Kalzeubé emporté par le Comité de gestion de crise sanitaire

Après deux mois d’atermoiements, de tergiversations et de balbutiements, le président Déby décide de mettre en place un Comité de gestion de crise sanitaire. Au regard de sa composition, l’on craint que les erreurs de la Cellule de veille ne se reconduisent.

Il a donc fallu tout ce temps pour que les plus hautes autorités de notre pays se rendent compte de l’inefficacité de la Cellule de veille et sa mauvaise gestion de la crise sanitaire parce que composée des politiciens et personnes n’ayant aucune compétence en santé publique. On a l’impression que le président Déby a laissé la cellule de veille essuyer des critiques acerbes des tchadiens et s’essouffler avant de sonner le tocsin avec la mise en place, le 15 mai 2020 par décret N°1001, d’un comité de gestion de crise sanitaire. Sa mission est de définir et mettre en œuvre la stratégie de gestion nationale de la pandémie, d’orienter, coordonner, suivre, évaluer et adapter les interventions des acteurs impliqués dans le cadre de la gestion de la crise sanitaire, prendre toutes les mesures appropriées contre la pandémie sur l’ensemble du territoire,  assurer la mise en œuvre effective et le suivi des mesures d’accompagnement social et de soutien économique.

Mais qu’est-ce qu’une structure composée que de ministres apporterait de nouveau dans la gestion de la crise actuelle? Rien, si ce n’est que remplacer Kalzeubé Pahimi Deubet, testé positif à la Covid-19 la semaine dernière. Un remplacement à quoi a contribué le président Déby qui n’a cessé de lui mettre sans arrêt la pression avec la présence quasi permanente de la Fondation grand cœur entre les jambes pour lui compliquer davantage la tâche. Dans une certaine mesure,  la Fondation grand cœur s’est presque substituée à la cellule de veille avec les résultats catastrophiques que l’on connait.

Aussi, un comité, c’est une affaire des techniciens. Dans certains pays comme le Burkina Faso, le Niger, des comités de crise sont créés avec la présence massive d’éminents chercheurs et spécialistes en santé publique. Ceux-ci ont des compétences avérées et une probité morale qui ne souffrent d’aucune contestation. Ce sont ces imminentes matières grises qui ont élaboré des feuilles de route bien claires ainsi que des stratégies efficaces de lutte contre la Covid-19. Ils rendent régulièrement compte à leurs concitoyens. Les ministres ont d’autres choses à faire que d’être membre d’un organe chargé de gérer la Covid 19 qui a déjà fait 399 victimes dont 46 décès (14 mai 2020) avec un taux de mortalité 11,5%, un record en Afrique voire dans le monde. Ces chiffres doivent inciter à une réflexion profonde et orienter vers la prise de bonnes décisions pour lutter efficacement contre le mal qui ne cesse de gagner à pas de géant nos communautés et nos provinces. Au lieu de cela, les autorités du pays préfèrent déshabiller Saint Pierre pour habiller Saint Paul. Ainsi, l’on se retrouve avec une structure politique dirigée par Déby lui-même, sans un cahier de charges précis, sans techniciens en santé publique notamment des virologues, épidémiologistes, infectiologues et acteurs importants des domaines connexes. Cela fait craindre la répétition des mêmes erreurs commises par la cellule de veille que sont l’improvisation, l’amateurisme, la recherche des intérêts égoïstes. Quel que soit l’organe mis en place, tant que le fond ne change pas, il n’y aura pas d’efficacité. Par conséquent, face à la Covid-19, les Tchadiens demeurent les proies faciles à ce mal qui ne pourra que les décimer. Par dizaines, centaines, …

 

TD