Dr Appolos propose une 3ème voie

Le médecin Nébardoum D. Appolos participant au Dnis dans la commission forme de l’Etat et institutions, n’ayant pu obtenir un temps de parole lors des travaux en sous-commissions, a choisi de s’exprimer à travers votre journal, pour proposer une 3ème voie relative à la forme de l’Etat.

Je m’exprime en tant médecin de santé publique et simple citoyen, participant au Dnis. Les participants n’arrivent pas s’exprimer comme ils le veulent, mais à défaut du cheval, dit-on, il faut monter l’âne. Par rapport à la forme de l’Etat, il y a deux camps qui se dégagent. Ceux qui sont en faveur de la forme unitaire fortement décentralisée que les gens ne définissent pas clairement, et ceux qui sont pour l’Etat fédéral. Je préfère me situer à mi-chemin entre les deux camps et proposer ce qui suit. Une approche semi scientifique, limitée dans le temps et dans l’espace. En tant que médecin, lorsque j’administre un traitement à un malade, et que pour une raison ou une autre cela ne marche pas, je dois changer de traitement et non continuer à insister pour administrer le même traitement. Ceux qui disent qu’il faut un état unitaire fortement décentralisé parce qu’on n’a pas eu le temps de le faire, ou il a manqué la volonté politique me surprennent. Si cela n’a pas été concluant au bout de 30 ans, qu’est-ce qui garantit que cela va marcher dans les 30 prochaines années, puisqu’ils ont été incapables de mettre sur pied cette forme de l’Etat au bout de 30 ans. Sans être un prophète de malheur, je parie que dans 30 ans, on n’aura pas cette forme de l’Etat. Ceux qui disent qu’il faut tout de suite l’Etat fédéral, sont-ils sûrs que cela va marcher nécessairement au Tchad ? Cela peut aussi échouer. Voilà pourquoi je me mets à mi-chemin pour dire ceci : réunissons tous les grands intellectuels tchadiens, assoiffés de cette thématique, afin qu’ils réfléchissent et proposent un projet pilote. Je propose par exemple qu’on essaye l’Etat fédéral, sur quelques provinces du Tchad et je m’explique. Nous avons 23 provinces et puisque le Tchad a 3 grandes régions naturelles (saharienne, sahélienne et soudanienne), prenons deux provinces par régions (nord-est et ouest ; centre-est et ouest ; sud-est et ouest) cela fait 25% des provinces et essayons la fédération pendant 10 ans, avec un projet soutenu sur le plan international. A la fin des 10 ans, on fait une évaluation scientifique et à l’issue, on verra si cela a marché sur le plan culturel, administratif, financier, économique, sportif, etc. Si cela marche, on l’étend progressivement aux autres provinces, dans le cas contraire, on rebrousse chemin. En tout, cela ne doit pas être conçu comme un chemin de non-retour.

Quel a été la réaction des participants lorsque vous avez proposé cela ?

On ne m’a pas donné la parole, j’ai la proposition en document écrit que j’ai essayé de distribuer çà et là. Que cela soit un projet pilote limité dans le temps, dans l’espace et réversible. Un pays comme le Cameroun l’a expérimenté avant de rebrousser chemin pour devenir un état unitaire. Le fait de ne pas essayer quelque et de déclarer que cela ne va pas marcher, ce n’est pas intellectuel. On ne raisonne pas comme un homme de la rue, sur des thèmes aussi importants que la forme de l’Etat.

Roy Moussa