Gestes barrières, mon œil !

Les cours  ont repris dans les établissements d’enseignement supérieur le 15 septembre 2020, mais le respect des gestes barrières semble y être une mission impossible. 

En mars dernier, les cours ont été suspendus à cause de la pandémie de Covid-19. La reprise du 15 septembre devrait se faire dans le strict respect des gestes barrières d’autant plus qu’il semble avoir résurgence des cas de la maladie.  Mais à voir ce qui se passe, aucune disposition n’est prise. Les étudiants continuent à s’entasser dans les bus, certains ne portant même pas de masque, pour la distanciation physique, n’en parlons plus. Dans le campus universitaire de Toukra, certains étudiants ne se soucient pas des risques qu’ils encourent. Ils se baladent et se regroupent sans cache-nez. D’autres se font même des accolades des retrouvailles.

Pourtant, lors des journées d’action citoyenne pour la rentrée scolaire et académique 2020-2021, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, David Houdeingar Ngarimaden, a rassuré que des dispositions sont prises à cet effet. D’après lui, 20 000 masques sont mis à la disposition de son ministère et seront répartis dans les différents établissements d’enseignement supérieur public. Sans oublier la somme de 600 millions de francs répartis entre les 23 institutions d’enseignement supérieur et le Cnou (Centre national des œuvres universitaires), pour faire face aux besoins inhérents à la continuité pédagogique.

D’autres dispositions pour le respect des mesures barrières ont consisté à demander aux chauffeurs de bus de transporter 30 étudiants au lieu de 70 à 80  comme avant et de multiplier les rotations et une distanciation physique minimale d’au moins un siège entre deux étudiants dans les salles ou amphithéâtres. “Ce n’est pas une proposition réaliste. Il n’y a pas assez de salles. Les amphithéâtres sont non seulement insuffisants mais très petits. Pendant que les gens se tiennent debout pour faire cours, je ne vois pas comment on peut se permettre de sauter les sièges. La seule solution, c’est de construire d’autres amphis, ou sectionner certains niveaux et commander plusieurs bus”, critique un étudiant d’une des facultés d’Ardep-Djoumal. A côté, un autre étudiant de la faculté des Sciences exactes et appliquées de Farcha attend vainement le bus pour aller     au cours ce 15 septembre. “Depuis le 1er tour du matin, aucun autre bus n’est plus allé à Farcha. Alors que les amis m’ont dit qu’ils sont en train de faire cours. Mais il est déjà 12 h, je n’ai pas d’autres choix que de repartir à la maison”, se lamente-t-il. Il faut dire qu’à Toukra, les étudiants de certaines filières font cours dans les bâtiments construits pour le logement.

Le statu quo et menace

Avant que les étudiants ne partent en congés forcés par le coronavirus, ils organisaient des marches pour revendiquer l’augmentation du nombre des bus. Actuellement, le parc automobiles du Cnou compte 18 bus opérationnels sur les 37, soit le même nombre d’il y a 6 mois, sans oublier que ces bus sont déjà très usés. Ce jeudi 17 septembre au campus d’Ardep-Djoumal, c’est du venez voir à la fin de l’heure. A partir de 16 h, c’est une course en horde des étudiants de différents quartiers à la recherche de bus pour leurs destinations respectives. “Ce n’est pas normal ce qu’ils font. Depuis la reprise, il n’y a pas de bus pour Nguéli. Pour venir c’est un problème, rentrer aussi c’est un problème. Il y a des contrôles et des sessions qui sont programmés. Comment on va faire pour venir composer s’il n’y a pas bus ou si les bus nous ramènent avec grand retard ? Ça ne va pas continuer ainsi”, fulmine un étudiant qui menace déjà de mobiliser ses camardes pour des actions si rien n’est fait. Au campus de Toukra, c’est même le spectacle qui se produit à la fin de l’heure. Les bus doivent partir au même moment pour que certains étudiants ne soient pas abandonnés. Pour ce faire, c’est une barricade humaine qui se crée à la sortie des bus, les étudiants se couchent sur le chemin de sortie en attendant que le nombre de bus pouvant transporter tous les étudiants soit suffisant. “C’est un manque de volonté de la part de nos autorités. Pendant la période d’arrêt des cours, ils n’ont pas profité pour réparer les bus. Ce qui fait que nous  revivons la même situation. Le ministre de l’Enseignement supérieur nous a promis 30 bus qui devraient arriver dès la réouverture des frontières, mais nous attendons toujours. Il nous faut des bus”, a insisté Azibert Malloua, le secrétaire exécutif adjoint de l’Union des étudient du Tchad (Unet), section de N’Djamena.

Lanka Daba Armel et

Boré Wassa, stagiaire