Controverses autour de la location des bus des étudiants

L’Etat tchadien s’apprête à débourser quelque 58 500 000 francs CFA pour la première facture de la location des bus aux étudiants, en 26 jours d’activités. Une initiative des autorités de l’Enseignement supérieur dans  l’optique de pallier le manque cruel de moyen de transport des étudiants.

Depuis le 5 novembre, la compagnie de transport, Sud voyage, offre ses services à l’Université de N’Djaména. Elle a loué une  dizaine de ses bus au Centre national des œuvres universitaires (Cenou) au profit des étudiants. Mais quel est le coût de la location de ces bus? Dans quelles conditions ces bus ont été loués? Qui supporte le coût?, etc. Ce sont là des questions qui reviennent sur les lèvres des observateurs et des bénéficiaires, depuis l’apparition de ces gros bus dans les rues de N’Djaména. Dans les premières semaines, des rumeurs circulent selon lesquelles le prix de la location de ces bus est exorbitant. D’aucuns affirment qu’un serait loué à 500 000 francs jour, d’autres parlent d’un coût plus élevé. Et qu’une telle somme d’argent mise dans la location temporaire des bus des tiers pourrait permettre la réparation pour une longue durée des bus des étudiants mis sur cale dans le parking.

Selon des sources concordantes, tout est parti du 14 octobre 2020, juste à la reprise des cours à l’Université de N’Djaména. Compte tenu de la vétusté des moyens de transport des étudiants, de l’instauration des mesures barrières pour lutter contre le coronavirus et qui doivent limiter le nombre des étudiants dans les bus, le ministre de l’Enseignement supérieur a adressé une correspondance à son collègue secrétaire général de la présidence de la République pour trouver une solution à la situation. Dans sa correspondance : une proposition de louer les bus commerciaux pour répondre aux exigences en attendant une solution définitive. Le ministre Sgp a, selon les instructions reçues du chef de l’Etat, instruit à son collègue des Finances d’étudier la possibilité de la location de ces bus pour une période de deux ou trois mois. Ensuite, le ministre Sgp instruit le Centre national des œuvres  universitaires de trouver un compromis avec une agence de voyage pour louer les bus à un coût  n’excédant pas la somme de 150 000 francs par jour y compris toutes les charges (réparation, chauffeur). Ainsi, le Cnou a trouvé un accord  avec l’agence de transport, Sud voyage pour lui mettre en circulation 15 bus. “Notre responsabilité dans cette affaire de location est la gestion de ces bus. Nous contrôlons si les bus respectent le cahier de charge (transporter les étudiants, être ponctuels,…). Nous ne suivons que des instructions de la hiérarchie. Ce n’est pas le Cnou qui supporte le coût mais l’Etat tchadien”, confie un de ses responsables.

Ces bus viennent en appui aux bus déjà mis en circulation pour transporter les étudiants. Le coût de location global des 15 bus par jour revient à 2 250 000 francs CFA, ce qui donne un total mensuel de 67 500 000 francs. Mais certains accusent le Cnou de louer seulement 10 bus au lieu de 15 et de détourner le reste. Cette accusation est qualifiée diffamatoire par un autre responsable de Cnou. “Nous avons le dossier de la location des bus qui inclut le contrôle de trois ministères en plus de notre structure, cela veut dire que c’est impossible de détourner puisque la facture n’est pas réglée par le Cnou. Nous avons tellement de dossiers urgents à régler et les gens profitent pour nous diffamer sur la gestion de ces bus. Ces corporations qui pensent qu’on les a écartées de la prise des décisions et de la gestion de ce dossier ne connaissent pas en réalité comment les bus ont atterri dans nos parkings”, s’insurge-t-il.

Le premier contrat (26 jours d’activités) a pris fin le 9 décembre mais renouvelé automatiquement. Le contrat est mensuel et renouvelable jusqu’à la réception des nouveaux bus. Selon des sources proches du dossier, les bus commandés seront réceptionnés d’ici fin janvier 2021. Au total, ce sont quelque 35 nouveaux bus qui viendront s’ajouter aux 65 bus existants, dont une dizaine seulement en circulation fonctionne avec beaucoup de difficultés.

Nadjindo Alex