Le jeune judoka, Issa Sani Ibrahim, de la catégorie de moins de 60 kg, portera les couleurs du Tchad aux côtés de Memneloum Demos lors des prochains jeux olympiques de Tokyo de juillet 2021. Boursier olympique résidant en France, il est revenu au bercail pour ses congés.
C’est un judoka peu loquace, qui éprouve une grande fierté de prendre part à une importante échéance internationale, au nom de son pays. “Depuis 2012, après la qualification de Carine Ngarlemndana aux JO de Londres, c’est la seconde fois que le Tchad se qualifie. Notre travail a payé. Démos et moi sommes fiers d’obtenir cette qualification. Mais particulièrement moi, qui suis allé jusqu’au bout du 3e tour au championnat du monde précèdent, pour décrocher mon ticket”, explique Issa Sani Ibrahim. Bien qu’en congé, Issa Sani continue de s’entrainer en prélude aux différentes échéances africaines à venir d’ici la fin de l’année, notamment les Open de Yaoundé et Dakar, qui se tiendront en novembre et le Championnat d’Afrique de Rabat en décembre. Pour ce faire, chaque après-midi, il rejoint le centre d’entrainement de fortune de son grand frère, situé au lycée Félix Eboué dans une petite salle au premier niveau du bâtiment rouge. Les conditions de travail traduisent l’image du sport tchadien. Une salle de 10 sur 5m, pas tellement éclairée qui regroupe une trentaine d’athlète. Il est difficile d’enchainer plusieurs mouvements, et même de laisser un peu de place au maitre pour les démonstrations. Mais la musique douce assure l’ambiance. “On travaille comme on peut dans ces conditions difficiles pour nous en sortir, mais l’essentiel est de garder la forme”. Issa Sani Ibrahim, rêve de remporter des médailles et de décrocher des trophées, pour hisser les couleurs du pays sur le toit du monde. Pour cela, il est conscient qu’il doit d’abord chercher le titre de champion d’Afrique en décembre prochain au Maroc. Issa Sani affiche une détermination remarquable, malgré les conditions de travail déplorables. Il bénéficie certes d’une bourse olympique de deux ans (2018-2020), qui est prolongée jusqu’à l’année prochaine, à cause de la suspension des compétitions due à la pandémie du coronavirus. Ce qui n’exonère pas l’Etat tchadien, puisque la bourse olympique prend en partie les charges de l’athlète, notamment au niveau des entrainements et compétitions. Mais pour le reste, il appartient à l’Etat de prendre la charge.
Parcours encourageant
Le parcours de ce jeune combattant est encourageant et rassure. Deux fois Vice-champion du tournoi de la ville de N’Djamena en 2014 et 2016, il a par la suite occupé les 5e places à l’open de Yaoundé en 2017 et au championnat d’Afrique senior de Cape Town en Afrique du sud en 2019, avant de perdre en 8e de finale contre l’Ukraine au championnat du monde de Tokyo et reprendre sa 5e place à l’open de Dakar la même année.
A propos de ses jeunes cadets qui veulent faire carrière dans cette discipline, Issa Sani les encourage à persévérer. Il reconnait qu’en judo, les amateurs travaillent dans des conditions déplorables et très difficiles. “Ils s’entrainent à leurs risques, seule la persévérance peut un jour à l’autre payer”, encourage-t-il. Les sportifs de haut niveau quand à eux, sont soutenus quelques fois par la fédération avec la dotation des kimonos à la demande. Pour lui, c’est lorsqu’on commence par remporter des médailles à l’extérieur, que vous aurez l’attention des gens.
Nadjindo Alex