Des aires de football aux formats spécifiques s’implantent ici et là, dans des espaces publics de quelques quartiers de N’Djaména ces derniers temps. Agréables à vue d’œil par leur construction, elles sont observées avec curiosité et interrogation par les passants.
Très tôt le matin et souvent les soirs jusque tard, des groupes (vieux et jeunes) s’organisent en équipes et viennent y jouer au football. Certes, pas pour préparer des compétions, mais pour un maintien de la forme et assouvir la passion du football pour certains. C’est aussi l’élan qui a guidé Hamid Andjami Youssoubo, le promoteur de ces espaces. “Je suis un joueur de foot amateur et passionné de football. Je suis tous les matchs diffusés à la télé et je vais régulièrement au stade. C’est un domaine qui me passionne énormément et je me suis dit pourquoi ne pas y entreprendre en investissant, puisque je suis dans le business actuellement”. Diplômé d’un master 2 en gestion des ressources humaines obtenu en Nantes (France), il a choisi de revenir s’installer au Tchad, et d’investir dans l’entreprenariat. Ce qu’il fait depuis trois ans, mais c’est le côté développement de football de proximité qui semble visible dans ses affaires, se prononce-t-il.
Pour le jeune entrepreneur, le Tchad est un pays très en retard par rapport à d’autres. Des talents existent mais les espaces de loisirs, de divertissements et de pratique des sports font cruellement défaut. C’est un véritable problème. Ces mini-terrains de foot permettent aux jeunes de pouvoir bien s’épanouir et d’en faire des lieux de rencontres, d’échanges et de brassages. Et c’est vraiment un plus pour le pays et pour tous, affirme-t-il. Les démarches pour obtenir l’exploitation de ces espaces publics n’ont pas été faciles, poursuit Hamid, qui estime avoir déboursé énormément de pactole. Pour lui, le fait d’exploiter ces espaces utilement contribue à l’embellissement de la ville et son maintien dans la propreté. “Il m’a fallu assez d’arguments pour convaincre les maires d’arrondissements et celui de la mairie centrale, que je m’engage dans une œuvre publique d’intérêt général, avant d’obtenir l’autorisation d’exploiter ces espaces. Certains de ces endroits étaient des dépotoirs hier. Aujourd’hui on remarque qu’il y a la vie à la place des ordures. C’est l’exemple de celui implanté à Diguel. L’endroit était un dépotoir ou tout le monde dépose ses poubelles. Aujourd’hui, on constate que cet espace est devenu propre”.
Pour Hamid, si l’Etat n’a pas les moyens d’aménager ses endroits publics, autant permettre à ceux qui ont des projets d’intérêt commun de les exploiter. Actuellement, on dénombre trois mini-terrains qu’il a implantés aux quartiers Farcha, Moursal à l’espace Festafrica, et le troisième à Diguel non loin de l’agence de voyage vers Moussoro. Un quatrième sera construit d’ici peu, promet-il, tout en envisageant d’étendre ses installations dans tous les arrondissements et dans les provinces.
Le coût de location par séance varie en fonction de la fréquence et des clients (fidèles et occasionnels), des abonnés et contractuels. C’est entre 10.000, 12.500 à 15.000 francs. Les espaces sont ouverts à toutes les tranches d’âges.
C’est une opération commerciale rentable, admet Hamid. Cependant, il déplore le comportement de certaines autorités face à ce genre de projet. “Normalement, elles doivent nous faciliter la tâche à nous, jeunes entrepreneurs et investisseurs tchadiens, qui rêvons des projets ambitieux et pertinents. Mon souhait est que la mairie nous facilite davantage la tâche, afin qu’on investisse dans le privé et oublier un peu l’Etat. Et aussi que les établissements d’enseignement qui n’ont pas d’espaces pour pratiquer les cours d’éducation physique de se rapprocher de nous”, lance-t-il.
Modeh Boy Trésor