Boire moins l’alcool ou s’abstenir en janvier

Tel est le défi que lance aux citoyens et citoyennes, le Centre diocésain de la recherche action en alcoologie (Cediraa), pour célébrer les 10 ans du “Dry january”, entendez “janvier sobre”.

La directrice du Cediraa, sœur Aurélie Roiné qui a animé une conférence de presse à cet effet début janvier au siège au sein de la paroisse catholique de Kabalaye, a informé qu’à travers les activités que mène Cediraa, cinq hommes sont hospitalisés le 4 janvier pour commencer une cure de désintoxication. “Nous les suivons et sommes de cœur avec eux”, rassure-t-elle. Pour revenir à l’objet de ladite conférence, Sœur Aurélie situe qu’autour du slogan “Je participe au janvier sobre” ou la joie sans alcool, le Cediraa entend sensibiliser à la non consommation de l’alcool tout le mois de janvier. “On invite les gens à se lancer un défi. Celui de ne pas boire tout le long du mois de janvier, ou alors si tu bois d’habitude 5 bouteilles de bière par jour, tu le réduis à 1 bouteille. Et si c’est 3 calebasses de bilibili, tu le réduis à 1 calebasse”. L’objectif recherché est de réduire sa consommation d’alcool et d’aller vers son arrêt. Mais comment démarrer l’année nouvelle après avoir trop bu de l’alcool en fin d’année ? Quel va être le rapport de chacun avec l’alcool ?

 

Le sens du défi

Sœur Aurélie Roiné soutient que l’idée est de se lancer un défi, en sachant que le défi de l’abstinence totale est difficile, mais parfois plus facile quand l’entourage comprend. “Ce n’est pas que je suis devenu bizarre, mais c’est parce que je participe au janvier sobre. Pendant 31 jours, je m’engage à mener une telle action. L’objectif ce n’est pas de ne pas boire du tout toute la vie mais essayer de ne pas boire pendant un mois. Beaucoup finalement se rendent compte pendant ce mois des bienfaits de cette pause”, justifie Sœur Aurélie très pédagogue. Le Cediraa s’est rendu compte, dit-elle, qu’on peut utiliser les temps forts de “Dry january” pour davantage faire connaître ses actions, et surtout faire connaître la possibilité de guérir de l’alcoolisme. Une personne qui a des problèmes avec l’alcool aura toujours des problèmes avec l’alcool. Mais quelqu’un qui s’est soigné, s’il ne boit pas, retrouve sa faculté intellectuelle et sociale. Le cas d’un fonctionnaire guéri de l’alcoolisme, qui a réintégré son ministère et a retravaillé normalement a été évoqué pour illustrer les explications.

 

Un combat noble

Le Cedirra a décidé de prendre en compte le concept du “Dry january” né à Londres il y a 10 ans (2013), qui est devenu un mouvement mondial avec l’adhésion de plusieurs pays. Le principe de “Dry january” est qu’est-ce qu’on fait pour aider les gens à boire moins d’alcool ? Souvent, les gens boivent beaucoup pendant les fêtes de fin d’année. Mais une fois qu’ils ont beaucoup bu, certains finissent avec des drames dans leur famille, le mois de janvier devient difficile parce que toutes les économies sont passées dans les fêtes de décembre et dans l’alcool. Il devient difficile de joindre les deux bouts. Un psychologue a réalisé en 2018 une enquête auprès de 800 personnes qui se sont inscrites au “Dry january”, en se lançant le défi de ne pas boire en janvier. Les résultats ont révélé que 93% disent se sentir mieux et plus à l’aise ; 80% ont annoncé qu’ils pouvaient mieux contrôler leur consommation d’alcool ; 71% ont compris qu’elles n’avaient pas besoin de boire pour faire la fête ; 61% ont tenu en disant je ne vais pas boire et se sont rendus compte qu’elles avaient du plaisir à faire la fête sans alcool. La majorité n’avait pas imaginé que cela soit possible.

Le Cediraa né il y a une vingtaine d’années, pour répondre aux besoins locaux, a décidé de se laisser contaminer par ce mouvement qui fait du bien plutôt, affirme Sœur Aurélie. Ne pas laisser les gens se détruire par l’alcool, sachant qu’on peut en sortir. Telle est la démarche que mène le Cediraa qui a grandi progressivement dans les actions et activités, en allant de l’accueil à la prévention, aux soins, à l’accompagnement et à la libération de l’emprise de l’alcool.

Ceux qui sont passés par le Cediraa pour la désintoxication en 2022 sont à peu près 60 personnes, soit une moyenne de 5 personnes en hospitalisation par mois. L’alcoolisme est un fléau qui touche toutes les confessions religieuses de manière différente. Sur les 60 personnes soignées, 1/3 est musulman, 1/3 protestant et 1/3 catholique. 40% ont totalement abandonné l’alcool. Le “janvier sobre” entre dans les objectifs du Cediraa d’aider la population tchadienne à retrouver une vie digne et libre hors de l’esclavage de l’alcool. C’est pourquoi, en janvier 2022, le Cediraa a lancé une 1ère édition au Tchad et entend donner une plus grande ampleur cette année, qui coïncide avec la célébration des 10 ans de “Dry january”.

Roy Moussa