La hargne des manifestants

C’est un nuage noir émanent des pneus brûlés qui a couvert le ciel de N’Djaména ce petit matin. Sur le goudron et les rues secondaires, la circulation est difficile. Si ce ne sont pas les pneus qui y brûlent à la flamme du souffre, ce sont les routes qui sont barricadées par les manifestants ou c’est le gaz lacrymogène qui irrite les yeux.

Réveil brutal ce 27 avril à N’Djaména suite à la marche lancée par Wakit Tama pour protester contre la junte militaire au pouvoir. A 5 h du matin, ce sont des tirs de gaz lacrymogène qui a réveillé la population de la cité capitale. Une heure plutôt, ce sont des milliers de personnes qui ont entamé la marche avec des marmites, sifflets, vuvuzela, tout ce qui peut faire du tintamarre. Pour accroitre les rangs, dans plusieurs quartiers comme à Atrone, des jeunes ont fait du porte à porte pour appeler les gens à manifester.

Vers 6 h du matin, c’est une foule immense de plusieurs centaines des jeunes, parfois torse nu, morceau de briques et drapeau du chapeau du Tchad en main, chatant l’hymne nationale mêlé du slogan “trop c’est trop” qui a quitté le quartier Boutalbara. La foule fonce tout droit vers le goudron en passant devant le lycée de Gassi où quelques élèves les rejoignent. Arrivés au bord du goudron, leur premier cible, station Total de Gassi. Le temps que le Gmip arrive, C’est une pluie de briquaillon qui se s’est abattue sur la station. “C’est le d’abord. On voulait même bruler la station totale, mais la conscience a eu raison. C’est un message qu’on lance à la France. Nous ne voulons pas qu’elle soutienne le fils de Déby au pouvoir” explique un manifestant.

Dans le 9e arrondissement, la situation s’est très vite dégénérée. Les manifestations ont bloqués les deux ponts à l’aide de pneus brulés. Dans les voies principales, des barrages sont érigés à chaque 10 mettre des pneus brulés, des briques, des fers. Les policiers, militaires, gendarmes et agents municipaux qui ont bravés les barrages ont fait face à une résistance violente. Ils caillassent tout ce qu’ils trouvent sur le chemin. En prenant en chasse les manifestants, un pickup  rempli de militaire a fait  tonneau sur l’axe qui mène à Nguéli. Frustré par cet accident et voyant ces compagnons d’armes couchés en attendant le renfort, un militaire a vidé son chargeur sur un groupe des manifestants  caché dans des maisons.

Les forces de l’ordre pris de court,  et surpris que la manifestation commence plus tôt cherchent à ralentir la marée humaine. Dès lors, les 5e , 7e  et 9e rythment au son des coup de canons. Le bilan provisoire fait état de deux morts (une 1ère depuis les marches contre le 6ème mandat de Déby) et de plusieurs blessés dont Ray’s Kim, artiste et porte parole des Transformateurs. Avec cette répression très violente, le fils fait pire que le père.

LDA et NA