Au secours : Rimtébeye veut renaître

Rimtébeye Djélassem Danngar est devenu promoteur culturel, grâce à sa page Facebook “Phoenix Drim Médias”. Cloué au lit depuis 4 ans suite à un accident de voie publique, c’est étant allongé sur son lit, le téléphone à la main, qu’il travaille sur ses articles pour faire la promotion des artistes tchadiens et d’ailleurs.

Paralysé depuis lors, l’étudiant en biologie est sans moyens pour des soins appropriés et pour une rééducation kinesthésique pour le remettre debout. Tous les jours, Rimtébeye est ainsi réduit à garder le lit, sous la véranda, les yeux rivés sur l’écran de son téléphone portable, en train d’intégrer les dernières corrections d’un article écrit la veille sur un artiste. L’article toiletté, il le balance sur sa page Facebook “Phoenix Drim Médias”. Écrire est devenu sa passion depuis plus de 2 ans. Le jeune homme qui se définit comme un promoteur culturel, donne de la visibilité aux artistes locaux et internationaux. “Je suis accro aux réseaux sociaux et j’aime les choses culturelles. Et comme le digital me permet en plus de le faire, je me suis dit que je peux me lancer dans ce domaine pour exporter notre culture au-delà de nos frontières, grâce à l’Internet. C’est pourquoi sur le lit de l’hôpital, après 11 mois d’hospitalisation, j’ai créé depuis le 13 décembre 2020, la page Facebook – Phoenix Drim Médias”, explique-t-il.

Pour lui, Phoenix Drim Médias lui donne l’espoir de renaître. “Phoenix est un oiseau selon la mythologie grecque, qui renaît souvent de ses cendres, et Drim comme on l’entend sonne le rêve en anglais, mais c’est plutôt le diminutif des initiales de mon nom et prénom : D (Danngar) et Rim (Rimtébeye) associés avec médias juste pour faire passer l’information. En un mot, je peux renaître de mes cendres pour pouvoir servir ce milieu culturel au-delà de nos frontières”. Et cette philosophie, lui vaut aujourd’hui une notoriété.

Pour écrire un article, Rimtebeye va à la pêche des infos sur les réseaux sociaux. Et pour l’approfondir, il contacte l’auteur, échange avec lui pour d’amples informations avant de l’écrire. Pour les différents genres rédactionnels à publier sur sa page (portraits, entretiens, interviews, etc.), Rimtébeye n’a pas de tarif fixe. “Quand j’écris un article à la demande, avant de le publier je demande au commanditaire ce qu’il me propose. Certains me donnent de l’argent en espèce pour me soutenir, d’autres me proposent de partager et d’inviter à aimer la page. Des ami(e)s m’envoient des mégabits pour me soutenir. Certaines publications à caractère publicitaire, c’est moi-même qui les initie, avant de solliciter une collaboration. C’est pourquoi je dis toujours, je fais ce que tu veux et tu me donnes ce que tu peux”, dit-il.

Cette activité n’est pas qu’une passion, se résout-il. Elle est également un moyen qui lui permet de subvenir à ses petits besoins et partant, contribuer un tout petit peu à supporter ses charges entièrement supportées par sa maman également à la retraite et sans moyens conséquents, depuis les quatre années qu’il est alité. “Je dépense 2 000 francs par jour pour mes pansements. Cette page me rapporte un peu de moyen ces derniers temps, grâce à des soutiens publics ainsi que de ceux qui requièrent l’anonymat”.

 

Un 13 février 2019 où tout a basculé

Étudiant à l’Université de N’gaoundéré (Cameroun) en 3ème année de biologie animale, Rimtébeye, après avoir validé ses matières semestrielles au premier tour, a profité de son temps libre pour revenir à N’Djaména le 10 février 2019, passer quelques jours en famille. Le 13 février, il se rend à moto, en visite au quartier Walia dans le 9ème arrondissement. Sur le pont à double voie, un minibus commercial le percute par derrière, puis une voiture Rav4 venant en sens contraire le heurte. Il est projeté contre les garde-fous du pont, qui ont stoppé sa propulsion vers le fleuve. Là, il a sombré dans le coma. “Mon ami qui venait derrière moi et qui a bien suivi la scène, était obligé de m’attacher au dos, et avec l’aide d’un passant, m’ont conduit aux urgences de l’Hôpital général de référence nationale (Hgrn). Le premier constat était que j’avais les dents cassées, donc on m’a juste administré les premiers soins. Puisque c’était le samedi, il fallait attendre le lundi pour voir un spécialiste. On m’a libéré alors que j’avais le cou cassé”, rappelle-t-il. C’est 10 jours après, qu’il est ramené à l’hôpital le Bon Samaritain. Le scanner du cou a montré qu’il était cassé et comme l’hôpital ne disposait pas d’un neurochirurgien, il a été transféré à l’hôpital Renaissance. “J’ai passé 13 mois d’hospitalisation avec 5 opérations, pour une fracture cervicale C6 (6ème vertèbre du cou) avec une lésion de la moelle épinière, des cellules nerveuses qui ne se régénèrent pas. La lésion est située dans la zone du système nerveux central, qui transmet l’information du cerveau aux mécanismes de contrôle des membres de l’organisme, c’est pourquoi le bas du corps est paralysé. Puisque l’information ne se transmet plus, il me faut des grandes séances de kinésithérapie, dans des centres hospitaliers spécialisés avec un niveau de technologies en neuroscience très élevé pour des stimulations électriques au niveau des zones lésées, pour pouvoir espérer récupérer le contrôle des certains membres. Ensuite, il faudrait un suivi en kiné pour la rééducation et la réadaptation. Mais le problème est qu’il n’y pas un spécialiste en médecine physique ici au Tchad, et aussi par manque de plateau technique adapté pour la prise en charge. Le neurochirurgien a établi un bilan de santé, afin que je sois évacué dans un pays où la prise en charge sera bien adaptée”, poursuit-il. Malgré la demande d’évacuation du médecin, il manque des moyens financiers et également une identification d’une structure sanitaire spécialisée.

 

Tout est possible, si des appuis conséquents sont apportés

Individuellement ou en association, Rimtébeye reçoit des soutiens. A l’exemple de l’une des banques de la place qui a ouvert un compte d’épargne pour la levée des fonds en vue de le soutenir. Une autre association lui a fait délivrer un passeport et bien d’autres soutiens en nature. Aujourd’hui, il est question d’accompagner ce jeune pétri de talent à croire en des lendemains meilleurs. Mais pour cela, Rimtébeye a besoin d’être debout pour réaliser son “Drim”, son rêve : encore plus de vues sur sa page. C’est la seule chose dont il espère comme cadeau de sa vie, depuis qu’il est alité. “Je crois en la puissance et souveraineté du miracle de Dieu, qui peut apporter une solution. Au départ, je n’arrivais même pas à soulever un petit doigt, mais maintenant, je peux le faire et même le mettre sous ma tête. Cela est un miracle. C’est pourquoi j’ai l’espoir de retrouver tous mes sens et de me remettre debout, grâce à Dieu et à la kinésithérapie”, croit-il fortement.

Orphelin de père, vivement que les cœurs sensibles se manifestent pour l’aider à réaliser son rêve. Et cela n’est qu’humain.

Modeh Boy Trésor