Inquiétude à l’Est

L’afflux des réfugiés soudanais et des retournés à l’est du Tchad, suite à la guerre au Soudan est une source d’inquiétude. Leur nombre croissant avoisine les 160 000 personnes ce mois de juin 2023, mais leur relocalisation pose problème.

Avec la saison des pluies qui s’installe, beaucoup de sites destinés à la culture des céréales sont occupés par les réfugiés qui doivent les libérer. Le gouvernement du Tchad et ses partenaires se concertent pour décongestionner ces sites faute de quoi, les récoltes prendront un sacré coup dans les trois provinces, qui accueillent les réfugiés que sont le Wadi Fira, le Ouaddaï et le Sila.

Selon les données des humanitaires, à la date du 31 mai 2023, sur 100 000 personnes arrivées estimées à travers 27 points d’entrée potentiels, 21 101 personnes sont des retournés dont 58% sont des femmes. Il est dénombré 82 294 nouveaux réfugiés pour 24 487 ménages. Le nombre des personnes dénombrées par province est de 47 084 personnes au Ouaddaï, 29 506 au Sila et 5 704 dans le Wadi Fira. Sur les 22 967 personnes préenregistrées (38% masculin et 62% féminin) pour 6 687 ménages, 65% sont des enfants et 15% parmi eux ont des besoins spéciaux. Au total, 9 517 réfugiés, soit 2 315 ménages ont été relocalisés. A Wadi Fira (Mile & Kounougou), 2170 réfugiés ont été relocalisés ; dans le Ouaddaï (Gaga & Farchana), 5 774, et dans le Sila (Goz Amir & Djabal), 1 636 relocalisés.

 

La difficulté de relocalisation

Sur la relocalisation des réfugiés et les gaps dans les urgences, en date du 8 juin 2023, 114 743 personnes sont déjà fixées dans une vingtaine des villages frontaliers. Et, l’opération se poursuit. Au total, 13 928 personnes, soit 3 584 ménages ont été relocalisés dans les trois provinces (Ouaddaï, Sila et Wadi-Fira). Mais ce chiffre est évolutif. Compte tenu du retard accusé dans la construction, dû principalement à des problèmes logistiques, les nouveaux réfugiés sont accueillis en majorité dans les sites de transit par le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (Hcr), pour leur relocalisation dans les trois provinces.

Le principal défi, c’est que plus de la moitié des camions destinés au transport des personnes, transportent les biens des réfugiés, surtout dans la province de Ouaddaï. Après une tentative d’acheminement des animaux à pied non abouti, d’autres solutions sont à explorer pour pouvoir libérer les camions et transporter les réfugiés en grand nombre.  Les contraintes liées aux pluies sont à prendre en compte surtout pour la zone de Sila où de nouveaux camions seront envoyés pour renforcer l’opération de relocalisation de la zone d’Andressa.

Les nouveaux sites d’Arkoum et Zabout sont en train d’être viabilisés. Les matériels sont en cours de déploiement pour les forages avec l’appui des partenaires sur place. A Arkoum, les partenaires sont déjà mobilisés pour la construction des forages. Une discussion est en cours avec les autorités tchadiennes et la force barkhane pour appuyer et accélérer la relocalisation. L’objectif est de relocaliser une moyenne de 1 500 personnes par jour et par site pour Arkoum et Zabout.

Puisque les pluies sont déjà là, un appel est lancé aux partenaires de faire les pré-positionnements pour la continuation de l’opération de relocalisation, même quand les routes seront bloquées par les ouadis. Pour ce qui concerne un éventuel afflux pendant la saison des pluies, les analyses montrent qu’il n’est pas impossible qu’il se poursuive, du fait que les belligérants soient bloqués dans leur mouvement et que les voies de sortie sont obstruées. Quant au transport des animaux, il a été suggéré au Hcr et à la Commission nationale d’accueil et de réinsertion des réfugiés (Cnar) de s’approcher des chefs de cantons, qui pourront aider à identifier les hommes de confiance pour convoyer les bétails sur les camps. Cela, pour libérer les camions afin de servir au transport des réfugiés.

Roy Moussa