C’est depuis 50 ans que le Tchad fait face à un cycle régulier des rébellions qui ont contribué considérablement à retarder son développement. A cause de ces guerres, des milliards de francs des contribuables tchadiens sont mobilisés pour négocier des accords de paix éphémères. Mais alors que la transition actuelle offre une occasion ultime pour mettre fin à ce cycle de guerres coûteuses aux efforts du contribuable, l’histoire semble encore se répéter.
Le Comité technique spécial (Cts) relatif à la participation des politico-militaires peinent à déterminer jusque-là le nombre exact des mouvements armés pour leur participation au pré-dialogue à Doha au Qatar. A cause du nombre de ces politico-militaires qui ne fait que se multiplier. Apprend-on que ce sera le 15 février prochain que la liste sera close. Mais au début si on parlait d’une dizaine de mouvements armés, certaines sources parlent aujourd’hui d’une quarantaine près et ça ne fait que continuer. Ce nombre croissant des mouvements armés cache bien quelque chose qui fait leur bien. Depuis que le Cts a amorcé les consultations, les politico-militaires s’expriment et s’affirment. Ce sont des sommes faramineuses qui sont englouties dans les négociations avec ces mouvements armés. Il y en a dont on entend plus parler d’eux, mais aujourd’hui réapparaissent et sont même rapidement disposés à dialoguer, à rentrer sous des conditions fallacieuses. Et c’est vers ceux-là que le Cts penche le plus alors qu’il est question de discuter franchement avec ceux qui représentent véritablement quelque chose et qui par ailleurs ont été des principaux acteurs des combats qui ont emporté le président de la République et qui ont amené la transition. Selon des sources indiscrètes, beaucoup de ces politico-militaires broient du noir et négocient simplement leur retour au pays. D’autres encore sont prêts à regagner le pays sans poser des conditions comme d’autres, et estiment plaider leurs sorts sur place. Mais pour leur retour, ils reçoivent des sommes d’argent et obtiennent des promesses. Cette pratique, dit-on dans des milieux avisés, n’est pas nouvelle et beaucoup de mécontents s’y sont illustrés à merveille pour obtenir ce qu’ils veulent. C’est ainsi que ce cycle de guerres se perpétuent depuis bientôt un demi-siècle au Tchad.
Guerres coûteuses
A cause de ces guerres, des milliards de CFA des contribuables tchadiens qui vivent dans une pauvreté extrême ont été mobilisés pour négocier des accords de paix éphémères entre le pouvoir et les politico-militaires, qui tirent seuls leur épingle du jeu et laissant les populations dans des conditions de vie très peu enviables. Les politico-militaires constituent aujourd’hui et depuis 45 ans en arrière un sérieux obstacle qui freine en partie importante le développement au Tchad. Le pays perd des milliards mobilisés depuis un demi-siècle pour négocier des fameux accords de paix. Accords de paix éphémères entre les pouvoirs en place et les rebelles qui pensent que prendre les armes se trouverait être la seule solution pour apporter le changement. Mais en réalité, le développement du pays, la bonne gouvernance, le respect des droits de l’homme, bref, la vraie démocratie n’étaient prononcés que du bout des lèvres pour prétendre justifier la rébellion armée comme un moyen de libération. L’exemple patent des groupes politico-militaires qui ont lutté par les armes pour obtenir le pouvoir et qu’on croyait arrivés pour libérer véritablement le peuple de la dictature mais qui ont fait pire que leurs prédécesseurs, est celui du Mouvement patriotique du salut. Aujourd’hui, trois décennies au pouvoir, le Mps n’a pas encore pu doter chaque village du Tchad ne serait-ce d’un puits d’eau potable, bafoue les droits humains, interdit systématiquement les libertés fondamentales et confisque le pouvoir par un jeu antidémocratique alors qu’il se targue d’avoir apporté la démocratie au peuple tchadien. Trente bonnes années au pouvoir sans partage, et malgré la mort de son président-fondateur, le Mps veut toujours s’accrocher au gouvernail pour continuer à diriger le pays.
Au lieu de faire une évaluation sincère et véritable de sa gestion machiavélique du pays durant tout ce temps et à l’issue de laquelle il peut prétendre diriger encore le pays après la transition, ce groupe politico-militaire arrivé au pouvoir en 1990 a organisé un semblant et folklorique congrès extraordinaire d’un seul jour qui avait pour but d’écarter son secrétaire général de sa tête. C’est ainsi les choses des rebelles, ils n’apporteront jamais de solutions aux problèmes du Tchad et de son peuple. Ils viennent pour leurs intérêts.
Accords éphémères
Par ailleurs, la confiscation du pouvoir et le refus de l’alternance par ceux qui se glorifient être le père fondateur de la démocratie tchadienne peuvent expliquer partiellement, la multiplication des rebellions armées. Mais si ces dernières ont décidé de prendre les armes parce qu’elles estiment que c’est la seule solution de faire partir le pouvoir en place et de pouvoir gouverner elles aussi, beaucoup d’entre elles considèrent la rébellion armée comme un système, un fonds de commerce ou un lobby qui leur permet de profiter des richesses qu’offre le Tchad. En effet, ils prennent des armes et menacent la stabilité de l’État, ce qui contraint un peu le pouvoir en place à leur tendre la main par des prétendus accords de paix qui sont négociés à coût des milliards de francs des contribuables. Et ils regagnent le pays et obtiennent des postes juteux, font intégrer leurs éléments. Ainsi de suite, et c’est une affaire juteuse qui est loin de prendre fin. Dans leurs fameux accords de paix, les mouvements armés revendiquent, voire exigent très souvent en vue de cessez-le-feu, l’assurance de la sécurité de leurs membres, la participation de ceux-ci au gouvernement, l’intégration de leurs éléments à la fonction publique, etc. C’est une façon la plus simple pour eux d’obtenir de l’argent conséquent, des avantages et du boulot pour leurs soldats alors que le taux de chômage des diplômés dans ce pays inquiète. Mais ce qui inquiète le plus, est que le Comité technique spécial (Cts) dont on déplore la composition qui ne respecte pas la juste représentativité de toutes les forces vives de la nation en cette transition qu’on veut inclusive, semble approuver cette démarche éphémère pour discuter avec les politico-militaires au lieu de dialoguer objectivement pour mettre fin à la rébellion armée qui n’a que trop duré et endeuillé les tchadiens. A ne pas oublier d’admettre que les acteurs de ces rebellions coûteuses au Tchad sont issus presque d’une seule région que ceux qui sont aux commandes actuellement, pourtant c’est tous les tchadiens qui en paient le prix.
Nadjidoumdé D. Florent