Le colonel Wandi Haroun, commissaire divisionnaire a présenté son livre intitulé “Police de proximité au Tchad, prévention et gestion des violences urbaines”, le vendredi 7 janvier 2022 au Céfod.
Le livre est paru aux éditions Toumaï en décembre 2021 et compte 150 pages réparties en 8 chapitres, auxquels est adossé un lexique de quelques mots clés. La Une qui est agréable à vue d’œil, présente une photo de nos braves policières, lors d’un défilé. Une page consacrée aux dédicaces et une autre aux remerciements ouvre le livre. La préface signée du Dr Ayambi Goutima, enseignant-chercheur à l’Ecole normale supérieure de N’Djaména, plante bien le décor, et l’introduction générale par l’auteur, qui va de la page 11 à 15, justifie le bien-fondé de cette publication. Il est illustré d’images saisissantes, avec une écriture aérée, structurée de façon concise et précise, selon une démarche chronologique et pédagogique, qui permet une bonne appréhension du sujet.
Un guide méthodologique
Le chapitre 1 (pages 16-34) titré Cadre organisationnel de la police de proximité, fait une analyse situationnelle du contexte et revisite l’historique du concept de la “Police de proximité” dans sa définition selon les contextes. Le chapitre 2 (pages 35-42) titré “Alternatives de résolution des crises sécuritaires’’ va de la généralité sur le plan universel aux diagnostics divers qui sous-tendent la mission essentielle de ce corps de métier, qui vise à promouvoir l’image d’une police nationale par sa manière d’assurer la sécurité et la quiétude publiques. Au chapitre 3 (pages 43-66) intitulé “La gestion de la foule lors des manifestations sur la voie publique”, l’auteur met l’action préventive et répressive des services de maintien et de rétablissement de l’ordre public au cœur du chapitre. En quatre petits points, l’auteur déroule une démarche de compréhension remarquable. Au chapitre 4 (pages 67-73) titré “Cadre de l’évolution de la police tchadienne”, le commissaire divisionnaire, Wandi Haroun, en historien, revient sur la définition de la police depuis l’antiquité, comme outil du pouvoir dans sa transformation, son adaptation et ses différentes structurations ou mutations, ses missions variables, avec des méthodes de travail évolutives en fonction des cas et de leur adaptation.
Le chapitre 5 (pages 74-86) titré de l’action préventive de la police dans la résolution des conflits en milieux scolaires et universitaires, est un exemple qui illustre le chapitre 4, avec des typologies différentes en prenant les cas de maintien de l’ordre dans les deux milieux précités. Le chapitre 6 (pages 87-114) titré les cas pratiques de la perpétuation des violences en milieu urbain, prolonge la suite de typologies du chapitre 5, illustré par des exemples d’expériences vécues par l’auteur, à travers les observations et études liées aux effets pervers de la migration urbaine, les différentes manifestations, du sentiment d’insécurité dans les milieux urbains et le regard sur les critiques des violences intercommunautaires. Ici, il développe une étude liée au développement anarchique par l’urbanisation galopante des villes, depuis l’entrée du Tchad dans le cercle des pays pétroliers. Les conséquences et corollaires qui en découlent sont mis en exergue à travers l’absence d’une réelle collaboration entre la population et la police. Au chapitre 7 (pages 115-120) titré “Quelques expériences étrangères de mise en place de la police de proximité”, l’auteur compare ou du moins fait une corrélation du concept police de proximité des pays développés et des pays pauvres, à l’instar de ceux de l’Afrique dont le Tchad, qui sont confrontés à divers sources d’insécurité. Le chapitre 8 (page 121 à 141) est titré La problématique de maintien de l’ordre dans les établissements scolaires au Tchad. Ici, l’auteur touche du doigt et insiste dur un phénomène récurrent au Tchad, qui semble loin de trouver une solution globale ou collective à son éradication. Parmi les causes de la violence urbaine dans les écoles, le colonel Wandi Haroun relève qu’“Au Tchad, notre diversité culturelle, ethnique et linguistique qui devait être un atout, est au contraire devenu cause de division entre les tchadiens de divers horizons, logés dans une même nation”. Une thèse étayée dans le chapitre avec beaucoup d’exemples et des cas palpables. Dans le milieu scolaire surtout, plusieurs causes sont identifiées et énumérées dans le chapitre, à partir d’un travail réalisé auprès des responsables des établissements scolaires. Un travail d’investigation qui identifie la violence en milieu scolaire comme un grand facteur pouvant déboucher sur une crise sécuritaire durable dans le pays. C’est pourquoi, quelques pistes de solutions aux problèmes posés, relatifs à l’insécurité dans les établissements scolaires sont proposées, aux élèves, parents d’élèves, enseignants, chefs d’établissements, pouvoirs publics et à la police nationale.
Un ouvrage destiné à la formation
“Le livre contient des informations nécessaires relatives aux pratiques déontologiques et professionnelles du policier de la voie publique, et surtout, des conseils avisés relatifs à la bonne pratique de maintien de l’ordre (…) C’est un outil indispensable pour la lutte contre les incivilités, les bandes de rues et les criminalités transnationales”, mentionne l’auteur. C’est un véritable guide pédagogique, qui informe le lecteur et le public, sensibilise également sur la perception et la compréhension de la Police de proximité. En mettant au cœur de son écriture la prévention et la gestion des violences urbaines, l’auteur qui est un homme de terrain avec une riche carrière jalonnée d’expériences diverses, éprouve certainement ce désir de contribuer à l’édification d’une nation ou la vie en harmonie dans la paix et la quiétude, doit être le maître mot et le réflexe de chaque citoyen. C’est pourquoi, la conclusion générale du livre est en même temps un plaidoyer, un appel à une union sacrée de toutes les couches sociales, pour une vie harmonieuse, dans un environnement de quiétude et de paix, mais également une sensibilisation à une culture de la paix.
Roy Moussa