L’artiste Moussa Aimé retourne aux sources

Pour faire un travail axé sur l’originalité et la spiritualité de la musique, en alliant le moderne et le traditionnel, tout en restant authentique, l’artiste musicien Moussa Aimé s’est retranché depuis un certain temps, au sud du pays pour s’imprégner.

“En revenant à la source ou en revenant au village puiser à la source, c’est pour arriver à trouver une identité particulière et originale, dans ce que nous faisons comme musique au Tchad, afin d’allier la tradition et le modernisme”, explique Moussa Aimé. L’artiste est inspiré par Annie Flore Batchiellilys, la chanteuse franco-gabonaise qui, lors d’un de ses séjours au Tchad, avait entretenu des jeunes musiciens (dont Moussa Aimé), de la spiritualité et de l’originalité de la musique. “Elle a fait un constat dans lequel 90% des artistes tchadiens ne copient que l’extérieur, et que pendant toute une semaine pendant laquelle elle a écouté les radios et regardé les télévisions de la place, 70% des musiques jouées sont étrangères. Elle s’est dit que si les musiciens de la place copient, peut-être qu’ils auront la chance d’être joués sur les stations de la place”. C’est ce qui l’a incitée à encourager les artistes à repartir à la source, pour chercher l’originalité, et non se limiter seulement à la capitale, se rappelle Moussa Aimé. Pour lui, il n’avait pas vraiment compris de prime abord ce que la chanteuse gabonaise voulait dire à travers son message.  Mais, reconnaît-il, c’est lors de son séjour en Côte d’Ivoire, qu’il a compris que le Tchad a aussi des choses à partager avec d’autres pays. “Etant bloqué en Côte d’Ivoire à cause de la pandémie de la Covid-19, nous avons voulu organiser un concert et avons fait appel aux instrumentistes professionnels ivoiriens. Pendant les répétitions, je me suis rendu compte qu’ils n’arrivaient pas à jouer nos rythmes du terroir et on a été obligés de leur apprendre comment ils vont exécutés avant de faire le concert”, se souvient l’artiste, qui a fini par s’interroger : “si on a des choses que les autres ne savent pas faire, pourquoi ne pas les exploiter ?” C’est ce déclic qui a poussé Moussa Aimé à revenir à la source, pour chercher l’authenticité et l’originalité, afin de ne pas faire dans “l’à peu près” comme les artistes tchadiens en ont l’habitude.

Cette idée est à la base du projet de Moussa Aimé. Elle le conduit vers Maxime Ganza (administrateur), qui a beaucoup apprécié la démarche. Ensemble, ils vont écrire le projet, pour ensuite le soumettre à l’Institut français du Tchad, qui a lui aussi apprécié la démarche. L’Ift leur a tendu la main pour son accompagnement. Ne disposant pas de moyens pour déplacer son équipe ou une équipe de communication pour les tournées, Moussa et son administrateur Maxime Ganza se retrouvent à Moïssala, dans sa région natale, pour lancer le projet.

“Quand nous sommes allés, on m’a convaincu que ce que nous avons l’habitude de faire comme les rythmes “klague” et “bagne”, n’obéissent pas aux normes traditionnelles. Les percussions ne sont pas les mêmes, comment jouer le tam-tam, comment fait-on pour obtenir des nuances, qu’elles instruments utiliser dans un chant de réjouissance, de deuil, pour qu’on ne puisse pas se tromper, etc.”, explique Moussa Aimé.

Pour matérialiser son projet, l’artiste a commencé en réalisant la chanson “Yayo”, pour laquelle il s’est rendu à Bongor pour un clip, en arborant les tenues traditionnelles Massa. Ensuite, un autre clip, sur le marché depuis deux semaines, avec un esprit oriental, ce qui l’a conduit à le tourner à Mongo dans la province du Guéra, pour développer l’esprit du retour à la source. Son séjour au sud du pays, a permis à l’artiste de composer une chanson. Pour le moment, le clip de celle-ci, tourné à Moïssala, vient d’être achevé.

Moussa Aimé aimerait faire découvrir chaque région du Tchad, à travers les chants du terroir local. C’est pourquoi, il lance un appel à toutes les personnes de bonne volonté, de se joindre à l’équipe du projet pour le soutenir, afin de mener le projet à son terme. En ce moment, seul l’Institut français du Tchad, qui croit au projet, s’est engagé à ses côtés.

Modeh Boy Trésor