Le Théâtre Maoundoh culture (Themacult) a eu 32 ans hier 4 juillet 2021. En prélude à cette date anniversaire, sa direction a organisé la première représentation théâtrale, de son spectacle titré ‘’Sevrage universel’’ le samedi 3 juillet, dans son espace culturel, sis au quartier Dembé 2 dans le 7e arrondissement.
Près d’une cinquantaine de personnes, dont la ministre en charge de la culture, madame Achta Djibrine Sy, a pris part au spectacle. Le spectacle qui a réuni cinq comédiens sur scène, six personnages en rôle, illustre plutôt la restitution d’un abécédaire théâtral, par le genre proposé. Le thème de la Covid-19 est certes toujours d’actualité, au regard des différentes variantes qui surgissent, et justifie la création théâtrale. Mais l’écriture du texte interroge quand à son adaptation au contexte. Certains propos et échanges entre les comédiens, lors des différents sorties ou entractes, renvoient aux premières campagnes de sensibilisation de masse autour de la compréhension de la Covid-19, lorsqu’est survenue la pandémie en mars 2020. A l’exemple d’un passage sur scène, de l’artiste rappeur qui plaide la réouverture des espaces de diffusion des spectacles, alors que cela est déjà effectif, un peu partout à travers le monde aujourd’hui. Difficile d’être situé dans ce cas. La problématique des nouvelles habitudes nées du confinement total ou partiel, en fonction des pays est soulevée, tout comme la distanciation, le port des masques et les autres mesures barrières. Pendant que le Tchad a réceptionné sa première commande de vaccin contre la Covid-19, pourquoi ne pas songer à réactualiser le spectacle pour l’adapter au contexte, afin de mieux sensibiliser la population à se faire vacciner ? Surtout que le rôle de l’artiste comme messager par excellence dans la société, a été relevé. Tout comme son engagement pour des causes d’intérêt public, qui a été mis en évidence dans le spectacle.
La durée du spectacle d’une heure, aurait pu l’être moins, si certaines scènes avaient été fusionnées. Cela aurait donné moins d’exercice aux comédiens, dont, dire un texte (et non lire) a semblé un supplice. Ce qui s’est senti dans les débits et les dictions au niveau des voix. Entre tenir un rôle ou le jouer et entrer dans un personnage, il y a du chemin à faire dans l’apprentissage. Djamal Ahmat Mahamat qui a assuré la mise en scène, reconnait que sur les cinq comédiens, un seul a une seule fois monté sur scène devant un public. Mais il reste confiant quand à leur volonté d’apprendre le métier.
Le directeur de Themacult Vangdar Dorsouma a justifié que cette avant première, est dédiée à son frère, décédé pendant la période du confinement, et aussi par le fait que c’est pendant le confinement qu’il a été inspiré pour écrire le texte. C’est le cadeau qu’il offre à sa structure, le Themacult qui a 32 ans de vie aujourd’hui.
Ce qui réconforte aussi, c’est le fait que le directeur de Themacult, a admis que ces comédiens font ainsi leurs premiers pas dans le métier du théâtre. Deux mois et demi de résidence de création sans moyens et subvention n’est pas donné à tout le monde, mais la motivation de ces jeunes est à saluer, surtout que le monde du théâtre tchadien, ne dispose plus véritablement de comédiens de renom ou professionnels. Ce travail de transmission est à encourager certes, mais nécessite des moyens. Or le ministère en charge de la culture semble dure d’oreille lorsqu’il est question de moyens financiers. Le Thémacult a l’avantage d’avoir un espace culturel, qui a besoin d’être aménagé, pour assurer les formations et diffusions des spectacles. Pour cela, des partenariats publics-privés, suscités par le ministère pour accompagner Themacult, peuvent s’avérer utiles et bénéfiques, pour la relance du théâtre tchadien en déperdition.
Roy Moussa