Épilogue d’une cabale politico judiciaire

Le Rassemblement pour la démocratie et le progrès (Rdp) a finalement organisé sa convention extraordinaire le 7 mars 2024, et reconfirmé à son poste, son président national Mahamat Allahou Taher. Ce qui est véritable pied de nez fait aux détracteurs du parti, à en croire le discours du président réélu.

C’est un président soulagé et serein, qui a pris la parole à l’issue de la convention, pour remercier les militants et militantes, qui ont fait le plein de la salle au Palais des arts et de la culture. “Le Rdp a été victime d’une cabale politico-judiciaire, injuste et injustifiable, et Dieu merci, nos militantes, militantes se sont levés comme un seul homme, ont manifesté à cette occasion leur colère et leur attachement sans faille à leur parti et à ses idéaux”, a rappelé Mahamat Allahou Taher. Le Rdp, a-t-il ajouté, est un parti qui vient de loin et qui doit aller loin et “nous restons obstinément fidèles aux valeurs qui ont présidé à sa création. Notre devise reste et restera toujours dignité, justice et travail. Acteur majeur de la vie politique nationale depuis trois décennies et très implanté dans le Tchad-profond, notre parti a la pleine capacité de devenir ce qu’il doit être et personne ne peut en douter”. Pour exhorter l’ensemble des militants et militantes, qui ont su faire preuve de courage et de détermination face à l’adversité, à toutes les tentatives de déstabilisations, de découragements et de corruption. Cela, “après moult péripéties pour prendre en main nos destinées sans aucune ingérence extérieure. Nous sommes un parti souverain et notre souveraineté n’est pas à vendre, notre dignité n’est pas à vendre. Que cela soit compris une fois pour toute, parce qu’au delà des alliances, nous avons toujours su compter d’abord essentiellement sur le courage et la mobilisation de nos militants et militantes”, prévient-il.

 

Un mandat légitime écourté par une décision de justice controversée

Le Rdp, poursuit son président national, est un parti résilient qui vient de loin, et qu’on ne peut effacer de la scène politique nationale d’un coup de baguette judiciaire, avec la complicité d’une petite poignée de prétendus militants vivant pour certains en marge du parti depuis plusieurs années et sans influence aucune. Par rapport à cette convention extraordinaire, relative à l’élection du président national du Rdp dont le mandat légitime a été écourté par une décision de justice controversée, a-t-il souligné aux membres du comité directeur et délégués de fédérations : “vous venez de me renouveler votre confiance en me reconduisant à la tête de notre parti. C’est un cinglant démenti à la face de nos détracteurs. Cette marque renouvelée de confiance qui intervient après l’affront inouï que nous avons subi me va tout droit au cœur, car ce qui m’importe le plus, c’est votre confiance”. Une manifestation de confiance, qu’il dit ne pas prendre comme un acte d’attachement à l’endroit de sa personne, mais plutôt en faveur de l’intégrité et de la réussite du parti.

Mahamat Allahou Taher est d’autant plus réconforté que cette reconduction s’est faite dans la transparence et la régularité la plus totale en présence, des membres du comité directeur et des fédérations. “C’est la même transparence qui avait pourtant prévalu lors de la convention de 2021, et que certains ont voulu contester avec beaucoup de hargne. Nous sommes et resterons toujours démocrates et nous ne foulerons jamais aux pieds les textes et la volonté de nos militants, pour nous éterniser la tête du parti comme le font les dictateurs d’un autre âge”, a-t-il déclaré. Il prévient que c’est aux militants de dire qui doit être à la tête du parti, et non à des forces obscures externes, tapies dans l’ombre, qui voulaient parachuter au forceps des candidats sans aucune base dans le parti. Et si demain les militants lui demandent démocratiquement d’aller se reposer, poursuit-il, “je le ferai sans hésiter, tout en restant au service du parti”.

 

Engagements du président national

Le président national du parti du feu Lol Mahamat Choua, rappelle que nul n’est éternel à la tête d’une formation politique. Lui qui se dit démocrate dans l’âme, est personnellement persuadé que bientôt le temps de la relève viendra pour la jeunesse. “Je m’efforcerai de préparer ce passage sans faiblesse, car après toutes ces années bien remplies, il faut penser à assurer l’avenir du parti au-delà de soi-même. Je suis plus que jamais convaincu que notre jeunesse relèvera le défi après moi, pourvu qu’on lui en donne l’occasion très vite. Je m’engage aussi solennellement à partir de ce jour, à associer davantage et plus fortement tous nos militants et militantes, à la gestion de notre parti et à impulser une transformation profonde de la gouvernance de notre parti en faisant de l’unité mon credo. Le Rdp doit englober toujours plus, tous les fils et filles de notre pays dans sa diversité, s’il veut un jour assumer le destin de notre nation et apporter les progrès attendus à nos populations. Notre parti ne doit pas être le parti d’un tel ou d’un tel, il ne doit pas être le parti de telle région ou de telle autre. Il ne doit surtout en aucun cas se soumettre à une influence externe, mais obéir à sa propre volonté souveraine”.

Le président national du Rdp promet que le parti prendra aussi toutes les dispositions pour assurer sa place et son rôle, sur la scène politique nationale et défendra fermement ses intérêts politiques pour un rayonnement plus grand. Mais il déplore l’exclusion du Rdp de certaines institutions après l’adoption de la constitution, notamment des structures électorales.

“Nous déplorons aussi profondément les violences de ces derniers jours, qui se sont soldées par des destructions insensées, des pertes humaines, notamment celle du président du Psf, Yaya Dillo Djerou, dans des conditions tragiques, qu’une enquête indépendante doit élucider. Nous ne voulons plus que le sang d’un seul tchadien coule pour quel que motif que ce soit, surtout dans cette phase de compétition politique pacifique, pour ancrer notre démocratie. Paix aux âmes des disparus”, conclut-il.

Roy Moussa