Gaz, l’alerte rouge

Le Syndicat national du secteur de gaz (Synaseg) au cours d’une conférence de presse organisée le 17 juin à son siège, à décrié la rareté du gaz butane.

C’est depuis bientôt un mois que le gaz domestique se fait de plus en plus rare. Alors que les autorités de l’Autorité de régulation du secteur pétrolier et aval au Tchad (Arsat) tentent de rassurer les usagers que le problème est passager, le gaz se raréfie davantage.

Si l’Arsat a préféré qualifier cette situation de “rareté”, le Syndicat national du secteur de gaz (Synaseg) n’est pas passé par quatre chemins pour qualifier la situation qui prévaut d’une “pénurie”.  Non seulement la production nationale de la raffinerie de Djarmaya est insuffisante mais l’importation est confiée à une seule entreprise qui dicte sa loi, déplore le président du Synaseg, Mahamat Guidam Moussa. “L’Etat a octroyé le permis d’importer à un seul marketeur, Gazcom qui utilise le gaz à sa convenance sans donner aux autres marketeurs. L’Etat refuse de délivrer le permis d’importer aux autres alors que 4 à 5 entreprises remplissent les conditions d’importation. Le gaz sorti de la raffinerie de Djarmaya n’est pas non plus distribué équitablement. On continue par contre à octroyer abusivement les agréments de fonctionner dans le secteur gazier alors que la production est insuffisante”, martèle le président du Synaseg.  Pour lui, la cause de cette pénurie de gaz n’est rien d’autre que “le népotisme et le favoritisme au sein de l’Arsat et au sein de la raffinerie”.

Selon les marketeurs, le besoin en consommation de gaz est d’environ 10 citernes par jour. “Avant, la raffinerie produisait 7 à 8 citernes par jour, à un moment donné, elle a produit 10 citernes/jour. Mais maintenant, elle est revenue à 6. On ne sait pas pourquoi. Mais nous savons que la raffinerie produit le gaz en alternance avec le polypropylène qui est un produit destiné à l’exportation. Quand le polypropylène est produit en grande quantité, le gaz est produit en petite quantité et inversement”, renseigne Mahamat Guidam Moussa.

A en croire les marketeurs, c’est depuis 2016 que le Nigeria ne fournit plus de gaz au Tchad pour des raisons qu’ils ignorent. Ce qui veut dire que le Tchad importe le gaz du Cameroun et occasionnellement du Niger. Or, il y a plus d’une semaine, la presse camerounaise faisait état de la rareté du gaz au pays de Paul Biya.

Pour venir à bout des problèmes posés ci-haut, le Synaseg propose “la distribution équitable du gaz sortant de la raffinerie ; autoriser d’autres marketeurs à en importer et aussi payer la subvention”. Il est bien vrai que le gaz est subventionné par l’Etat mais il ne semble pas s’acquitter de son devoir. Les marketeurs disent revendiquer plus de 3 milliards de francs CFA  de leurs factures impayées. “A la raffinerie, nous payons automatiquement mais l’Etat traîne. Il  y a des factures d’octobre 2020 qui ne sont pas toujours réglées. Nous sommes en manque de liquidité”, alerte le secrétaire général du Synaseg, Acheikh Ali Annadif. Des factures impayées qui commencent à peser et les marketeurs disent être à bout de souffle. “Il faut que l’Etat verse la subvention sinon nous ne pouvons pas continuer”, menace le président du Synaseg, Mahamat Guidam Moussa.

Une situation qui fait craindre aux N’djaménois les cauchemars des années précédentes où certaines familles ont été obligées de transformer leurs meubles, en bois de chauffe pour cuisiner ; le bois et le charbon étant interdits. La situation de pénurie du gaz la plus récente remonte au début de l’année 2019.

Décidément, les produits pétroliers se font rares en 2022. Après les carburants (le gazoil et parfois l’essence), c’est désormais le gaz qui fait courir les tchadiens. Va-t-on encore imputer la cause à la guerre russo-ukrainienne quand on sait que N’Djaména consomme du carburant et du gaz made in Chad?

Lanka Daba Amel