Le Groupe de concertation des acteurs politiques (Gcap) à travers un point de presse organisé le 13 novembre dernier, a rendu publique l’issue de ses échanges infructueux du 27 au 31 octobre 2024 avec la Commission de la Cééac, en présence du président de la commission de la Cééac, l’Ambassadeur Gilberto da Piedade Verissimo, qui a effectué le déplacement de N’Djaména.
Le Gcap a décidé de communiquer sur ces dernières activités diplomatiques afférentes à l’organisation des élections législatives, locales et sénatoriales. Ces échanges font suite à l’invitation formelle de la Cééac, adressée au Gcap pour des discussions relatives aux élections pour lesquelles l’opposition tchadienne dont les partis politiques membres du Gcap, ont décidé de boycotter. “Après avoir observé dix jours durant, à la demande de la Cééac, une trêve de non communication à ce sujet, nous nous faisons le devoir de communiquer, puisque ces élections en cours d’organisation mettent dangereusement en péril la cohésion des territoires, la cohésion de la nation, partant la vie des populations ainsi que la stabilité de notre pays”, a informé Max Kemkoye. Il a rappelé que malgré les réclamations stridentes et les missions de bons offices de certains partenaires, pour des élections crédibles et inclusives, intégrant de facto le report de ces élections, voilà que le système en place, après avoir planifié, imposé en solitaire et en circuit fermé ces élections, refuse tout pour imposer des élections factices.
La non prise en compte des exigences du Gcap
A la demande du président Verissimo, dit le Gcap, les échanges avec la commission de la Cééac ont porté sur ses exigences fondamentales, notamment l’audit et la révision du fichier électoral, la révision de la composition de l’Ange et du Conseil constitutionnel, l’amélioration de l’environnement sécuritaire et l’épineuse question de la militarisation du processus électoral. Des exigences axées sur les cinq points, conditions préalables à la participation du Gcap à ces élections. Pour rappel, il s’agit de de la publication dans les circonscriptions, de la liste de tous les bureaux de vote, accessibles, référencés, identifiables et non délocalisables ; de la reconnaissance et admission obligatoire dans les bureaux de vote des délégués des candidats avec tous les droits prévus ; du dépouillement physique, réel et public ; de l’affichage des résultats devant les bureaux de vote et publication des résultats locaux dans les circonscriptions électorales (chefs-lieux des départements et provinces) ; et de la remise absolue des copies des procès-verbaux remplis d’une seule main d’écriture et conjointement signés, aux délégués des candidats. Et l’accréditation absolue des observateurs neutres.
Ce dont redoute le Gcap, lesdits points sont énoncés dans l’actuel code électoral mais sans garantie d’application, fait observer Max Kemkoye, au vu des pratiques de fraudes légendaires du Mps notamment les bureaux de vote fictifs avec des bourrages des urnes, l’exclusion et arrestation des délégués des candidats dûment mandatés par leurs partis, le simulacre de dépouillement public et retrait des procès-verbaux originaux et leur remplacement par des procès-verbaux préalablement remplis dans les officines noires du Mps, relève-t-il. Ces procès-verbaux falsifiés ont, par exemple, donné frauduleusement Mahamat Idriss Deby Itno vainqueur des présidentielles passées. Max Kemkoye a également relevé l’observation dont l’Ange a refusé d’accréditer les observateurs locaux neutres formés par l’Union européenne, qui constituent les preuves tangibles des actes de l’Ange. “Sur la révision de la composition de l’Ange et du Conseil constitutionnel, on nous a clairement fait savoir que cela est intouchable”, déplore le Gcap.
Echec des négociations et maintien de boycott
“Nous nous sommes rendus compte mutuellement du blocus des négociations et avons mis terme à ces discussions avec charge au président de la Commission de rencontrer notre collègue, le président d’honneur du Mps, Mahamat Idriss Déby Itno pour le lui signifier et d’en rendre compte au président en exercice de la Cééac, Théodoro Obiang Nguema Mbasogo”, informe Max Kemkoye. Avec ces ultimes discussions, ajoute-t-il, la Cééac avait l’unique chance de redorer son bilan de facilitation qui demeure peu reluisant, en s’imposant face au système en place, mais du fait de la proximité avérée de Félix Tshisekedi avec Mahamat Idriss Déby Itno, cette institution clôt ainsi sa facilitation par un échec total. Il en est de même pour Mahamat Idriss Déby Itno, qui perd définitivement sa chance d’accéder à une certaine légitimité à cause du réseau des faucons plus fort que lui, et qui a eu raison de lui, fait constater le Gcap. “Par voie de conséquence, comme généralement quand la diplomatie échoue, c’est la reprise des hostilités, nous maintenons notre engagement de boycott actif et annonçons définitivement la révolution électorale. Ce faisant, nous invitons les tchadiens qui subissent l’injustice, les violations, les violences et les conflits, à se tenir prêt pour s’engager activement dans cette révolution”, prévient le Gcap.
Actualité de l’heure oblige, le Gcap ne manque pas de se prononcer sur la publication de la liste provisoire des candidatures aux élections à venir, rendue publique le 12 novembre dernier. “Entretemps, nous tenons à rappeler que ce n’est pas en rejetant sous instructions les candidatures de quelques condamnés du Mps que l’Ange va prouver son impartialité. A part cela, si celui qui dirige le Mps est un condamné, or un condamné ne peut pas diriger un parti politique, partant poser des actes administratifs comme ceux de signer les actes de candidatures pour des élections majeures comme les législatives. Et que par la suite, ces candidatures vont être validées, par un autre condamné qui se trouve à la tête du Conseil constitutionnel, c’est toute cette liste provisoire qui est nulle et de nul effet dont nous exigeons l’annulation pure et simple de ces élections”, conclut le Gcap.
Compte tenu de l’irrégularité évoquée dont l’illégalité du présent code électoral et malgré le déni de justice pénal de la Cour suprême relatif aux quatre ordonnances, dit Max Kemkoye, dès la semaine prochaine, le Gcap engagera un recours d’inconstitutionnalité des présentes élections pour leur annulation pure et simple par voie judiciaire.
Roy Moussa