Le ministère des Postes et de l’économie numérique, à travers l’agence nationale de la sécurité informatique et de certification électronique (Ansice) a organisé un atelier d’évaluation de la maturation de la capacité de cyber sécurité pour les nations pour le Tchad.
A l’issue de l’atelier, les participants ont recommandé 9 points: Elaborer dans les meilleurs délais la stratégie nationale de cyber sécurité, avec la participation active de l’ensemble de l’écosystème de cyber sécurité; identifier tous les services publics dans tous les secteurs et les doter d’outils performants en matière de cyber sécurité; renforcer les capacités des cadres de toutes les institutions publiques à l’effet de les rendre aptes à implémenter dans leurs domaines respectifs la déclinaison sectorielle de la stratégie nationale de cyber sécurité; organiser davantage ce genre d’atelier pour familiariser les acteurs de tous les secteurs à la problématique de cyber sécurité; renforcer la collaboration entre les divers acteurs nationaux et améliorer la culture de cyber sécurité; renforcer la coopération avec toutes les institutions internationales spécialisées en cyber sécurité, en vue de sécuriser le cyber espace; accélérer la mise en place du Data center national, en vue de mutualiser les données jusque-là éparpillées dans les différentes institutions nationales; veiller à la ratification de la Convention de Budapest et à la vulgarisation des différents textes en matière de cyber sécurité; veiller à la protection des enfants en ligne en mettant des restrictions d’accès appropriés et des systèmes de contrôles parentales; veiller à l’intégration de la dimension de cyber sécurité, dans tous les projets informatiques des institutions publiques et privées.
Le Tchad n’est pas logé à la bonne enseigne
L’évaluation préalable de la maturité du cyber sécurité permet d’aller vers l’élaboration de sa stratégie nationale, afin de permettre au Tchad de disposer d’un document stratégique conforme aux normes internationales, assorti d’un plan d’action structuré qui prenne en compte toutes les dimensions de la problématique tel que recommandée par l’Union internationale des télécommunications, a relevé le ministre des Postes et de l’économie numérique, Dr Idriss Saleh Bachar. Il ajoute que “cela permettra d’améliorer sensiblement le classement du Tchad dans l’Indice global de cyber sécurité (Igc)”.
Deux présentations préalables faites par les experts internationaux, Dr Laban Bagui et Abd-Al Malik Titimbaye Madina, ont permis aux participants d’appréhender la démarche de l’atelier. La méthodologie d’évaluation proposé est un modèle d’autoévaluation pour une collecte des données. Elle permet d’identifier les problèmes que rencontrent les Etats en matière de cyber sécurité. Ce qui fait que chaque phase des cinq dimensions comporte des caractéristiques spécifiques. Elle a été suivie par des cas pratiques pour étayer la démarche. Les dimensions 2 (culture et société de cyber sécurité) et 3 (renforcement des connaissances et des capacités en matière de cyber sécurité) ont réuni le secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche, de l’éducation et de la formation de base, les organisations de la société civile, le secteur des médias, les entreprises et parties prenantes de la gouvernance de l’Internet. Les échanges d’informations, ont permis de relever que le Tchad n’est pas logé à la bonne enseigne. Les exemples les plus patents parmi tant d’autres s’observent au niveau de l’Office national des examens et concours du supérieur (Onecs). Le Tchad ne dispose pas de base de données des résultats du baccalauréat session 2010-2011. La cause est que l’Etat avait confié la gestion de cet examen cette année-là à une société privée singapourienne, suite à une convention. Lorsque des problèmes de paiement ont surgi, ladite société s’est retirée en emportant toutes les données. Le deuxième cas est que depuis six mois, la direction des domaines et de l’enregistrement du ministère de l’Aménagement du territoire, de l’urbanisme et de l’habitat ne dispose pas non plus de base de données relative aux fonciers. La société privée française qui gère cette base de données a logé toutes les informations sur son serveur en France. Aujourd’hui, pour des problèmes également d’impayés des factures, elle a bloqué le système et le Tchad ne peut plus disposer d’une mémoire ou mener des opérations foncières. C’est pourquoi, il a également été relevé que le Tchad est une opportunité pour lancer la sensibilisation du cyber sécurité, à cause de son retard dans la digitalisation des données pour leur protection. Et de fait, la sensibilisation doit être faite à tous les niveaux dans le domaine du cyber sécurité, pour prévenir et protéger les données.
L’atelier a été conjointement animé par le Centre des capacités en cyber sécurité pour l’Afrique australe de l’Université du Cap (Afrique du sud) et le Centre mondial de capacité en cyber sécurité de l’Université d’Oxford, appuyé par l’Union internationale des télécommunications. Axés sur Cinq dimensions : Politique et stratégie en matière de cyber sécurité; culture et société de cyber sécurité; renforcement des connaissances et des capacités en matière de cyber sécurité; cadres juridiques et règlementaires; normes et technologie, les travaux se sont déroulés du 1er au 3 février à N’Djaména. Près de trois cents participants venant de l’administration publique (les différents ministères et institutions sous tutelles), des secteurs privé et public, des organisations de la société civile, des média, etc., ont bénéficié de cette formation.
Roy Moussa