Le 8 décembre dernier, le vice-président du Conseil militaire de transition (Cmt) a officié la cérémonie de remise de 35 nouveaux bus au Centre national des œuvres universitaires (Cnou). Pour les autorités, les problèmes des étudiants sont résolus mais ces derniers rétorquent qu’ils n’ont pas que le transport comme souci.
Après plus plusieurs années de galère, de manifestations et de patience, les étudiants peuvent pousser un ouf de soulagement. 35 nouveaux bus de 64 places chacun viennent s’ajouter aux 85 anciens opérationnels acquis depuis 2012. Les 35 nouveaux bus ont coûté la bagatelle de deux milliards de francs CFA. Ils seront répartis entre une vingtaine d’institutions de l’Enseignement supérieur. Ce qui sera encore difficile, c’est la répartition de ces moyens de transport. Au regard du nombre d’institutions, 35 bus semblent insuffisants, mais mieux que rien, dit-on. Certains établissements comme l’université de Pala devra peut-être pour la première fois obtenir des bus pour le transport de ses étudiants.
Selon la clé de répartition, une dizaine de ces nouveaux bus devra rester à N’Djaména et les autres expédiés en province. Pour les étudiants, ces bus ne sont qu’une goutte d’eau dans la mer. “Je suis content de ce que le gouvernement vient de faire. Mais quand je vois le nombre d’étudiants, ces bus sont insignifiants. C’est vrai, les 10 bus vont s’ajouter aux 24 opérationnels. Mais ces bus dits opérationnels sont en état de dégradation très avancée. Ce sont des bus qui s’enflamment parfois quand nous sommes à bord. Ils sont mal entretenus, quand ils tombent en panne, on ne les répare pas pendant deux à quatre semaines”, fustige Koubeubé Polin, étudiant en 2ème année de philosophie au campus universitaire de N’Djaména. Pour cet étudiant en philosophie, il faut au moins 25 nouveaux bus pour l’université de N’Djaména.
Pourtant, le directeur général du Cnou, lui, voit le verre à moitié plein. “Avec les 35 bus qui s’ajoutent aux 85 anciens, je crois que le problème est complètement réglé. Les plus hautes autorités du pays sont disposées à aider la jeunesse tchadienne. Depuis notre arrivée, nos doléances sont prises en compte à tous les niveaux. Avec 130 bus actuellement, nous sommes au-delà de nos espérances”, estime Dr Ali Waidou qui constate que tous les étudiants ne sont pas des nécessiteux. “On ne peut pas tout donner. Le Cnou s’occupe des nécessiteux. On mentira si on dit qu’on va satisfaire à 100% les besoins des étudiants. On estime que c’est la moitié qui est dans le besoin. Quand vous allez dans les campus, il y en a qui viennent à moto ou en voiture”.
Mais les étudiants de leur côté estiment que leurs besoins ne s’arrêtent pas seulement au niveau du transport. “Il y a les problèmes de restauration, de la santé, etc. Il n’y a pas aussi assez d’enseignants de qualité, certains n’ont pas carrément de niveau. Il n’y a pas non plus d’amphithéâtres. Les étudiants en 1ère année de géographie par exemple, font seulement une fois le cours par semaine”, déplore un étudiant. Faute d’amphithéâtre, le cours est enseigné deux fois, le cas des étudiants de la langue anglaise. “Comme la salle est tellement restreinte et ne peut pas contenir tout le monde, quand un enseignant a par exemple quatre heures de cours, il fait deux heures avec la moitié de la classe avant de reprendre avec l’autre moitié de la salle les deux autres heures”, renseigne un autre.
Le Centre national des œuvres universitaires, dans son état actuel, peut-il venir à bout ces problèmes ? Difficile. Car c’est un paradoxe que de constater que le nombre d’étudiants va croissant alors que son budget baisse drastiquement. De dix milliards, il a chuté à 530 millions de francs CFA en période de la crise pétrolière. Alors qu’en 2021, le Cnou a établi un budget de 22 milliards, il en a reçu qu’un et cumule une dette des prestataires à hauteur de 9 milliards de francs CFA entre 2019 et 2021. Le ministère des Finances et du budget se démène à régler. Malgré ces mille et un problèmes, le directeur du Cnou persiste et signe : “ce qui est là, les hautes autorités prennent au sérieux la situation des étudiants. Aux étudiants de se réjouir, car leurs préoccupations sont prises en compte que ce soit au niveau du transport ou de la restauration”, rassure Ali Waidou. Il dit avoir reçu des assurances de la part du ministre des Finances et du président du Conseil militaire de transition.
Lanka Daba Armel