Dans la crasse des marchés de N’Djaména 

Les différents marchés de la ville de N’Djaména sont dans un état d’insalubrité inquiétant. Et la saison des pluies va davantage aggraver la situation.

A quelques mètres de l’entrée du marché cinquantenaire de Dembé, une odeur pestilentielle chatouille les narines. Une odeur qui irrite certains passants. Ce sont les tas d’ordures entassés en décomposition, constitués pour la plupart des excréments et déchets des poissons, du son de mil et bien d’autres détritus. Ceux qui empruntent cette voie supportent avec difficulté l’odeur qui émane des lieux. D’aucuns lâchent des crachats tout en grommelant: “comment les gens font pour supporter une telle odeur à côté de leurs marchandises”?

Cette odeur nauséabonde ne semble pas gêner outre mesure les commerçants qui s’y accommodent.  “Ça fait des années que nous sommes habitués avec ces tas d’ordures et cette odeur. Celui qui n’est pas habitué, ne dure pas longtemps ici. On fait juste semblant de supporter”. Ce n’est pas tout.

Les vendeuses de poissons sont assises au milieu des eaux usées, des tas d’ordure et déchets de leurs marchandises. Elles sont apparemment sans gêne et continuent à déverser les eaux usées un peu partout dans les allées. Ces eaux versées et celle de la pluie bloquent le passage d’un coin à un autre.  Pour se déplacer d’un endroit à un autre, il faut patauger dans la mélasse. C’est dans ces conditions d’insalubrité que certaines femmes étalent leurs marchandises allant des poissons frais aux légumes et fruits, etc. D’autres préparent à manger surplace. “Nous fermons les yeux pour manger. Nous passons toute la journée ici et nous ne pouvons pas nous empêcher de manger à cause des tas d’ordures et de l’odeur. Nous sommes déjà habituées”, affirme Nodjigoto, l’une des vendeuses de poissons.

La même scène s’observe à l’entrée du grand marché central. Ici, des d’ordures sont entassés un peu partout entre les vendeuses qui étalent les fruits et légumes à même le sol.

Le marché d’Abéna n’échappe pas au même manège. Certains commerçants pointent d’un doigt accusateur la mairie qui, selon eux, ne fait pas son travail. “Nous ne savons même pas ce que font les agents de la mairie. Tout ce qu’ils connaissent, c’est de nous soutirer de l’argent chaque jour, mais ils ne veulent pas assainir nos marchés propres”, fustige Mahamat Saleh, vendeur de viande au marché d’Abéna.

Même rengaine au marché de Dembé. Quelques commerçants constitués en groupe arrangent certaines allées. “Chaque saison des pluies, le marché devient trop sale. Nous ne pouvons pas vendre nos marchandises sur les saletés. C’est pourquoi, nous nous sommes constitués en groupe pour acheter du sable afin d’arranger les allées. Si nous devons compter sur la mairie, le choléra va nous tuer tous dans ce marché”.

Selon le maire adjoint du 6ème arrondissement, Abakar Khamis, la gestion des ordures dans les marchés relève uniquement de la compétence de la mairie centrale.  “Les marchés sont gérés par la mairie de la ville. Nous n’avons pas le droit de venir y faire la salubrité”. Le maire taxe à son tour certains commerçants d’être inciviques. “Malgré les sensibilisations, les commerçants continuent à mettre les ordures pêle-mêle dans les marchés, voire sur la voie publique. A l’approche de la saison des pluies, nous procédons au curage des caniveaux, mais ce sont ces mêmes commerçants qui versent les ordures un peu partout pour boucher les canaux. Il faut que les commerçants comprennent qu’il est important, de vendre les marchandises dans un environnement sain, car la santé de la population en dépend”.

Afin d’être éclairé sur la gestion des ordures dans les marchés, le journal a introduit une demande d’entretien auprès des services d’hygiène et d’assainissement de la mairie centrale, mais cette correspondance est restée sans suite.

Mendjiel Virginie, stagiaire