Comme si le drame du 3 avril, survenu à l’école publique du quartier Erdé de Pala, communément appelée école EGTH, logée dans une bâtisse allemande datant des années 40, qui a occasionné, par suite d’effondrement d’une cloison de fortune, la mort de cinq élèves et des blessés dont un enseignant ne suffisait pas, des tirs à balles réelles sur les écoliers dans une autre école au Pont Karol distant de moins de 100 km de Pala, ont encore endeuillé la population en causant le décès tragique d’un enfant. Que cherchent des armes à feu et à balles réelles dans une manif infantile au point d’ôter la vie à un gosse dont personne ne peut prédire l’avenir ? L’on ne le répètera jamais assez, la vie humaine n’a plus de valeur sous nos cieux.
Pour revenir au drame de l’école EGTH de Pala, tout le monde a remarqué de la part des autorités une agitation de médecins après la mort. C’est d’autant aberrant que les plus hautes autorités, plus ou moins apparentées à la province qui a vécu le drame, se sont livrées à des opérations de com, par des espèces sonnantes et trébuchantes. Comme si le million de francs CFA offert à chaque famille qui a connu un décès pourrait suffire à atténuer la profonde douleur de perdre son enfant. Ou encore, les 300 000 francs de soins offerts à chacun des blessés pourrait faire l’affaire. Non ! Il ne s’agit pas ici de jouer aux sapeurs-pompiers. L’état de décadence de cette école où ont été entassés des centaines d’enfants, des êtres très vulnérables, pouvait en amont, porter à réflexion. Personne n’a osé y penser. Autorités administratives et locales et parents d’élèves, ont accepté de travailler dans cet environnement qui a commencé à donner de la sueur froide au dos à sa cause de sa vétusté, depuis plus d’une décennie. Pour tout dire, il a manqué de prudence, de prévision. Or, gouverner ou administrer, c’est prévoir. Et en négligeant cette donne, l’imparable est arrivé. Le reste, ce sont des larmes de crocodiles. Elles ne pourront ni redonner souffle de vie à ces enfants qui ont tout l’avenir devant eux, encore moins entièrement remettre d’aplomb les blessés dont certains garderont les séquelles à vie, si la mort ne passait pas par là.
“Cette nouvelle catastrophe qui s’est abattue sur les enfants en plein cours est un drame de trop, une tragédie de plus”, a déploré le Cercle de réflexion et d’action des jeunes du Mayo-Kebbi ouest au cours d’un point de presse. Et de poursuivre : “ Aujourd’hui, nous voyons foisonner sur les réseaux sociaux des messages insipides de condoléances et de solidarité, mais quelle hypocrisie ! Le gouvernement, qui a pourtant des représentants sur place à Pala, ne peut prétendre être surpris. Les rapports officiels n’ont cessé de relever cet état de fait. Le rapport de l’enquête parlementaire de 2018 a même souligné que le Mayo-Kebbi ouest, malgré son fort taux de scolarisation, est l’une des provinces du Tchad les plus mal dotées en infrastructures scolaires”.
Que cette tragédie survienne ailleurs (ce que personne ne souhaite), passe encore. Mais qu’elle se produise dans une école de Pala, zone productrice du ciment et d’or, donne du fil à retordre. Manifestement, ce drame met les plus hautes autorités dont le Président de la République et son Premier ministre devant leur responsabilité première : l’éducation des enfants tchadiens en toute sécurité.
Mais qui peut y songer ? Au Tchad, pays exportateur de l’or noir, producteur du ciment, de l’or, etc., les revenus financiers engraissent une minorité de princes et pachas qui se croient en terre conquise, s’ils ne sont engloutis dans les matériels de guerre.
Avec l’état actuel décadent de nos infrastructures scolaires, prévoir le pire ce n’est pas avoir la langue fourchue.
La Rédaction