Des jeunes passionnés de l’art, outillés à la base

L’Office national pour la promotion du tourisme, de l’artisanat et des arts (Onpta), a appuyé une série de formations en cinéma, danse traditionnelle et slam, au profit de plus d’une soixantaine de jeunes passionnés et amoureux des arts.

Lors de la cérémonie de clôture organisée le 26 septembre 2025, des attestations sont remises aux participants des différentes filières, à la satisfaction des formateurs. Pour Youssouf Djaoro, le directeur de l’espace culturel Talino Manu qui a abrité la formation en cinéma, les 20 apprenants (hommes et femmes) ont appris les Ba.ba du cinéma, maîtrisé et compris les outils nécessaires au langage cinématographique, dans les domaines du scénario, réalisation et jeu d’acteurs face à la caméra. “Nous avons su avec les formateurs, apprendre à ces jeunes comment faire un film, c’est aussi l’art de désigner la façon particulière de placer la caméra, en vue par exemple de produire un effet qui n’est autre que le film à l’écran”, a-t-il expliqué. Pour ce dernier, la question de l’après formation est importante, dès lors qu’il faut assurer un minimum de suivi dans l’accompagnement des apprenants, afin qu’ils avancent progressivement dans le métier du cinéma. Il a informé qu’au niveau des formateurs, des réflexions sont initiées, pour donner des orientations et conseils pratiques aux apprenants, afin de les encadrer de manière technique et artistique, pour les maintenir dans l’environnement du cinéma. La création d’un ciné-club au sein de l’Espace culturel Talino Manu, avec des projections tous les vendredis, est la réponse que proposent les formateurs, pour un meilleur encadrement et coaching. Pour Youssouf Djaoro, l’espoir de ce côté, est qu’à l’issue de la formation, 5 apprenants en scénario ont développé 5 projets de scénario à mettre en œuvre d’ici la fin de l’année. Afin d’aller vers la production de 5 films, dont les 5 apprenants en réalisation vont contribuer en mettant les 10 apprenants au jeu d’acteurs devant les caméras. Un projet ambitieux certes, à la hauteur des espoirs qu’a suscités cette formation, mais qui va également nécessiter un accompagnement financier puisque l’appui technique est là. Ce qui demeure un défi pour l’Onpta, en termes de suivi des activités réalisées. Une communauté de jeunes cinéastes peut naître ainsi, comme l’espère Youssouf Djaoro. “Profitons de l’occasion pour revitaliser le cinéma tchadien, afin de préparer avec sérénité des véritables futurs ambassadeurs du cinéma tchadien, qui bénéficient d’un appui professionnel de qualité dans le domaine du cinéma”.

 

“Le slam rend éloquent et non délinquant”

C’est ce qu’affirme Melle Khadidja Abachou, alias Khady la Rime de son nom d’artiste slameuse, championne du Tchad en titre dans le domaine, qui a défendu les couleurs nationales dans la sous-région Afrique centrale. Pour elle, le slam, c’est “l’art de manier la parole et un outil puissant de communication et de diffusion de message”. Elle a assuré la formation du côté de la bibliothèque nationale avec 25 apprenants et estime que ce projet de formation n’est pas seulement un atelier ordinaire, mais un voyage au cœur de la parole, de l’émotion et de l’expression. “Nous avons accompagnés 25 apprenants et vu la transformation incroyable qui s’est opérée en eux. Au début, certains étaient timides et hésitants, mais aujourd’hui, je vois des poètes, slameurs et artistes engagés, prêts à partager leurs histoires, espoirs et leurs combats. Cette restitution est le début d’une aventure, c’est un cri de cœur, une mélodie de l’âme (…)”, s’est-elle réjouie. De là à créer un collectif, le pas est vite franchi, peut-on dire, avec la sortie de l’apprenant Idriss, qui a su magnifier les mots, la femme en général, dans un texte au dire-libre présenté à l’assistance.

 

La transmission et préservation du patrimoine

A sous tendu la formation en danse traditionnelle, sous la direction de Aleva au centre Dakuna espoir et au royaume culturel Soubyanna Music, avec 20 jeunes danseurs et danseuses en provenance des différents groupes de danse traditionnelle. “Ces jeunes ont eu l’opportunité d’apprendre plusieurs pas et gestuels des différentes danses. Derrière chaque danse, est cachée une histoire particulière de nos différentes régions et constituent notre patrimoine commun, à promouvoir et à partager pour sa perpétuation”, soutient Aleva.

Moussa Béaloum Derping, le directeur de la Promotion des œuvres artistiques à l’Onpta, se satisfait des résultats obtenus. Il reconnaît que les promoteurs de ces projets ont démontré à travers ces formations que les apprenants, outillés de façon professionnelle à la base sont des véritables pionniers de la culture tchadienne, et les portes étendards d’un héritage en devenir. Tout en exhortant les apprenants à croire en eux, il affirme que malgré la restriction du temps de formation, “vous avez dû certainement assimiler beaucoup de choses, qui vous permettront de devenir de grands acteurs des films, de bons conservateurs et portes flambeaux de nos cultures, mais aussi de grands orateurs”.

Le grand défi demeure pour l’Onpta, de faire le suivi et de continuer d’accompagner ces jeunes passionnés qui ont pris une bonne base, vers une structuration professionnelle de ces filières, dont l’absence entrave grandement le développement de la culture tchadienne. Il faut nécessairement aller vers une structuration professionnelle des filières de manière durable, afin d’avoir une communauté artistique et culturelle outillée, d’une nouvelle génération, qui ne soit pas aux antipodes des règles de l’art, afin d’envisager bâtir et développer durablement le secteur artistique et culturel, avec des talents bien formés. L’avenir doit nous le dire !

Roy Moussa