Un meeting du parti politique les Transformateurs est interdit, le 25 janvier 2020, sans aucune notification des autorités de la police.
“Les Transformateurs, ça donne vraiment du boulot à la police nationale”, ironise un badaud occupé à contempler la beauté de la course lancée tous azimuts contre les militants “jusqu’auboutistes”. Les véhicules de la police nationale, de la gendarmerie et ceux de l’Agence nationale de sécurité (Ans) campés autour et dans les locaux de la cité et du siège du parti, respectivement dans les quartiers Gassi et Abéna dans le 7ème arrondissement, ainsi qu’au bureau “Brahim Selgué” du parti, à Moursal dans le 6ème arrondissement, ont donné l’image d’une ville en état de siège. Alors qu’il n’en est rien d’anormal qui puisse mobiliser autant de ressources humaine et matérielle du gouvernement.
En cette soirée du 25 janvier, les Transformateurs en tant que parti politique se sont randonnés dans un de leurs locaux privés bordant l’Avenue Jacques Nadingar qui mène au siège de l’Assemblée nationale, pour une simple réunion politique. Mais les différentes unités constituées ci-haut citées ont pris possession des lieux plusieurs heures avant le temps indiqué, alors que les organisateurs ont déjà installé tous les équipements nécessaires à la tenue de leur messe politique. Aux côtés des hommes en treillis, les responsables du parti disent avoir identifié une dizaine de civils bien armés, ne parlant ni français ni l’arabe officielle, qui recommandent aux habitants des concessions voisines à ces différents locaux de rester enfermés dans leurs chambres à l’abri des balles perdues.
“Après une réunion de crise avec les membres du bureau, nous avons en toute responsabilité décidé de surseoir à cette activité pour ne pas céder à la provocation qui aurait probablement conduit à de pertes inutiles en vies humaines”, explique Masra Succès, le président national du parti Les Transformateurs. Il signale également “le vol” de certains équipements du parti par les éléments de la police qui ont pris possession des lieux.
Mais au-delà de toute perte enregistrée, le leader des transformateurs se dit outragé par toutes ces interdictions orientées exclusivement contre son parti politique. “Comme toujours, nous venions là-bas sans arme mais avec des idées et une vision, pour dédier la décennie 2020-2030 à la transformation du Tchad. C’était également une façon de dire aux Tchadiens que les décennies passées étaient en grande partie des décennies perdues mais qu’il est temps de quitter ce que nous appelons “les murs de lamentation” pour emprunter le pont de la transformation de notre pays. C’est ça l’enjeu que nous venions expliquer à nos camarades et de leur demander de s’engager encore davantage. Mais comme les Tchadiens peuvent le remarquer, il y a des gens au sommet de l’Etat qui ne veulent pas de la transformation de ce pays que nous aimons tous”, déplore Masra Succès. C’est un incident grave, renchérit-il.
“On a commencé par interdire des congrès des partis politiques dans ce pays; nous sommes maintenant à l’étape d’interdiction de simples réunions politiques, même dans des locaux privés. C’est pour dire que nous sommes clairement en train de péricliter dans ce pays”. Masra Succès affirme qu’à la lumière de ce qui se trame, la démocratie chantée ne serait qu’un nouveau cirage sur une veille chaussure, celle de la dictature.
Mais une chose est sûre, selon lui. “Que les Tchadiens sachent que durant la décennie qui vient de commencer, il y aura l’alternance politique à la tête de ce pays. Qu’ils ne reculent pas devant des arbitraires et des injustes qui chantent à peine l’hymne nationale et ne savent même pas ce que représente le drapeau. Si c’est pour nous empêcher de participer aux élections malgré le poids politique que nous représentons, je me demande si le pouvoir est en train d’inciter chaque parti, surtout de la vraie opposition, à créer son groupe d’autodéfense. En tout cas pour nous, aucun jeu démocratique ne s’organisera dans ce pays sans Les Transformateurs. Il faut que les gens comprennent bien cela ”, tranche Masra Succès.
Alladoum leh-Ngarhoulem G.