Célébration de la femme dans le sport

Cette célébration a été placée sous la houlette de madame Samira Iyé Christine, 2e vice présidente de la région 3, Afrique centrale et membre du comité féminin de la Confédération africaine d’athlétisme. Les anciennes athlètes tchadiennes ont célébré la Journée internationale de la femme dans le sport, le dimanche 24 janvier dernier, sur le terrain de sport du Lycée de Walia.

A 15h ce dimanche, dans une ambiance de fête au son d’animation musicale et les cris d’encouragement du public, cinq centres de formations en athlétisme de la capitale, ont  compéti. Ce sont les centres des quartiers Moursal, Walia, Habena, Gassi et Atrone. Quatre séries de 80m (sprint) avec deux finales et deux séries de 600m (demi-fond) ont permis aux jeunes filles de rivaliser d’ardeur. Les jeunes athlètes du quartier Walia ont imposé leur suprématie de bout en bout. Sur les quatre séries de 80m, elles se sont imposées sur les trois premières places à travers les jumelles Hassanié et Houssouna Ousmane (16 ans) ainsi que Koudei Emilie (16 ans). Sandra Julienne (16 ans) du centre d’Habena a réussie à arracher la première place dans la dernière série. Les deux séries de 600m ont été la propriété exclusive de Walia, à travers Melom Raissa qui a réalisé un temps de 2’00’’13 et surtout Linala Stéphanie (2’07’’55) qui a surclassé ses adversaires à l’arrivée, avec un écart de près de 25m entre elle et la deuxième. Dans les deux finales de 80m, Walia est restée toujours maitresse du tartan, avec Houssouna Osmane qui a rebelotée avec un temps de 10’’97 et Dimissia Anne avec un temps de 11’’76.

Des résultats jugés satisfaisants par le secrétaire général de la fédération tchadienne d’athlétisme, Ouyia Malato: « la commémoration de cette journée nous a permis de relancer les activités féminines, et faire valoir les talents de nos jeunes filles. Elles s’entrainent depuis plus de deux ans dans les différents centres de formation. Avec l’avènement de la pandémie de la Covid-19, tout avait été suspendu, puis les entrainements avaient repris avec la levée progressive des mesures sanitaires. Cette initiative permet aux filles de renouer avec les compétitions et de se concurrencer dans l’esprit sportif. Ce qui leur manque. Les résultats sont très promoteurs, et à la hauteur de la fougue et la détermination qui sont observées. Des records sont tombés dans les différentes catégories avec des bons chronos au 600m. Ce qu’il faut saluer et nous au niveau de la fédération, avons un œil sur ces jeunes filles, surtout celles de Walia. Un quartier qui, depuis toujours, fait la fierté de la capitale N’Djaména avec ses athlètes».

Plaidoyer pour la relance de l’athlétisme féminin au Tchad

En prélude à cette journée, un point de presse a été organisé à la Maison des médias du Tchad, le samedi 23 janvier 2021. La teneur de la déclaration a été délivrée par madame Samira Iyé Christine. C’est plus un plaidoyer à l’encouragement de l’athlétisme féminin, qui n’existe plus au Tchad, après les années 2000. «En ma qualité de leader de la confédération africaine d’athlétisme, je tire la sonnette d’alarme sur la problématique de l’athlétisme féminin au Tchad. Le commun des mortels l’a constaté, l’athlétisme féminin tchadien ne se porte pas bien et n’existe pas à la limite». Elle a informée que nul n’ignore que par le passé, cette discipline a fait parler du Tchad à travers ses filles glorieuses, notamment aux jeux d’Afrique centrale de 1978, au championnat africain de Caire (Egypte) de 1988 ou  aux jeux de la francophonie de Tunis en 2002 et 2011. Les disciplines telles que le saut en hauteur, les 200, 400 et 1500 m, le lancer de disque, etc ont dignement fait la fierté des athlètes tchadiennes. Une occasion qui lui a permis de répertorier quelques noms de ces anciennes gloires qui, malgré le sacrifice qu’elles ont consenti au nom de leur patrie, demeurent jusque-là  méconnues des tchadiens, puisqu’oubliées dans les reconnaissances qu’un pays doit normalement à ses ambassadrices sportives. Un clin d’œil a été fait au passage à Miriam Raingar la gazelle, Nodjiram Aline, Kaltouma Blane, Koulé Bani, Haoua Solkem Nadjibé, Bagué Peng Rosalie, Iyé Christine, Adama Perkissam, Achta Béchir, Kaltouma Nadjina, Inékissia Albertine, Aché Blagué, Lydie Besmé, Nodjimadji Opportune, citées nommément bien que d’autres existent.

Photo de famille des vétérans au point de presse (Photo Roy)

Mme Iyé Samira Christine a pris à témoins les journalistes, en ce qui concerne ce qu’elle a qualifié de faiblesses observées ces derniers temps dans l’athlétisme féminin au Tchad.  Après la bonne prestation de Kaltouma Nadjina, championne lors des jeux de la francophonie en 2002 à Tunis, elle a confiée que «nous avons l’impression que cette victoire célébrée à connotation politique et médiatisée dans toute l’Afrique, met en ménopause le Tchad quand à la naissance et la promotion des filles athlètes». Elle situe les cause de cette irrégularité, qu’elle dénonce sans vergogne, par le  manque d’un travail de détection qui doit être effectué par les maître d’éducation physique dans les écoles, le manque d’espace pour les pratiques d’activités sportives dans les établissements scolaires, qui freinent l’engouement de l’athlétisme féminin, les pesanteurs socioculturelles empêchent aux filles de pratiquer le  sport, le manque des pistes dans certains stades pour la promotion des filles, et enfin le manque d’une réelle politique nationale de l’athlétisme féminin au Tchad. Elle a saisi l’occasion pour interpeler toutes les sensibilités, quelles qu’elles soient, administratives, politiques, sportives, culturelles et sociales à les aider d’une façon ou d’une autre, à redorer l’image de l’athlétisme féminin, afin que le pays de Toumai retrouve ses lettres de noblesse dans le concert nations. Et cela, à travers la reprise des disciplines sportives qui ont fait retentir l’hymne national de par le monde. Quelques anciennes étaient présentes au point de presse. Notamment Bayégué Zenaba Victorine (100 et 200m), Dagui Solange (encadreure), Réoumba Rémadji Victorine (100, 200, 400m et semi marathon de 21km), Sylvie Haoua (400,800 et 1.500m), Bayégué Tata Lucienne (100 et 200m), Iyé Samira Christine (saut en hauteur), Adama Perkissam (100 et 200m) et Hadjé Haoua Adoumbé (saut en longueur).

Pour rappel, la célébration de la journée internationale de la femme dans le sport le 24 janvier, est une initiative du conseil supérieur de l’audiovisuel (Csa) français, concrétisée en 2014. Cela, à partir d’un constat effectué dans la sous médiatisation du sport féminin. L’objectif est de permettre sa meilleure représentation dans les médias. Une photo de famille avait clos le point de presse et permis aux journalistes de découvrir quelques anciennes gloires, aux records imbattus à ce jour.

 Roy Moussa