Nous sommes en train d’assister à un comportement bizarre des tchadiens au vu des événements actuels. Les mêmes personnes accusent la France d’être une puissance qui s’appuie sur ses potentats pour nous opprimer et en même temps on demande à la France de nous libérer des mains de ses potentats. La France comme toute puissance qui défend ses intérêts ne peut être qu’avec le groupe le mieux organisé et solidaire. L’histoire récente en Afrique est là pour nous édifier. Quand les tunisiens se sont soulevés, un ministre français n’a-t-il pas proposé au gouvernement tunisien de lui envoyer l’expertise française en matière de maintien de l’ordre? Mais devant la détermination des tunisiens et surtout des jeunes tunisiens, Ben Ali a été obligé de s’enfuir de son pays. Et la France s’est tournée vers les ex troubleurs de l’ordre pour coopérer avec eux. Tout près de chez nous, le Burkinabè Blaise Compaoré ne bénéficiait-il pas d’un total soutien de la France. Devant la détermination des jeunes burkinabés, la France n’avait d’autre choix que de l’exfiltrer de son pays pour la Côte d’Ivoire et coopérer avec ceux qui l’ont renversé. Tout récemment au Mali, c’est devant la détermination des maliens que la junte militaire a cédé. Et pourtant, le Mali n’est pas plus stable que le Tchad. Alors qu’on ne nous parle pas de stabilité. Lénine avait si bien dit : une minorité bien organisée peut s’imposer à la majorité. Au Tchad, n’importe quel groupe qui s’organise et qui est solidaire et déterminé trouvera toujours la France à ses côtés car cela dépend de ses intérêts. Comme disait le premier président de la cinquième République française, la France a des intérêts à défendre et non des amis. Il n’y a pas longtemps, le président français actuel n’était pas venu au sommet de G5 Sahel, pour cause de manque de Sécurité et à cause du Covid-19. Les données ont-elles vraiment changé entretemps? S’il n’avait pas annoncé sa participation aux obsèques, peut-être que les chefs d’Etat de l’Afrique de l’ouest venus en nombre ne se seraient pas bousculés.
Voilà notre dilemme. Si on demande au maître de nous affranchir, on ne sera jamais affranchi. L’on doit obliger le maître à nous laisser jouir de notre liberté. L’argument que l’on sort souvent c’est qu’on n’a pas une armée comme les autres pays. Cette armée, paraît-il, n’obéit pas à n’importe quelle autorité. Comme prétextait en son temps un préfet du Logone occidental pour aller faire des tournées au Logone oriental et dans la Tandjilé, alors que ces entités ont à leur tête des responsables de même rang. Si c’est cet argument qui a obligé le président de l’Assemblée nationale à abdiquer à son devoir, alors peut-on en 18 mois rendre cette armée républicaine? Si la situation actuelle se concrétise serait-il encore nécessaire d’avoir une constitution et d’organiser des élections si budgétivores ?
Bessané kad