Combattre les messages de haine et la rumeur

La campagne de sensibilisation médiatique pour lutter contre les messages de haine et la rumeur sur les médias sociaux est lancée le mercredi 12 avril 2023, par le ministre de la Réconciliation nationale, Abdéramane Koulamallah.

Cette campagne durera trois mois (du 12 avril au 12 juillet 2023). C’est auprès de l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale (Idea international au Tchad) que le ministre a trouvé l’appui. C’est également l’occasion pour Idea de lancer un appel aux médias afin qu’ils combattent davantage les messages de haine et la rumeur sur les réseaux sociaux, en aidant à concevoir et à véhiculer les messages de paix et de tolérance. Le but recherché est d’apaiser le climat politique et social afin de renforcer la cohésion sociale, propice à une transition démocratique réussie au Tchad.

Selon la représentante du chef de programme Idea international-Tchad, Mme Mariama Bayard, à travers cette campagne, Idea veut apporter sa modeste contribution à la réduction des messages de haine, de violence verbale et de diffusion de fausses rumeurs qui ne cessent de polluer les réseaux sociaux, compromettant par ce fait même le retour de la confiance et l’instauration d’une culture de la paix et de vivre-ensemble nécessaire entre les tchadiens, pendant cette période cruciale de transition démocratique.  En tant qu’outils réputés efficaces pour une communication de proximité, les réseaux sociaux offrent un réel potentiel pour contribuer significativement à la promotion de la paix et à la réduction des messages de haine, de violence verbale et de fausses rumeurs. “Rendre opérationnelle cette campagne est l’expression de notre volonté de mutualiser les initiatives avec les acteurs sociaux et de conjuguer nos efforts à ceux des autres partenaires du Tchad, en vue d’instaurer un environnement sociopolitique et sécuritaire serein, propice à la réussite de la transition en cours (…). Dans cette démarche, les réseaux sociaux devraient en principe constituer un vecteur de construction d’une nation de paix et de progrès. Leur utilisation inadéquate et abusive pendant les évènements qui ont secoué le Tchad, a fragilisé le climat sociopolitique dans le pays, l’amenant au point de rupture. Ces abus, malheureusement, persistent encore aujourd’hui sur les réseaux sociaux qu’ils entachent d’appels à la violence, d’incitation à la haine et à la désinformation”. C’est pourquoi, poursuit-elle, l’Idea international-Tchad a jugé plus approprié de commencer cette campagne de sensibilisation en l’orientant dans le sens d’une action qui contribuerait à inverser, voire à faire disparaître les messages de haine et la diffusion des rumeurs et autres photomontages nuisibles à la paix.

 

Pour un Tchad apaisé

Une stratégie de communication pour mener cette campagne a été élaborée. Un site internet “Pour un Tchad apaisé” a été conçu. Il est disponible ainsi que différentes plateformes sur les réseaux sociaux, notamment une chaîne You tube, des comptes sur Tik tok, Twitter et Facebook. Il est question de travailler avec les médias et blogueurs pour concevoir les messages du vivre-ensemble à l’endroit de la cible sans limite d’âge, constitué de tous les tchadiens. Pour le ministre Abderamane Koulamallah, le Tchad n’échappe pas à l’utilisation abusive des réseaux sociaux, comme canaux de diffusion des messages qui compromettent et qui peuvent compromettre dangereusement le vivre-ensemble, et risque de contribuer à la fragilisation de la paix, de la cohésion sociale et de la nécessaire confiance qui devrait alimenter les rapports entre les acteurs politiques et les citoyens avec leurs gouvernants. “Il est loin de mes propos de mettre en péril la liberté d’expression des citoyens tchadiens, en mettant en cause l’utilisation des réseaux sociaux. Les réseaux sociaux demeurent aujourd’hui comme quelque chose d’important dans notre histoire et dans la vie de tous les jours de la jeunesse. Il ne s’agit en aucun cas de remettre en cause l’utilisation des réseaux sociaux ni de penser à la restreindre, car ce serait une atteinte inadmissible aux droits des citoyens”. Au cours des différentes crises sécuritaires et intercommunautaires qui ont émaillé le cours de la transition actuelle, le ministre dit avoir assisté à des diffusions récurrentes et intempestives, non seulement des messages de haine, mais aussi de la diffusion d’images violentes ou l’utilisation des photomontages des scènes qui se sont produits dans d’autres pays dans d’autres contextes. Cela a évidemment bien contribué à déstabiliser le fragile équilibre social et communautaire de la transition, estime-t-il.

Roy Moussa