont six stades omnisports (N’Djaména, Koumra, Amdjarass, Goz-Beida, Moundou et Bol), un stade (Bongor), un centre d’attraction (Gaoui) et un stade moderne omnisport à Mandjaffa. Le dojo régional dont la réception est attendue après la levée des mesures sanitaires n’est pas pris en compte. Ce qui renvoie aux questions de savoir si toutes ces infrastructures sont suffisantes pour assurer le développement des sports au Tchad. Est-ce que les constructions obéissent aux normes requises? L’implantation de ces infrastructures tient-elle compte des besoins exprimés dans les disciplines sportives existantes?

L’une des tentatives de réponses proposée par la Directrice des sports de haut niveau, Assel Némadji Solange, relative au processus de la reconnaissance officielle des structures sportives est la suivante: “L’exigence voudrait qu’une fédération à sa création, puisse avoir entre quatre à cinq ligues. Mais certaines obtiennent leurs autorisations de fonctionner en amont au ministère de l’intérieur avant d’arriver au ministère des sports pour les formalités d’usage. Il revient au ministère de vérifier au préalable si cette association dispose d’un local ou non et de s’assurer de ses conditions fonctionnelles. Une autorisation provisoire de fonctionner est accordée pour une période allant de six mois à un an, avant l’obtention de l’autorisation définitive de fonctionner. Or c’est le contraire qui se passe maintenant. En principe, ce sont nos cadres pratiquants formés dans le domaine des sports, qui sont habiletés à mettre en place ces structures”. Aujourd’hui, il est aisé de constater dans la pratique, les fédérations qui sont réellement fonctionnelles avec des activités aux résultats probants et palpables. Que ce soit sur le plan national, régional et international.

Roy Moussa