Au siège de son parti, sis au quartier Guelkoura à Moundou, le président du Pap/Js, Néatobeï Bidi Valentin a échangé avec les journalistes sur le changement intervenu depuis le 20 avril 2021 à la tête du Tchad suite à la mort tragique sur le champ de bataille d’Idriss Déby Itno. “Ce n’est pas de cette manière qu’on aurait voulu avoir une alternance à la tête de l’État, mais la providence en a décidé autrement”, observe le fédéraliste président du Pap/Js.
Bidi Valentin estime que le cadre instauré par le Conseil militaire de transition (Cmt) est une violation flagrante de la constitution qu’Idriss Déby Itno a mis un point d’honneur pour faire adopter. Pour lui, les prétendants à perpétuer les œuvres du défunt président Déby trahissent sa mémoire par le non respect de cette constitution. A cet effet, le non respect de la constitution et l’adoption d’une charte de transition concoctée de toute pièce constituent ni plus ni moins “un coup d’Etat militaire” fomenté aux yeux de Bidi Valentin. “Nous dénonçons vigoureusement ce coup d’Etat militaire orchestré par le Cmt pour diriger le pays”, s’offusque le président du Pap/Js.
En tout état de cause, la disparition brutale du chef de l’État ne doit pas nous laisser indifférent, relève le conférencier. Elle doit trouver sa résolution dans les dispositions de la constitution de 2008, révisé par la loi constitutionnelle n° 017/PR du 14 décembre 2020, selon lesquelles le président de l’Assemblée nationale exerce provisoirement les fonctions du président de la République en cas d’empêchement définitif de ce dernier.
Pour le président Néatobeï Bidi Valentin, l’abdication du président de l’Assemblée d’assumer ses responsabilités pendant cette période transitoire résulte d’une entente sécrète entre lui, le Mouvement patriotique du salut et les militaires pour fomenter ce coup d’État militaire. Et les raisons avancées par Haroun Kabadi pour se justifier devant l’opinion nationale et internationale ne collent pas. “C’est un faux fuyant qui ne convainc personne”. Un coup d’État militaire a été bel et bien perpétré, dès l’instant que la constitution et les institutions sont abolies pour faire place à une charge octroyée par un pouvoir inconstitutionnel.
Nous disons qu’il y a la face cachée du Conseil militaire de la transition qui est celle de pérenniser le régime instauré depuis 30 ans par Déby Itno, poursuit Bidi Valentin. Et comme par enchantement, le président du Conseil militaire de la transition se trouve être le fils de son père défunt. Cela offusque plus d’un tchadien. C’est la dynastie qui se met en place avec le concours du président de la République française Emmanuel Macron qui soutient cette dynastie à travers le Cmt. Bidi Valentin précise que dans l’armée, la discipline militaire est rigueur et on tient compte de l’ancienneté dans les grades. Il constate que le fils de Déby n’est pas plus ancien parmi les autres généraux qui composent le Cmt pour être désigné président.
Abordant le dialogue, le président Bidi se dit interloqué par deux choses. La dernière décision du Cmt de rejeter tout dialogue avec les rebelles du Front pour l’alternance et la concorde nationale au Tchad (Fact) et la nomination du Premier ministre en dépit des revendications préalables des partis politiques, de la société civile et des recommandations du président en exercice de l’Union africaine. Pour lui, les tchadiens dans leur ensemble sont pour la paix. Ils réclament avec insistance un dialogue inclusif afin de disséquer les maux qui minent le vivre en paix dans leur pays.
“Oui au respect de la constitution. Oui au dialogue inclusif et non à la monarchie au Tchad”, conclut le fédéraliste.
Mianga Tobianjé à Moundou